Les tournages s’en viennent et s’en vont

Billet de blog
par Lagachon
le 28 Oct 2011
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Vous en avez peut-être entendu parler, ça tourne à Marseille en ce moment : et pas que Plus Belle La Vie, non, cette semaine, c’est du lourd, du gros, du long métrage hollywoodien “Overdrive” ! On le sait, la Provence et Marseille accueillent de nombreux tournages : séries, publicités, téléfilms et cinéma.

On est trop fort

Une étude d’IDATE pour la Chambre de commerce a même montré ce que ces tournages rapportaient : pour 2,5 millions d’euros de subventions et crédits alignés par la Région pour attirer les tournages, c’est plus de 21 millions qui ont été dépensés sur le territoire (800% de rendement, c’est plutôt du bon placement), sans compter l’impact touristique (qui reste assez faible).

Tout ça est très intéressant, et on comprend bien le potentiel de Marseille et de la région pour les tournages : variété des décors naturels à moins de 2h de route (ville, campagne, zones industrielles, mer, montagne…), climat et ensoleillement clément pour les prises en extérieur, ville plutôt bien connectée au reste de l’Europe et une certaine capacité hôtelière (c’est pas Paris ou Nice, mais c’est déjà pas mal).

Mais, mais, mais…

Comme souvent, on a l’impression qu’on se félicite des bons résultats sans se dire, “avec ce potentiel, comment on fait pour devenir le principal centre de tournage de France ?” Parce que sur le papier, Marseille est quand même beaucoup plus tournages-friendly que Paris. Alors que se passe-t-il ?

C’est en interrogeant des amis dans le milieu et en faisant des recherches que je me sui rendu compte que mis à part PBLV, on ne tournait ici que des extérieurs, et que tout le reste de la filière se trouvait à Paris. D’ailleurs, c’est pour ça que les équipes de film débarquent en général avec les comédiens, les principaux techniciens, la production etc… ils font leurs extérieurs et ils reprennent le TGV direction Paris pour la suite (post-prod, promo etc…).

J’ai identifié l’existence d’un PRIDES “ Image association Cinéma au soleil”, basé à Marseille, et qui a pour but “de faire de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur une plate-forme de création, de production et de diffusion de contenus pour le sud de l’Europe” rien que ça ! Alors je me demande s’ils travaillent vraiment à rapatrier un maximum de composantes de cette filière ici, et comme souvent, dans ma grande naïveté, j’ai des idées à partager :

  • Les studios. Je me dis que des friches industrielles, c’est pas vraiment ce qui manque à Marseille (et peut-être bientôt à Berre) n’y a-t-il aucun studio français, américain, indien ou autre qui serait intéressé pour reprendre une friche et y construire des studios de tournage ? A moins que la région s’en charge, puisque apparemment la demande existe, et elle rapporte beaucoup, autant en profiter.
  • La post-prod. Je ne sais pas quels sont ces métiers, je ne vais pas faire semblant, mais là encore, est-ce que ça ne vaudrait pas le coup de travailler à attirer ces gens ici, ou à en former ici ? Le but serait d’offrir un package intégral pour le tournage : intérieur / extérieur / post-prod.
  • La formation des comédiens, réalisateurs et techniciens. Là je suis plus renseigné : il n’existe qu’une seule école supérieur d’art dramatique en Provence, elle est à Cannes. Et il n’en existe que 3 nationales et supérieures (Strasbourg, Paris et Lyon), c’est peut-être aussi pour ça qu’on ne peut pas faire les castings ici. Si l’on veut se positionner comme une capitale du cinéma, il faut pouvoir former les comédiens, réalisateurs et techniciens, les attirer pour les former avant d’avoir du travail à leur proposer. Comment lancer des sérieux concurrents de la Fémis et du CNSAD ici ?

Je pense que si l’on arrivait à proposer des packages de tournage qui aillent du casting à la post-prod, il y a fort à parier que des nombreuses boîtes de prod tenteraient la délocalisation à Marseille. Et même si on y arrive pas du premier coup, on développerait déjà énormément la filière en tentant de faire de Marseille et de la Provence une capitale du cinéma.

La preuve, ou à défaut un encouragement à essayer, nous vient d’un autre pays hyper-centralisé, où la 2e plus grande ville du pays, un port elle aussi, a réussi à devenir le principal hub cinématographique d’Asie du Sud en développant activement la filière dans les années 1990 : il s’agit de Busan en Corée du Sud.

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