PREMIERS TERMES DU DÉBAT ÉLECTORAL MUNICIPAL À MARSEILLE

Signification des élections municipales à Marseille

Les élections municipales n’ont pas la même signification ni les mêmes implications dans toutes les villes. Les pouvoirs d’un maire et d’une municipalité n’ont pas la même importance dans une petite ville, dans une ville moyenne et dans une ville de plus de 850 000 habitants comme Marseille. Certains pays dans le monde ont moins d’habitants que Marseille. Dans ces conditions, la signification des élections municipales, les implications de la désignation de la municipalité ont une dimension particulière, à Marseille. D’abord, elles ont une dimension proprement politique : c’est à l’occasion des élections municipales que les partis et les organisations politiques, en procédant à la désignation de leurs candidats, se livrent à des débats et à des discussions qui engagent leur avenir et leur identité même. C’est ainsi, par exemple, que la gauche, le P.C.F., les Insoumis, le P.S. et d’autres, devront saisir l’occasion des élections municipales pour repenser leurs relations et pour construire un projet municipal commun pour les six ans à venir. C’est qu’ensuite, l’autre signification des élections municipales est la confrontation entre les projets municipaux, entre es projets des acteurs politiques pour la ville, pour son aménagement, pour sa politique de transports en commun et de déplacements, pour son activité économique, pour sa politique en matière d’éducation, pour sa politique en matière de logement et en matière de développement des quartiers.

Les acteurs politiques à Marseille, aujourd’hui

Réfléchir aux élections municipales de 2020 à Marseille suppose que l’on commence par un regard sur les acteurs politiques qui s’y font face les uns aux autres et y font face aux électeurs. Ce qui frappe, à Marseille, aujourd’hui, c’est que, finalement, le changement de culture politique engagé avec la disparition de Gaston Defferre et les mutations de la gauche socialiste, ne s’est toujours pas achevé – ne serait-ce que parce que le maire sortant, Jean-Claude Gaudin, appartient à la génération des acteurs politiques du temps de Defferre, est porteur de la culture politique marseillaise issue de la Libération et de la 4^ème République, et qui continue à être présente dans la ville aujourd’hui. La confrontation entre les acteurs politiques de Marseille aujourd’hui est ainsi, sans doute, avant même d’être une confrontation entre les partis de droite et les partis de gauche et entre les choix, les tendances et les identités, est une confrontation entre deux cultures politiques et entre deux cultures urbaines, celle qui s’est construite, en France, de 1945 à l’époque contemporaine et celle qui a commencé à se construire, en se fondant sur de nouveaux discours, sur de nouvelles identités, sur de nouveaux projets, depuis les années 1990, et qui se caractérise, pour commencer, notamment dans le débat sur les municipalités, par l’importance qu’y revêtent le débat sur l’environnement et le débat sur ce que l’on appelle, justement, la politique de la ville.

Les projets politiques pour la ville et pour la métropole

Sans doute est-ce la question la plus importante, celle qui sera au centre du débat électoral, plus encore peut-être que le choix des partis et des candidats : les élections municipales n’engagent pas seulement la ville de Marseille et ses quartiers, mais, dans l’ensemble des villes qui en font partie, elles engagent l’avenir de la métropole. Sans doute est-il important de lire ces élections municipales et le débat qu’elles engagent à l’échelle de la métropole autant qu’à l’échelle des villes, des municipalités, et peut-être même davantage. C’est pour le développement et l’avenir de la métropole, puissance à la fois économique et politique, qu’il importe d’orienter les choix qui seront les nôtres lors des élections municipales et qu’il importe d’engager le débat qui va habiter l’espace public jusqu’aux deux tours des élections. C’est dire l’importance des échanges et des réflexions qui vont nous occuper et qui vont constituer un sujet majeur de réflexion pour notre chronique de « Marsactu ».