UN RÉVEIL ÉCOLOGIQUE POUR MARSEILLE (4)

Billet de blog
le 30 Sep 2023
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LA POLITIQUE DES ORDURES ET DES DÉCHETS (2)

L’environnement et les déchets

Les déchets font partie de l’environnement de plusieurs manières. D’abord, il s’agit, tout simplement, des récipients à ordures qui peuplent l’espace urbain, à Marseille comme dans toutes les villes. Depuis l’apparition du souci – environnemental, économique, instrumental, on ne sait pas trop – du « tri sélectif » (comme si le tri pouvait ne pas être sélectif, mais c’est une autre histoire), les dispositifs de réception des ordures prennent de plus en plus de place sur les trottoirs, sans être, d’ailleurs, réellement respectés, raison pour laquelle ils sont eux-mêmes environnés d’ordures laissées là sur les trottoirs. D’ailleurs, comme la métropole ne fait pas sérieusement son travail, il est important de le dire et de l’écrire, les contenus ne sont pas vidés régulièrement, et, comme ils sont pleins trop tôt, les ordures s’empilent à côté d’eux, occupant, ainsi, elles-mêmes, de plus en plus de place dans l’espace public, et les trottoirs deviennent de vastes terrains d’ordures aux emplacements des conteneurs. Boulevard Chave, près de chez moi, ont peut voir des exemples de cette situation. La pisse à ciel ouvert devient, elle aussi, un exemple de plus en plus répandu de cette prolifération des déchets sur les trottoirs, par exemple, mais il y en a d’autres dans toute la ville, dans le haut de la Canebière près des Réformés, par exemple. C’est ainsi que l’environnement urbain, à Marseille, est tout entier la proie de cette prolifération des ordures qui finit par être inquiétante. Marseille devient une ville sale.

Les déchets dans la politique de la ville

C’est l’un des rôles essentiels des autorités urbaines de s’occuper des ordures et des déchets, de faire en sorte que l’environnement urbain soit propre. C’est une de leurs responsabilités majeures. Mais il ne s’agit pas seulement de cela : la politique des ordures et des déchets manifeste aussi l’estime des pouvoirs municipaux pour les habitantes et les habitants de la ville, la façon dont ils considèrent celles et ceux qui vivent dans l’espace dont ils sont responsables. La façon dont les pouvoirs municipaux ou métropolitains traitent la question des ordures et des déchets est un indicateur majeur de l’orientation des politiques publiques. En effet, cela montre quelle importance les pouvoirs locaux donnent à la question de l’environnement, au même titre qu’à toutes les questions de pollution urbaine. Mais il y a plus : la politique des ordures et des déchets est un indicateur de l’égalité des habitantes et des habitants. Il n’y a pas d’ordures qui traînent dans les rues dans des quartiers comme Périer, Borély ou le quartier de la préfecture. Les voitures de nettoyage passent même plus souvent avenue du Prado que dans les quartiers du centre ou du Nord. C’est ainsi que l’on peut comprendre le rôle essentiel de la politique des déchets dans la politique environnementale, elle-même essentielle dans la politique de la ville.

Ordures, déchets, fiscalité et budget métropolitain

Bien sûr, enlever les ordures et les déchets, en débarrasser l’espace urbain et les détruire, tout cela ne se fait pas gratuitement. La politique des ordures et des déchets a un coût. C’est ainsi que, dans ce domaine comme dans d’autres, nous sommes renvoyés à la question de la fiscalité locale, qui est une manière de plus d’envisager le problème de l’égalité dans la ville. Sans doute une part des impôts locaux est-elle consacrée aux ordures, mais de deux choses, l’une : ou la métropole ne consacre pas assez d’argent dans son budget à la question des déchets ou l’argent qu’elle dépense est mal utilisé. Il importe d’avoir une approche plus rationnelle de ce que l’on peut appeler le « budget des ordures » et de repenser sa place dans l’ensemble du budget de la métropole. Peut-être serait-il intéressant, pour cela, d’avoir une approche des entreprises qui sont redevables des impôts locaux et de la place qu’elles occupent dans la production des ordures et des déchets. Tous les métiers ne produisent pas la même quantité de déchets et une sorte de « recensement » pourrait être effectué par la métropole, de façon à parvenir à l’élaboration d’un budget plus équitable. Quant aux particuliers, sans doute la quantité d’ordures et de déchets qu’ils produisent varie moins d’un foyer de la métropole à l’autre, mais, même sur ce point, les différents quartiers ne produisent pas la même quantité d’ordures et de déchets selon la population qui y habite.

L’écologie et les déchets

La conscience de l’importance de la place des déchets et des ordures dans la politique de la ville est relativement récente. Pendant très longtemps, les municipalités – comme, d’ailleurs, les nations, ont été dans le déni sur ce point. Pour éviter da faire face aux déchets et aux ordures, on regardait ailleurs, ce qui a été le problème de l’ensemble des politiques publiques jusqu’à ce que, ne pouvant plus éviter de faire face au problème car les villes et les pays se sont trouvés peu à peu plongés dans l’urgence, les politiques publiques ont fini par intégrer la question de l’écologie. C’est ainsi que les politiques urbaines commencent à s’inscrire dans une rationalité politique de l’environnement, et, en particulier, de la question des déchets. L’écologie urbaine pose le problème des ordures et des déchets de la même manière que les politiques contemporaines posent, désormais, l’ensemble des problèmes de l’aménagement, de l’espace et du bien-être des populations. Le rôle de l’écologie dans cette rationalité des ordures et des déchets consiste à élaborer les outils permettant une meilleure connaissance des déchets, qui sont, comme d’autres, des productions humaines donc sociales, à nous donner un meilleur regard sur cette partie de la vie urbaine que nous voulions ne pas voir. Il ne faut pas seulement se débarrasser des ordures et des déchets : pour cela, il faut commencer par faire face à eux, comme aux aspects les moins nobles de notre existence, mais qui n’en font pas moins partie d’elle. Comme dans les autres villes, les ordures et les déchets sont la preuve que Marseille vit.

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