Pourquoi le service public de gestion de nos retraites par la CARSAT s’est dégradé ?

Billet de blog
le 2 Fév 2023
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Pourquoi le service public de gestion de nos retraites par la CARSAT s’est dégradé ?
Pourquoi le service public de gestion de nos retraites par la CARSAT s’est dégradé ?

Pourquoi le service public de gestion de nos retraites par la CARSAT s’est dégradé ?

Les caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT) sont des organismes régionaux de droit privé chargés de l’exécution d’une mission de service public et relèvent de la Sécurité sociale. Elles gèrent l’assurance vieillesse et l’assurance des risques professionnels. Sur la région Sud-Est, la CARSAT emploie 2 000 agents.

Le siège social régional Sud-Est se situe dans la circonscription où je suis élu. En septembre dernier, j’ai rencontré les responsables syndicaux de la CARSAT, ainsi que son directeur. A l’heure de la réforme des retraites, il me semble utile de faire un retour sur ces échanges.

La CARSAT, comme d’autres services publics, subit les attaques néo-libérales des gouvernements français depuis des décennies. Cela se concrétise par des baisses d’effectifs, un non renouvellement des départs à la retraite et des fermetures des guichets d’accueil. La dernière convention d’objectifs et de gestion prévoyait une baisse de 1000 salariés  au niveau national et de 100 pour la CARSAT du Sud-Est.

Pour pallier ces baisses d’effectifs, la productivité a été augmentée notamment par une hausse des démarches faites à distance. Or, un rapport de la Défenseuse des droits en octobre 2021 révélait qu’un quart des personnes de plus de 65 ans rencontraient des difficultés pour réaliser des tâches administratives. 30% des personnes âgées indiquent ne pas disposer d’un accès Internet chez eux. Faire valoir ces droits devient de plus en plus difficile et les dossiers incomplets se multiplient. Aujourd’hui 75 % des dossiers déposés de manière informatique ne peuvent pas être liquidés (c’est-à-dire finalisés), parce qu’il manque des documents administratifs. La CARSAT SUD-EST est la dernière qui prévoit un accueil physique, mais les agents qui l’assurent ne sont pas toujours assez formés pour pouvoir gérer sereinement toutes les situations.

Le manque d’effectifs, alors que le nombre de dossiers augmente de 3% par an, induit aussi une réduction du temps passé par les conseillers-retraites auprès des nouveaux retraités. Des erreurs peuvent ainsi être faites avec comme conséquence grave des retards de trois à quatre mois et des pensions de retraite potentiellement sous-évaluées. 

Les conditions de travail se sont particulièrement dégradées ces dernières années avec l’intensification du travail et des rémunérations insuffisantes. Les employés de la CARSAT sont des salariés de droit privé, mais leur rémunération est calquée sur celles des fonctionnaires avec un point d’indice lui aussi gelé depuis 12 ans. Un système de primes sous forme de “points de compétences” a été mis en place. Ces primes, décidées par les seuls managers, risquent d’induire un climat délétère entre les agents.

De nombreuses agences ont aussi été fermées. Par exemple, dans le Vaucluse, il en reste seulement deux sur la cinquantaine qui existaient avant. Dans les zones rurales, les retraités sont renvoyés sur les Maisons de services publics dont les employés municipaux appellent la CARSAT, car ils sont insuffisamment formés sur les démarches à suivre. En effet, ces agents, parfois des jeunes en service civique, doivent gérer à la fois des dossiers Pôle Emploi, CAF, CPAM et retraites.  

Comme ailleurs, des entreprises privées profitent du désengagement du service public et proposent des solutions souvent chères pour permettre aux futurs retraités de faire valoir leurs droits. Par ailleurs, le secteur assurantiel a des frais de gestion de 15%, ce qui est bien supérieur à ceux de la CARSAT (moins de 3%). Le recours au privé est donc souvent une mauvaise opération pour les dépenses publiques.

Enfin, la CARSAT envisage de vendre l’immeuble de grande hauteur (IGH), situé rue St Georges, qui est connu de tous les Marseillais. Sa rénovation est nécessaire, car de l’amiante est présente. D’autre part, la gestion d’un IGH n’est pas simple pour la CARSAT. De nouveaux bureaux devraient être construits sur le même site. Brader le patrimoine public est devenu un sport national. Je serai extrêmement vigilant sur les conditions de cette vente. Je rencontrerai la mairie pour en discuter. Dans ce secteur dans lequel l’immobilier flambe, il serait dommageable que le projet retenu soit de l’habitat de luxe, alors que nous manquons de crèches et de logements sociaux. Il faudrait aussi être  sûr que le désamiantage et le maintien de la CARSAT au sein de l’IGH ne constituent pas une meilleure alternative pour les salariés et plus largement les Marseillais.   

Cette dégradation du service public vise toujours les mêmes objectifs. D’abord, le remplacement de ces services par des services privés permettra  de dégager des profits accaparés, encore une fois,par une minorité. D’autre part, la gestion privée des retraites permet de baisser le salaire socialisé et donc d’augmenter globalement les profits des entreprises. Les salariés payent désormais ce que précédemment les employeurs étaient contraints de prendre en charge par les cotisations patronales.

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