Mes châteaux d’If: Comment s’occuper un dimanche d’élection.

Billet de blog
le 24 Avr 2022
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Mes châteaux d’If: Comment s’occuper un dimanche d’élection.
Mes châteaux d’If: Comment s’occuper un dimanche d’élection.

Mes châteaux d’If: Comment s’occuper un dimanche d’élection.

Heureux ceux qui se sont procurés le dernier livre de François Bégaudeau dont le titre est…dans le titre. Après la période où l’on nous demandait à tout bout de champ et prologue de toute conversation, si l’on était vacciné, voila le retour du: Tu vas voter, toi? Sous entendu voter Macron. Pourtant, tout s’est joué il y a quelques temps, après que le Président ne lance ses sbires contre le peuple des Gilets Jaunes et après avoir enfumé de volutes de gaz les manifestants de la Loi travail. L’Union sacrée dans les lacrymogènes et les coups de bâtons. Nous fumes et sommes toujours en guerre.

Emmanuel Macron a gagné son élection en mars 2020 quand tout un peuple a consenti à sortir avec une attestation d’une heure sur un kilomètre , quand le syndicaliste ronchon, le bourgeois râleur, ou la féministe radicale se sont résolus à voir des virus mortels partout, quand le boulanger bio ou le scientifique  ont laissé leur liberté au vestiaire, pour ne pas tuer le voisin, pas flinguer Pépé, quand les citadins de gauche ou d’estreme droite se sont tirés dans leurs résidences secondaires laissant les pauvres apeurés, enfermés dans leurs cités, branchés comme une perfusion sur les chaines d”infos en continu. L’anxiogène propagande a alors coulé dans les veines de toute une planète et signé la défaite des peuples, de leurs espoirs. L’urne funéraire est devenue urne élective. Finies les révolutions arabes, les printemps marseillais, les étés insouciants…

Pour ceux qui pensent faire de la politique ce jour là, lisez par exemple la biographie de Max Gallo sur Giuseppe Garibaldi. Vous y verrez un engagement total loin des bureaux de votes. Quand on faisait de la politique en débarquant des navires, qu’on traversait des montagnes avec des fusils, et qu’on prenait des villes, vêtus de haillons.

“Là où nous serons, sera Rome. Mais rappelez vous que vous n’aurez ni vos maisons confortables, ni vos cafés, ni vos diners. Vous dormirez souvent à la belle étoile et quelques fois sous la pluie. Vous marcherez sous le soleil, vous mangerez ce que vous trouverez et au besoin, vos chevaux..j’offre la faim, la soif, les marches forcées, les batailles et la mort.”

Garibaldi. Juin 1849.

Mais réjouissons nous, il reste un peu de littérature pour sauver le monde. Donc, Bégaudeau dont le livre En guerre valait déjà le détour. Puis Sylvain tesson et ses Chemins noirs où, après son terrible accident, il traverse la France à pied depuis la gare de Tende à la Normandie. Beau, lunaire, à la fraiche, ce parcours d’un enragé qui raisonne comme un situationniste, dégueule les écrans, fait plaisir et rappelle les visions de Giono, ces vues éclairantes sur le monde ancien, sur le temps qui passe, cette prison qui n’est pas fixe. D’une lenteur sublime. Au pas dans l’hyper ruralité des aménageurs de l ‘espace francaoui.

Le bivouac est une échappée. On s’y soule sans entraves et aucune oreille n’entend vos conversations. Charcuterie et liberté! Le bivouac est un luxe qui rend difficilement supportable, plus tard, les nuits dans les palaces.

Sylvain Tesson.

Enfin, comme le pensait Buenaventurra Durruti, l’anarchiste espagnol, qui voulait ouvrir des librairies partout dans le monde, réjouissons nous de la petite réouverture de la petite bibliothèque des Cinq avenues à Marseille où j’ai pu trouver un livre dont le titre m’a intrigué. Ah! la puissance des titres: “ Le dernier sur la Plaine” A quelques jours du retour des forains sur la place Jean Jaurés, j’ai envie de dire que non, ce n’est pas le dernier verre que nous boirons sur cette place chèrement défendue en 2018. Ce livre de Nathalie Bernard, à regret, ne parle pas de notre plan Sant Miquèu et de la bataille de la Plaine mais bien d’autres indiens dans d’autres plaines ( Éditions Thierry Magnier)

Puisque per ièu l’ as ges d’abitacion, Vagàn au tron lei grandei construccions. ( cité dans Histoire Universelle de Marseille. Alèssi Dell’ Umbria. Agone.)

Commentaires

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  1. mrmiolito mrmiolito

    Très bel article, bravo. Sylvain Tesson dégueule moins les écrans qu’à une époque (cf la Panthère des Neiges) 😉

    Récit de voyage à lire également (sans palaces et souvent sans bivouacs aussi) : “A Marche Forcée” de Slawomir Rawics. Sidérant !

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