Michéa Jacobi met les lectrices dans un miroir

Billet de blog
le 18 Juin 2021
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Dans son septième ouvrage d'exploration du genre humain, notre chroniqueur amoureux Michéa Jacobi livre 52 portraits de lectrices et lecteurs. Un délice de lecture.

Image empruntée à l
Image empruntée à l'auteur à partir de son excellent blog. https://abc-des-abc-michea-jacobi.blogspot.com/

Image empruntée à l'auteur à partir de son excellent blog. https://abc-des-abc-michea-jacobi.blogspot.com/

La lecture est une histoire de rencontre. Cette petite formule palindromique colle parfaitement au nouvel opus de Michéa Jacobi. écrivain, dessinateur, arpenteur de ville et chroniqueur pour Marsactu, il a entrepris il y a quelques années l’ambitieux ouvrage de rédiger une encyclopédie du genre humain, constituée de 26 volumes de 26 portraits dressés, organisés en thèmes et rangés de A à Z. Il y eut les marcheurs, les reclus, les détenteurs de vie multiples, les songeurs, les xénophiles et voici donc les lecteurs. En l’occurrence, les lectrices.

Vouloir embrasser le genre humain, suppose -à un moment donné- d’interroger avec équilibre ses deux versants genrés. L’écrivain a donc décidé d’ajouter une nouvelle contrainte à son ouvrage déjà colossal en proposant désormais deux portraits couplés de femme et d’homme par catégorie alphabétique. Deux fois plus de boulot pour l’écrivain, Sisyphe satisfait, deux fois plus de plaisir pour le lecteur qui trouve ainsi les rencontres démultipliées. L’ouvrage est assorti de 26 magnifiques collages qui le rendent encore plus précieux.

Il pourrait y avoir une légère gêne spéculaire à lire des histoires de lecteur, activité étant elle-même peu synonyme d’action trépidante, si ce n’est par procuration. Michéa réussit le tour de force de rendre passionnante la mise en abyme. Portrait après portrait, certains tiennent en quelques paragraphes, d’autres offrent des péripéties plus haletantes, le lecteur s’étonne d’un parcours tellement surprenant qu’il n’a pas donné lieu à un film en sortie mondiale. C’est le cas Frédérick Douglass à la lettre D, né esclave dans le Maryland en 1818 avant de devenir lecteur d’abord, puis homme libre, journaliste, auteur, conférencier en Europe et consul en Haïti, avant de mourir, marié et heureux propriétaire lui qui naquit propriété.

Michéa nous fait part également à la lettre S, du plaisir de lecture si différent des grands-parents de Jean-Paul Sartre : Louise Schweitzer, née Guillemin, lit “des romans lestes” qui lui tirent des exclamations régulières. Son mari, plus taiseux, est dérangé par ces excès. Pour sa femme, il lit “par-dedans” tandis qu’elle prend son plaisir en-dehors.

Enfin, plus encore à chaque ouvrage, Michéa Jacobi prend soin de glisser quelques larmes d’intimité dans sa recherche d’humanités. On y croise son père, sa deuxième femme. On y apprend que la lecture ne guérit pas de la mort, mais nous unit par-dessus tout.

Lectrices et cætera de Michéa Jacobi, dans la collection Les Billets de La Bibliothèque.

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