Repenser l'espace de la métropole marseillaise

POUR UNE POLITIQUE MÉTROPOLITAINE DES TRANSPORTS

Billet de blog
le 7 Avr 2019
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Organisé par « Réinventer la gauche », un débat avait lieu, mercredi 4 avril, entre J.-M. Coppola (P.C.F.) et J.-Y. Petit (E.E.L.V.) sur les transports à Marseille et dans la métropole. C’est l’occasion de se pencher de nouveau sur cette question majeure pour la métropole marseillaise.

Le tramway T3, rue de Rome. (Photo : JV)
Le tramway T3, rue de Rome. (Photo : JV)

Le tramway T3, rue de Rome. (Photo : JV)

Penser les transports au-delà de la fonctionnalité

Bien sûr, les moyens de transport servent à se déplacer. Mais il importe d’aller au-delà de leur fonction et de leur usage pour réfléchir aux déplacements dans une logique politique : il faut s’interroger sur ce que signifient les transports, pour ceux qui habitent une ville et, bien sûr, aussi, pour ceux qui la visitent. Une des erreurs de la politique des transports – et, cette fois, aussi bien sur le plan des politiques nationales ou européennes que sur le plan des politiques locales – a souvent été de ne réfléchir aux transports que sur le plan de l’organisation des services qui les mettent en œuvre, sans assez penser à ce qu’ils représentent pour leurs usagers, sans assez réfléchir à d’autres dimensions des transports. On peut donner trois dimensions aux déplacements et, donc, aux politiques publiques des transports. D’abord, se déplacer dans l’espace de la ville est une façon, pour ses habitants, de s’approprier cet espace, de le reconnaître comme l’espace où l’on vit. Par ailleurs, les transports en commun sont une sorte de prolongement de l’espace public : c’est une façon de rencontrer les autres, d’engager des échanges avec eux, de contribuer, de cette manière, à la construction de ce que l’on peut appeler une culture urbaine. Enfin, les transports en commun ont une signification économique, à la fois dans la rationalisation et la régulation des coûts du transport et des dépenses qu’ils impliquent et dans le lien entre la politique des transports et politique de l’énergie et de la diminution des dépenses énergétiques.

En finir avec la domination de la voiture particulière

En particulier à Marseille, c’est là que se situe l’urgence d’une politique des transports en commun. Il importe d’en finir avec la multiplication des voitures particulières qui aggravent la pollution atmosphérique, qui envahissent l’espace à la fois par la circulation et les embouteillages et par l’emprise du stationnement sur l’espace urbain, et qui empêchent les habitants de la ville de se déplacer à pied, parce qu’elles occupent tout l’espace et parce qu’elles rendent la marche à pied dangereuse. C’est la raison pour laquelle il devient urgent que Marseille se dote de voies piétonnes plus nombreuses, que la piétonisation des rues ne soit plus seulement destinée à l’activité commerciale, et à terme, que l’espace de la ville finisse par être interdit aux voitures particulières, au moins dans les quartiers du centre. Il y a un véritable retard de la politique marseillaise des transports et des déplacements, quand on compare la ville à des villes d’une même importance qui, elles, conçoivent la piétonisation des rues des centres urbains. Une politique rationnelle des transports urbains reconnaît l’importance des transports en commun.

Repenser le lien entre politique de l’environnement, politique des transports et politique de l’égalité

La question de l’égalité des espaces de la ville devant l’offre des transports en commun a été abordée au cours du débat antre J.-M. Coppola et J.-Y. Petit. C’est qu’il s’agit d’une dimension majeure de la politique urbaine. Au-delà de la logique économique des transports en commun et au-delà de leur place dans la politique de la ville, il importe de se rendre compte que l’organisation des réseaux de transports en commun est une des façons d’engager une politique de la ville fondée sur l’égalité entre les classes sociales des habitants et sur l’égalité entre les quartiers de la ville. C’est ainsi, par exemple, que l’on peut constater, à Marseille, une différence entre les quartiers Nord et les quartiers Sud sue le plan de l’offre de transports publics, mais aussi une différence entre les quartiers du centre et les quartiers périphériques. C’est bien ainsi que l’économie urbaine des transports et des déplacements est, comme tous les domaines de l’économie, une économie politique, parce qu’elle implique l’égalité entre les habitants devant la citoyenneté. Pour que tous ceux qui habitent la ville en soient en même temps des citoyens, il est nécessaire qu’ils se voient offrir les mêmes conditions de déplacement. C’est le rôle d’une véritable politique municipale et métropolitaine des transports en commun.

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