Marseille contre Marseille 2

Billet de blog
par Lagachon
le 1 Déc 2011
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Après le premier il y a plusieurs jours, j’ai loué le deuxième DVD du documentaire « Marseille contre Marseille ». Il couvre les élections régionales de 1992 et les législatives de 1993 et son marquée par la présence de deux « personnages » qui accaparent l’attention : Bernard Tapie et Jean-Marie Le Pen.

Pour le scrutin régional : Jean-Claude Gaudin lutte pour sa réélection à la tête d’un conseil encore jeune et qui doit démontrer son utilité. Il doit justifier quelque chose de “délicat” (le mot est faible) : sa cogestion avec le FN entre 86 et 92. La phrase qu’il prononce “le FN doit rester une force d’appoint” m’a particulièrement choqué : les choses ont quand même changé par la suite, même si l’on prête de nouveau à l’UMP la tentation de l’alliance frontiste. Finalement, c’est l’entrée de Le Pen dans la course (comme tête de liste dans les Alpes Maritimes) qui le décide de rompre avec son allié tacite.

Face à lui, Mégret et Le Pen se rêvent en « première force de droite », disposé à passer un accord avec un Gaudin qui deviendrait minoritaire. Et déjà les thèmes imposés par le FN de dicter l’agenda des autres “Nous avons gagné la bataille idéologique, la victoire politique est pour demain” (Mégret)… Enfin, surtout d’un autre : Bernard Tapie, candidat de la gauche mitterrandienne, qui basa une partie de sa campagne sur l’anti-FN. Le résultat fait froid dans le dos, tel un avertissement pour ce qui se passera en France dix ans plus tard : Gaudin devance Le Pen de quelques pourcents, alors que Tapie fait s’écrouler le PS.

Pour les législatives : on reprend les mêmes et on recommence, encore une fois le FN impose ses thèmes, avec une violence – même physique –  que les gens de ma génération (ayant découvert le vote et la politique en 2002) ne soupçonnent pas forcément : et la stratégie « Le Pen-fille » prend tout son sens. Tapie continue de polariser la gauche entre pro et anti, et à la fin, c’est Gaudin qui gagne un scrutin qui fut de toute manière un succès historique pour la droite dans tout le pays.

Après quelques jours de réflexion, j’en retiens trois points :

  1. Quel que soit l’élection, Gaudin joue les deux fois la carte du « Provençal » authentique, du mec d’ici face aux parachutés frontistes et socialistes. Sûrement pour tenter de couper l’herbe sous le pied de l’extrême-droite qui agite l’épouvantail identitaire.
  2. On s’étonne régulièrement d’un FN fort à Marseille et en Provence, mais c’était déjà le cas il y a 20 ans. On pourrait presque se féliciter que la droite républicaine ait cessé de collaborer avec son extrême… et trouver déplorable qu’en deux décennies, personne n’ait pu s’attaquer aux problèmes de la population pour en finir avec le vote FN.
  3. Le parachutage a coûté deux fois très cher au Parti Socialiste. Il paraît que les temps ont changé, mais on pensait surement déjà ça avec Tapie (qui était particulièrement investi à Marseille en tant que Président de l’OM), encore qu’il soit incorrect de réduire son échec à son parachutage.

A suivre…

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