Visite du premier ministre à Marseille, le vendredi 12 avril

L’ÉTAT AU CHEVET DE LA VILLE DE MARSEILLE

Billet de blog
le 14 Avr 2019
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Venu à Marseille pour signer une convention entre l’État et la métropole, le premier ministre, Édouard Philippe, a peut-être pu y mesurer l’urgence de la dégradation de l’habitat.  Qu’est-ce que la convention signée entre l’État, la métropole et l’Agence nationale de rénovation urbaine ? Donc une convention a été signée, engageant les acteurs de la rénovation à Marseille et dans la métropole, l’État, représenté par le premier ministre, la métropole de Marseille, représentée, en particulier, par M. Vassal, présidente du département et de la métropole, et l’A.N.R.U. Cette «convention» est un document, qui prévoit des engagements des acteurs de la métropole sur les questions d’urbanisme, d’aménagement et d’habitat et de l’État, sous la forme d’un engagement financier de 117 millions d’euros. Une telle convention a trois significations. La première, bien sûr, la plus évidente, est sa dimension financière : en mettant 117 millions à la disposition des projets de rénovation urbaine et d’amélioration de l’habitat, l’État contribue à une entreprise de requalification de l’espace de la ville, en particulier dans les quartiers Nord et dans les quartiers dégradés du centre-ville, pour commencer à en finir avec l’habitat « indigne et insalubre ». La deuxième se situe sur le plan de la politique urbaine : il s’agit de mettre en œuvre une politique de rénovation urbaine qui, en réalité, aurait, sans doute, dû être entreprise depuis longtemps si l’on avait vraiment voulu éviter la dégradation que nous connaissons aujourd’hui. La troisième est politique : en répondant par un engagement financier à une situation d’urgence, le gouvernement reconnaît, en quelque sorte, la situation que connaît Marseille – que le premier ministre a, d’ailleurs, rapproché de certaines situations comparables au Havre – en assumant une part de sa responsabilité. Quels sont les lieux marseillais définis comme prioritaires ? Pour mieux comprendre le sens de l’accord conclu entre les acteurs de la rénovation marseillaise, sans doute importe-t-il de se pencher sur les sites concernés par la convention. Il s’agit, d’abord, de la rénovation de cités des quartiers Nord. Sans doute peut-on parler, à ce sujet, d’une forme d’urgence sociale, mais, surtout, on peut se rendre compte que ces quartiers ont, en quelque sorte, toujours connu l’urgence : en effet, ils ont été construits et aménagés, en particulier dans les années soixante, vite, trop vite, même, si l’on évalue ce qu’ils sont devenus, pour répondre à une première urgence sociale : celle de fournir une habitation à des populations qui s’installaient à Marseille. C’est une deuxième forme d’urgence qu’ils connaissent aujourd’hui, celle de la dégradation, d’un vieillissement trop rapide d’immeubles construits à la hâte, sans souci du long terme et sans préoccupation de ceux qui allaient les habiter. Une réponse d’urgence ne peut s’inscrire dans le long terme, raison pour laquelle ces quartiers connaissent aujourd’hui des situations critiques. Mais, bien sûr, la rénovation du centre-ville de Marseille est aussi concernée par les accords entre la métropole et l’État, mais, comme le rappelle Marsactu du 12 avril, le seul projet un peu concret qui concerne le centre dans le protocole signé en 2017 est l’ouverture, à Noailles, d’un centre social – attendue depuis vingt ans. On a pu mesurer la façon dont l’urgence de la situation liée à l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne, rattrapait l’urgence sociale appréciée en 2017. Quelle est la signification de la convention ? Comme tous les engagements politiques, la convention signée à Kallistè par le premier ministre n’a pas seulement une signification liée à la situation dans laquelle elle est conclue. Au-delà de la réponse à l’urgence, on peut trouver deux significations majeures à cet accord. La première est le constat d’une incurie des pouvoirs de la ville et de la métropole. Une métropole convenablement administrée n’aurait jamais dû en venir à des situations tellement urgentes que l’État doive intervenir : les immeubles de la rue d’Aubagne n’auraient pas dû s’effondrer si le patrimoine architectural de la ville avait été entretenu correctement et les cités des quartiers Nord n’auraient pas dû en venir à des situations d’urgence forçant l’État à intervenir. Cette incurie des pouvoirs municipaux qui impose à l’État de s’engager n’est pas sans rappeler les conditions dans lesquelles les pompiers de Marseille ont été remplacés par un bataillon de marins-pompiers organisé par l’État après l’incendie des Galeries, en 1938, et cette première forme d’incurie de la Ville dans la prévention et le traitement des incendies. La seconde signification de cette convention s’inscrit dans un autre temps, celui des élections et de la préparation des élections municipales de 2020 : on ne peut éviter de songer que, par cette convention, la majorité dirigée par le premier ministre, la majorité de la République en marche, prend ses marques en commençant à s’imposer dans un espace politique qu’elle entend maîtriser. C’est désormais aux autres acteurs politiques de la ville de répondre.  

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