Mes châteaux d’If: La doxa du covid.

Billet de blog
le 28 Jan 2022
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Mes châteaux d’If: La doxa du covid.
Mes châteaux d’If: La doxa du covid.

Mes châteaux d’If: La doxa du covid.

Ce qu’il y a de bien avec l’actu, c’est qu’il y a toujours une information qui en remplace une autre. On ne s’ennuie pas. On ne nous laisse pas sans os à ronger, sans peur inutile. Les immigrés un jour, l’ultra droite un autre, la violence des Gilets jaunes, les blacks blocks, et tout cela mélangé, c’est encore plus flippant. Surtout si t’es vieux, paraît il.

Une autre chose c’est que le temps vient un jour contredire tout ce qui a été dit auparavant. On l’a vu pour l’incendie du Reichstag, pour les mensonges de la première guerre mondiale, pour l’affaire Dreyfus, pour la guerre du golfe. Plus le mensonge est gros, plus il passe. Sauf que plus tard, tout le monde s’en fout. Évoquez la fille du RER D, victime d’antisémitisme en 2004 et vous verrez que plus personne ne s’en souvient. Elle avouera avoir tout inventé après que toute la France s’indigne. Dans quelques temps, on commencera à faire la lumière sur l’épidémie en cours, on cessera de fulminer contre Raoult ou Mucchielli mais ils resteront avec l’opprobre, car la presse les aura tellement attaqué qu’il en restera toujours une tache indélébile. La calomnie est plus forte que le rétablissement de la vérité. (Quand je repense à Libé devenu belliciste lors de la première guerre du Golfe, ça fait mal. A l’époque, nous étions peu avec Denis Langlois et les gens qui ont lancé la Grosse Bertha ( notamment les anciens de Charlie Hebdo 1ere version entre autres) à dénoncer cette putain de guerre. Heureusement qu’il y eut ce journal pour sauver l’honneur.)

A l’été 2020, en vacances dans le Var, je tombe sur “l’excellent” Var matin qui fait sa Une sur les noyades avec des chiffres effarants. J’ai peur. Fort heureusement, j’ai ma bouée. Une première page pareille valait bien celle sur l’hécatombe du Covid dont on ne parlait plus pour quelques jours encore. De nos jours, quand ce ne sont pas les noyades varoises, ce sont les sempiternels alertes orange, pluie, verglas, avec une liste de départements où les foudres divines font s’abattre. En prenant le train, je reçois des messages pour bien porter mon masque, ne pas tomber du quai, être avec un billet en règle, faire attention aux colis abandonnés, fermer ma braguette, je suis mis en condition de danger permanent. Un simple trajet vers Aubagne est une aventure digne d’un agent secret sautant en parachute une nuit d’orage à la mi-aout 1942 sur la Kommandantur. (Je lis Alias Caracalla de D. Cordier en ce moment). Si l’on compte les messages sur France Inter où l’on m’enjoint de me moucher dans le coude, d ‘éternuer derrière l’oreille, de m’isoler, de me laver les mains sans toucher le savon, la liste de ma vie sans contact change en permanence comme une distraction paranoïaque. Les virus, eux, n’écoutent jamais les messages ni de France Inter, ni de la SNCF. Masque FFP2* ou FFP 33, distanciation, cas contact, ils s’en branlent la spicule. Ils circulent. Vous pouvez bien confiner, couvrefeuiser à 18H, à 21h, vacciner, empêcher des gens de prendre le train, d’aller au resto, eux les virus, ils sortent pour une pizza, se font une toile, une expo, et montent à Lille ou Rio si ça leur chantent. Les virus ne disent rien, ils circulent et quand ils tuent, il cessent de circuler. Donc, ils préfèrent circuler, pas bêtes, avec leurs cousins, leurs sœurs et neveux, ses millions de répliques qu’aucune muraille de Chine ne peut empêcher de se déplacer. Et quand ils rencontrent un cousin vaccin, il se saluent tous les deux et font chemin ensemble.

Je me rappelle encore de manifestations pour la défense de l’hôpital public, de grandes mobilisations contre la fermeture de services hospitaliers. Nous étions quelques milliers mais surement pas assez pour que les A.R.S changent d’avis. Les ARS sont ces gros virus mis en place pour liquider l’hôpital public si dispendieux. Et à la tête de ce genre de gros virus, on trouvait un certain Jean Castex. C’est à dire que l’un des responsables de la tarification à l’acte, de la rentabilité à l’hôpital (Plan Hôpital 2007) est celui qui nous explique un jour que les malades sont les coupables, un autre que les non vaccinés sont des sous citoyens. Et bien, je dis bravo Jean car personne ne rappelle ces infos, ni le pequin moyen, ni nos grands journalistes, occupés à remonter leurs masques sur leurs mensonges. Et quand des infirmières se pointent dans la rue à la fin du premier confinement, on les gaze. On gaze assez peu les médecins qui sont rarement de gauche donc peu habitués à la rue. Et puis on a besoin d’eux pour soigner les fractures après manifs, les éborgnements…

Pour celles et ceux qui ont suivi les mobilisations de 2019 à l’hôpital, cette centralité des pénuries n’est pas une surprise. Elles donnent une fois de plus raison au personnel qui les ont portées. Elle confirme que trois décennies de politiques d’inspiration néolibérale ont remis en cause la capacité du système hospitalier à répondre aux besoins...”*

Aujourd’hui, grâce à cette politique de rigueur face au monstre public, on dépense sans compter pour des boites privées qui font des tentes vaccinales, des tests, des analyses, des médicaments, du matériel de toutes sortes autour du cadavre de notre hôpital qui a fondu avec ses lits en moins et son personnel déprimé. Bien avant le Covid, je rencontrais des médecins quittant le navire, agacés de la bureaucratie libérale qui se goinfrait du cadavre hospitalier. Les énarques et commerciaux de tous poils ont sucé le sang de tous les hôpitaux de campagne, suscitant au passage la révolte des Gilets Jaunes. On lira la brochure de Mathieu Amiech, Ceci n’est pas une pandémie, pour plus de détails. L’auteur défend l’idée que nos dirigeants profitent de la crise pour promouvoir une nouvelle organisation sociale. Il alerte sur les nouveaux vaccins et s’oppose évidement au pass vaccinal. Son angle est tout de même l’attachement nocif des individus au tout numérique.

Laurent Mucchielli, sociologue spécialiste des questions de sécurité, vient justement de sortir une enquête sur la gestion politico sanitaire du covid. J’ai chroniqué il y a quelques années son travail très documenté sur la vidéo surveillance. Je lis son blog très riche sur les publications en sciences humaines depuis longtemps. En entrée de son livre, il remet les pendules à l’heure contre l’emploi effréné du mot complotisme à propos de tout ce qui ne dit pas le pouvoir ou ceux qui ont les moyens de diffuser l’information. Si, par exemple je vous disais que Nicolas Sarkosy a financé sa campagne électorale avec de l’argent libyen et qu’une manière de ne pas le rembourser fut de déclencher une guerre, vous diriez que, non mais vraiment, je suis complotiste. Au temps de l’URSS, on disait titiste, c’était plus mignon. Si je vous disais maintenant que les informations françaises en 1942 racontaient que Londres était bombardé en permanence, que les Anglais étaient nos ennemis et que le Maréchal Pétain était notre sauveur, et bien vous seriez comme l’immense majorité des français à l’époque : des gens à qui l’on ment mais prêt à tout pour défendre le mensonge. Tout dépend de qui raconte l’histoire. Souvent le vainqueur. La doxa, c’est le discours officiel et incontestable.

Laurent Mucchielli a une autre version à proposer de la crise du Covid : Il conteste la létalité du virus ce à quoi on lui répond généralement que c’est justement grâce aux confinement que les 500 000 morts prévus ont été évités. Il affirme que cette grippe saisonnière plus forte que d’habitude a été mal gérée. Il aurait fallu en effet protéger et aérer, se servir de gestes barrières dont les masques mais se concentrer sur les personnes vulnérables, pratiquer massivement des tests, et puis soigner avec la médecine de ville qui selon lui a été écartée de la campagne. Pour lui, seul l’ IHU à Marseille la fait avec force et honneur. Depuis l’espoir donné par l’équipe de Didier Raoult, une campagne contre le professeur a été déclenchée. Comme le rappelle Mucchielli, qui est carrément de gauche si vous voulez tout savoir, tantôt c’était contre sa barbe, son coté supposé de droite, (c’est vrai que les médecins sont tous trotskistes) son machisme, puis c’est devenu contre ses méthodes managériales, ses essais sans filets. Didier Raoult a vu s’élever contre lui bon nombre de médias et des forces pour l’attaquer contre son traitement à la chloroquine/azithromycine, inspiré par des médecins chinois. Pourtant au début, Raoult fut une des rares figures médiatiques à rester calme alors que l’hystérie la plus délirante prenait feu partout. Sa première conférence avait été classée dans les fake news par le Monde ce qui lui a valu une notoriété invraisemblable. Le Monde par la voie d’Ariane Chemin s’est ensuite attaqué au personnage tandis que tout le monde était sensé choisir entre Raoult et le Conseil Scientifique, élu par le président, dont sortait justement Didier Raoult. Si vous n’êtes pas d’accord avec cette version, vous pouvez toujours lire l’enquête de Mediapart qui elle est à charge sur le médecin. Ce sujet est pour Mucchielli une diversion qui a entrainé un choix politique vers le vaccin comme miracle. Les vaccins ont fait quelques miracles mais surtout dans le recul des maladies infantiles et donc en faisant reculer la mortalité infantile.

Qui se rappelle qu’ Emmanuel Macron, conseillé par ces merveilleux scientifiques, a laissé les élections municipales avoir lieu, « même pour les plus vulnérables. » Il expliquait à juste titre que dans l’immense majorité des cas, le covid est sans danger mais que les sujets obèses, diabétiques ou atteints de cancer, par contre pouvaient être touchés gravement. L’opinion en a décidé autrement et la guerre fut déclarée. L’infantilisation et la culpabilisation furent de puissantes armes. Laurent Mucchielli estime que les virus se moquent des confinements et des couvre feux. Leurs mutations ont lieu régulièrement comme on peut le constater aujourd’hui avec un nombre de cas très élevés mais un nombre de morts insignifiants. Pour vous donner une idée, il meurt en France bon an mal an 6O0 000 personnes. Et depuis dix ans ce chiffre augmente. Ça vous aide ?

La gestion policière du confinement est étrillée car, souligne l’auteur, c’est en France seulement qu’un système d’auto attestation a été mis en place. Un summum bureaucratique qui a changé souvent dans sa formulation. Les amendes distribuées aux opportuns qui enfreignaient les lois ont été l’occasion de verbaliser tout ce qui pouvait l’être. Et sans que cela émeuve grand monde car il fallait faire face à la menace. Le plus choquant a été surement l’absence de contestation, de doute parmi la population. L’immense majorité a avalé le discours préparé par les officines de Nudge qu’évoquait Barbara Stiegler. Mucchielli écrit :« …la bureaucratie a trouvé le moyen de modifier les règles de vie sociale à 38 reprises en fin octobre 2020 et le début du mois d’avril 2021, soir une modification tous les quatre jours en moyenne. » On pourrait appeler ça le régime de l’arbitraire.

On l’a compris un peu tard mais ce sont le nombre de lits d’hôpitaux disponibles qui ont joué un rôle dans les mesures coercitives prises par l’État. Quand 160 000 lits d’hospitalisations sont supprimés entre 1990 et 2017 par les mêmes équipes de technocrates qui dirigent le pays aujourd’hui, on a du mal à comprendre comment les mêmes peuvent nous parler de la saturation qu’ils ont eux mêmes créés. Mais ce genre d’information ne questionne pas le citoyen moyen qui passe son temps à se faire tester, sans parfois être malade. Il y a eu dés le début un telle focalisation sur une seule pathologie que des patients sont morts faute de prise en charge. On n’a pas tous eu la chance d’avoir le Covid, certains n’ont qu’un cancer !

L’auteur charge ensuite plusieurs officines tels que l’Agence Européenne du médicament ou les zélateurs du vaccin à tout prix comme la fondation de Bill Gates et son credo : vacciner le monde. Son souhait initial portait surtout sur les enfants mais l’a conduit à croire qu’on pouvait trouver un vaccin anti grippe tous les ans. Fol espoir qui les rapproche des délires transhumanistes et croyances techniques hérités du vieux fond de l’humanité,rester jeune et nous sauver de la mort. Le rêve du pharaon.

La grande absente du livre c’est finalement elle, la mort. Sa présence si forte pendant le premier confinement où l’absence de vie dans les rues et dans l’espace public rappelait ces films d’anticipation sur les accidents nucléaires qui vident les rues.

Mais ce n’est que le tome 1 que fait paraître Laurent Mucchielli aujourd’hui.

La doxa du covid. Peur, santé, corruption et démocratie. Ed Eoliennes, 2022, 12, 50 euros.

De la démocratie en pandémie, Barbara Stiegler, Gallimard, 2021, 4 euros.

Ceci n’est pas une crise sanitaire, Mathieu Amiech, Editions de la lenteur. Prix libre.

*Le Haut conseil de la santé confirme l’intérêt de ses masques mais réservés aux professionnels de santé. in Pandémo-politique.La découverte. Gaudillière/Izambert/ Juven.

** LE 28 mai 2020, alors que le déconfinement s’organise, des soignantes et des soignants de l’Hôpital Robert Debré occupent à nouveau la rue. La France est le seul pays d’Europe où, à la crise sanitaire, succède immédiatement la reprise d’un mouvement social appelant à défendre l’hôpital Public. ibid

Commentaires

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  1. Mélanie Buscail Mélanie Buscail

    Du doute, des questions ….cela me semble salutaire

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