Mes châteaux d’if: FOIRE DE MARSEILLE

Billet de blog
le 2 Oct 2022
1
Mes châteaux d’if: FOIRE DE MARSEILLE
Mes châteaux d’if: FOIRE DE MARSEILLE

Mes châteaux d’if: FOIRE DE MARSEILLE

Entre Métavers et Claude François, une sobriété qui foire.

L‘œil du taureau protège contre le mauvais œil, celui du faucon se trouve seulement en Afrique du Sud ou Madagascar, je vous laisse chercher le vrai, la Shungite est une pierre qu’on déniche entre deux couches d’uranium en Russie. L’énergéticien qui vend à la Foire Internationale de Marseille a son stand en face de celui de l’Assurance Maladie. A chacun de choisir. Retour rapide de l’être aimé. Mari volage. Argent facile avec livret A, envoutement du contrôleur de TER.

Au-dessus de son stand, c’est la marque Telescoperche qu’on peut découvrir, du sol au plafond. Cette boite d’Herblain vend des perches en alu strié, qui permettent de nettoyer son camping car, des panneaux solaires ou sa navette spatiale si on s’appelle Elon. J’essaie de tendre une perche de 10 mètres au vendeur et je vous le promets, je ne tiendrais pas longtemps à couper des branches pour ma girafe, le bras fixe comme ça.

Venu pour vérifier si la sobriété a bien cours ici comme nous le martèle le gouvernement, je tombe en pâmoison devant le stand de Bologne où une mortadelle de 35 cm de diamètre et d’un mètre de long  me nargue : la taille d’un gros chien mais pas méchant. A coté, deux cochons sont couchés, mais absolument morts : « C’est de la porchetta » me dit le vendeur polyglotte. J’ai l’eau à la bouche. La sobriété en berne. Je pense à mes potes Vegan.Tout se bouscule dans ma tête.

Par pur esprit de sobriété, je file essayer les canapés canadiens Stearns and Foster : Un peu chers mais pour une clientèle habituée à rester dans son lit, ça vaut son pesant de cacahuètes. Le Lux Estate Flush est à seulement 5990 euros. Je m’y verrais bien achetant ou vendant des actions sans quitter mon sofa. Il me faut pourtant quelque chose de plus pour combler mon existence de nanti: Je me dirige vers les spas, vastes comme la salle de rédac du Ravi, (snif) et les piscines après avoir humé les parfums de la gastronomie brésilienne et corse. Là-bas, on se reconnaît avec un vieil ami mais tudieu, on se trompe tous les deux. On a juste l’âge de se payer ou de vendre des piscines de 20 mètres de haut. Le dialogue est courtois. Lui, costume clair, croit que j’ai la maille pour acheter la piscine alors que j’ai pas le début d’une thune pour m’installer dans le 4éme à Marseille. Et qu’avec mon salaire, pas une agence ne me louerait un appart, même à St Mauront.

Quand je pense à la vie des pauvres, enfin des sobres, je comprends qu’ils filent dans les mondes imaginaires. Ça demande moins de place: Installer un grand écran dans son studio, ça agrandit le monde. D’accord, c’est pas parfait, y a des câbles qui traînent partout entre les canettes de Red Bull et les joints.

Je vais de ce pas enjoué voir le hall des technologies. Je me fais embarquer dans le secteur qui propose du Lasergame. La guerre des boutons c’était quand même moins compliqué à mon époque : une fronde et bam, on envoyait dans la gueule de Michel, le fils du maire du village d’a coté. Et pour se salir, c’était commode vu qu’on était pauvres déjà. Enfin sobres quoi.

Après le stand Fifa, je découvre la merveille du salon : Cross The Ages, un jeu surtout virtuel mais avec de vraies cartes, du vrai argent à donner si t’es joueur et si t’es gagnant, tu ramasses des monnaies virtuelles. Enfin, c’est ce que j’ai compris. Le monde du jeu, c’est une vaste Lore, une narration souvent basée sur des traditions et mythes. Eh oui, on se refait pas.

Ce jeu pour lequel Pixel Heart , une société basée à Marseille, a levé 12 millions, commence sa carrière en promettant beaucoup. Ah la promesse. On en a bâti des châteaux avec des promesses. Que ce soit virtuel ou pas, les marchands sont capables de tout nous vendre tant la promesse, tantôt du plaisir, tantôt du jeu, ressemble à un Éden. En rencontrant Samy Chlagou, sourire de prince Aladin, on est conquis, même si le dernier jeu qu’on connaisse est le Jokari! Il connaît plein de mots Samy! Scroller, euh tu veux dire crawler? Faire du crawl soi-même en somme? Performer, taper sa game ..oui évidement moi avec mes pages du Diplo, je fais pale figure. J’ai déjà du mal à lire Onze sans me demander de quoi ça parle. Alors le langage des gamers…vite du sucre que mon cerveau refonctionne…Là, où il m’a eu Samy, c’est qu’il m’a causé d’ Alain Damasio et de Pablo Servigne, des auteurs qui contribueraient au récit du jeu. Pour ne pas écrire une utopie déjà rabâchée cent fois, une équipe de scénaristes originaux ont été embauchés dont un écrivain de S.F qui prédit la fin du capitalisme sous peu et un type qui prédit la fin du monde sous peu. Les deux sont plutôt technophobes, mais pour eux, si je comprends bien. Pas pour les autres, donc. En même temps ils vendent de la collapsologie, une sorte de promesse que ce sera vraiment la merde bientôt.

Alors imaginez ma tête devant Samy! C’était comme s’il m’avait annoncé que son jeu s’appelait France Insoumise Cards et que Jean Luc Mélenchon était Luigi qui échangeait des coups de triques avec Rachel Garrido en vendant des sans pap sur Insta contre des monnaies NFT! Wouah; la claque.

Pour ne pas sombrer en collapse justement, je suis passé chez Nissan pour m’informer sur mes chances de survie en cas de rupture d’énergie fossile. J’avais les poches pleines de talismans, œil de faucon et compagnie pour m’aider à surmonter la fin du monde. Le vendeur de chez Nissan m’a tout de suite capté. Je lui ai dit: «Électrique d’accord mais je dois recharger toute la nuit ? Non mais oh!» Il a voulu me fourguer la dernière Nissan qui se charge en 3 minutes avec deux systèmes moteur. Parole de vendeur. Un truc futuriste mais qui n’était pas encore en France. Comme je lis mollement Auto Moto, j’avais pas trop d’avis. Mais le soir même dans un film sur Netflix complétement débile, j’ai reconnu ma Nissan. Aux States qu’elle tournait déjà, la belle.

Tout cela commençait à me tourner la tête. C’est là que je suis tombé sur le club Claude François de Mallemoisson dans le 04. J’y croyais pas. J’étais encore dans le métavers avec Samy ou quoi?

Mais Martine m’a raconté l’histoire du club créé à la mort du chanteur. Elle y est rentrée à la suite d’une déception amoureuse qui a coïncidé avec le décès de Claude François. A sa mort, elle a cru qu’il n’y aurait plus rien. « En regardant Michel Drucker à la télé , je vois les enfants puis Jean Claude Katchadourian, le fondateur du club. » Elle l’appelle et la vie reprend.« On est pas là pour pleurer » me dit-elle et effectivement le club est très joyeux. Si Martine aime particulièrement Un jardin dans mon coeur, (1971) dans laquelle Claude François proclame son amitié à une amie désespérée, Corinne chavire pour Merci merci beaucoup. Chanson dont le titre est sans doute ironique pour un largage en beauté. Mais Corinne est encore essoufflée d’avoir dansé sur le podium.

Comme je m’étais dédoublé, dans mon deuxième corps je me suis rendu au stand américain pour tourner autour des amulettes, des crânes de vaches, des sweats ornés de loups et des boucles de ceinturon avec des bisons, en évitant soigneusement le stand de l’armée française. Le village de l’armée à côté des attractions pour enfants, (comme c’est bien conçu) occupait une bonne place dans la foire. Et pour cause, la Guerre russo-ukrainienne a permis de renflouer les budgets militaires de toute l’Europe sans parler des États-Unis, sans que, qui que ce soit ne proteste. On avale mieux un réarmement avec une presse exacerbant un patriotisme antirusse. Mais dans l’hélico, on oublie tout.

Alors littéralement épuisé, j’ai mis le pied dans le hall du bâtiment écologique. Tout le monde s’était refait une santé couleur Vert. Après GroEUh et son mitigeur économiseur d’eau, je suis tombé sur la Maison autonome connectée. Mazette, quelle chance. Et quelle déception quand j’ai appris qu’il s’agissait d’une réclame pour de la résine pas écolo du tout, qui est censée rénover vos tuiles. Et la maison connectée et écolo alors? Envolée.

Je croivais que j’étais encore dans le métavers. Au secours les mecs. Every Tong, everywhere, all at once, comme qui dirait.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Christophe Goby Christophe Goby

    Reportage à la Foire de Marseille pour découvrir les nouvelles sobriétés.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire