Propos sur MP 2018

POLTIQUE CULTURELLE ET POLITIQUE DE LA VILLE

Billet de blog
le 18 Fév 2018
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Nous avons déjà abordé cette question, dans un billet du 10 décembre dernier. Marseille manque d’une politique culturelle réelle aux dimensions d’une métropole et avec l’ambition que devrait lui donner son passé. Mais aujourd’hui, c’est le lancement de « MP 2018 » qui suscite de nouveau notre réflexion sur la politique culturelle de la ville.

La politique culturelle ne se réduit pas une fête ou à un événement

Ça a commencé par un feu d’artifice : mercredi, le 14 février, avait lieu un feu d’artifice marquant le lancement de l’année « MP 2018 » placée sous le signe de l’amour. Mais, comme l’a expliqué L. Castelly, dans « Marsactu », cette opération recèle peut-être une réalité plus dure : l’absence de politique culturelle réelle pour la ville. Et c’est l’occasion de nous interroger sur ce qu’est une réelle politique culturelle pour une métropole. « MP 2018 » se veut, sans doute, une sorte de retour de ce qu’avait été, en 2013, l’année culturelle. En faisant de la ville l’espace où vont se dérouler une multiplicité d’événements, Marseille propose sa conception de ce qu’est une politique culturelle : un ensemble d’événements, certes tournés autour d’une thématique commune, mais réduisant la culture à du spectacle. Car c’est cela, un spectacle : une sorte de fête, d’abord, une sorte d’ouverture, presque brutale, de la quotidienneté et de sa monotonie, et, ensuite, un événement qui se voit, c’est-à-dire un événement qui repose sur cette sorte de face-à-face entre des acteurs et des spectateurs, ces derniers étant, en quelque sorte, réduits à voir, sans participer, sans agir, sans intervenir dans les choix et dans les orientations. C’est justement pourquoi la politique culturelle ne peut se réduire à du spectacle ou à ce que MP 2018 appelle un « élan culturel » : tandis que les festivités ou l’élan ne s’inscrivent pas dans la permanence, dans la durée, la culture représente l’identité dans le temps long et dans le temps du quotidien, venant inscrire la représentation dans l’espace de la ville pour lui donner du sens. C’est, d’ailleurs, révélateur que le nom même de l’événement, « MP 2018 », réduise Marseille et la Provence à leurs initiales – comme si l’on ne voulait pas énoncer le nom de Marseille.

 

Qu’est-ce que la culture de la ville ?

C’est que c’est cela, la culture : c’est ce qui, en lui donnant du sens, exprime l’identité. La culture ne saurait se réduire ni à du savoir ni à de la fête : elle est, au contraire, ce qui, dans la permanence, permet à l’identité de s’exprimer, elle est l’ensemble des langages de l’identité. Pour une ville, la culture  est, ainsi, l’ensemble des langages de l’identité urbaine. C’est, en particulier, dans l’ensemble des lieux de la ville, dans l’ensemble de ses quartiers et de ses réseaux, que la culture donne à la ville les moyens d’exprimer son identité. La culture, ainsi, permet de ne pas seulement vivre dans la ville, mais de pleinement l’habiter, c’est-à-dire d’y trouver des formes et des expressions dans lesquelles l’habitant trouve dans sa ville les lieux, les formes, les paysages, les représentations, qui lui permettent de se retrouver, de se comprendre, de s’engager. Mais, dans le même temps, sans doute faut-il ne pas oublier que l’identité, qui s’exprime dans les langages du symbolique, se fonde sur l’articulation qu’ils donnent entre le réel et l’imaginaire : il n’y a, ainsi, pas de culture sans imaginaire, qu’il s’agisse de l’imaginaire de la fiction ou de l’imaginaire de l’idéal. Certes la fête et le spectacle nourrissent l’imaginaire, mais, pour ne pas le réduire à de la simple évasion, il importe que feux qui habitent la ville trouvent aussi dans l’imaginaire ce qui leur permet d’exprimer l’idéal dont ils sont porteurs, eux, « humbles militants pénétrés d’idéal », comme le disait F. Mitterrand le 10 mai 1981.

 

Politique culturelle de gauche et politique culturelle de droite

C’est ici qu’il faut bien parler de politique. C’est que, comme tout ce qui est pleinement politique, et quoi qu’en disent certains partis ou certains mouvements, dans le domaine de la culture comme dans les autres, il y a une politique de gauche qui se distingue d’une politique de droite. C’est même parce qu’elle est, en partie, fondée sur ce clivage, sur l’opposition, que la culture est politique. Une politique culturelle de droite réduit la culture à du spectacle, qui donne à celui qui y assiste la place de celui qui ne s’implique que par sa seule présence, et à de la consommation, qui s’inscrit, avec d’autres objets, dans ce que à quoi nous occupons nos loisirs. Une politique culturelle de gauche, au contraire, ne réduit pas la culture à des événements, mais l’inscrit dans la permanence du langage et, en lui permettant de s’exprimer et de se retrouver, elle donne à celui qui habite la ville le langage de la citoyenneté. De cette façon, la culture contribue à la construction d’une société fondée sur l’engagement et sur l’égalité.

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