Les défis qui attendent Marsactu en 2024

Les défis qui attendent Marsactu en 2024

“Libérons l’info !” C’est le mot d’ordre des États généraux de la presse indépendante, qui feront escale à Marseille ce 25 janvier, autour de douze organisations locales, dont Marsactu. Des pressions politiques à l’influence des milliardaires, en passant par les atteintes au secret des sources et les procédures pénales visant médias et journalistes, il fallait bien une soirée entière pour illustrer les enjeux locaux des menaces sur le pluralisme et l’indépendance.

Reste une question, qu’on pourrait nous adresser : mais vous, Marsactu, finalement ça va, vous êtes libres ? Oui, depuis 2015, notre média est propriété majoritaire de sa rédaction, affranchi de la publicité et des financements des collectivités locales. Mais non, cela ne nous prémunit pas de l’ensemble des risques qui pèsent sur l’information.

D’abord, ne nous méprenons pas : l’information est un écosystème et Marsactu n’a pas grand-chose à gagner d’un secteur médiatique par ailleurs soumis aux influences politiques et économiques. Perte de confiance globale des citoyens, mauvaises habitudes des institutions, impact amoindri de nos révélations, les effets collatéraux de cet affaiblissement sont multiples.

Un lien direct avec les lecteurs

En 2023, Marsactu a aussi mesuré à quel point la diffusion de l’information dépend d’un petit nombre de plateformes. La visibilité de nos enquêtes sur Twitter, devenu X, a ainsi chuté de moitié. De son côté, Facebook a davantage relayé nos “posts”, mais sur une base très aléatoire, seule une poignée d’articles obtenant le droit d’être réellement diffusés aux 38 000 utilisateurs qui suivent notre page. Par ailleurs, le réseau social capte toujours plus l’attention de ses utilisateurs : en trois ans, le nombre de visites sur notre site en provenance de Facebook a été réduit d’un tiers. Dans le même temps, la plateforme Google Discover faisait une entrée en fanfare dans nos statistiques. Mais pour combien de temps ?

Pour un média indépendant, sans force de frappe publicitaire, arriver à toucher de nouveaux lecteurs est pourtant une des clés pour tenir. Pour cela, les partages d’articles par nos abonné.es sont une des réponses. Nous travaillons aussi à retenir ces visiteurs en provenance des plateformes, en établissant un lien direct avec eux, libéré des algorithmes, via nos newsletters, notamment Pointue !, les notifications et prochainement d’autres canaux. Nous tâchons aussi de diversifier notre présence, avec le podcast Le Bocal, qui bénéficie d’une page dédiée pour sa 2e saison.

Poursuivre l’élan

Tout cela ne nous prémunit pas d’un“hiver médiatique” en cours, pour reprendre l’expression d’un homologue du Syndicat de la presse indépendante (Spiil). Comme la plupart des journaux en ligne sur abonnement, nous subissons en effet une conjoncture difficile. Grâce à la mobilisation de notre communauté au printemps 2022, nous avons évité le pire et cette dynamique s’est poursuivie jusqu’en septembre 2023, où nous avons atteint le niveau record de 5200 abonnés. Mais chaque progression est fragile, nous le constatons ces derniers mois avec une nouvelle décrue.

Or, comme nous vous l’avons raconté lors de notre campagne de dons de fin d’année, nous avons fait le pari d’investir pour grandir. Les soutiens que nous récoltons ne sont pour l’heure pas suffisants pour tenir cette ambition. Sisyphe est un mythe et nous ne pouvons pas nous permettre de laisser le rocher trop retomber… C’est là le premier combat pour libérer l’information, celui de permettre à des titres comme Marsactu de s’installer durablement et de se développer. On ne le dira jamais assez : abonnez-vous si ce n’est pas déjà fait (notre offre de début d’année vous permet de passer 2024 avec Marsactu pour 49 euros), offrez un abonnement, ou faites un don pour donner plus de poids à votre abonnement.

Ce mode de financement prioritaire, le seul à nos yeux qui puisse garantir un lien de confiance avec le public, ne nous empêche pas de nous interroger sur l’accès à l’information. À l’image de notre territoire, la géographie de notre lectorat est marquée par les disparités. Pour répondre à cet enjeu, nous lançons prochainement “Marsactu illimité”. Financé par le fonds Local media for democracy, ce dispositif permettra de lire nos enquêtes gratuitement depuis une quinzaine de lieux (pour commencer), notamment des centres sociaux et des cafés. C’est aussi une manière de rendre plus visible notre offre éditoriale au plus près des lecteurs, loin des plateformes numériques que nous ne maîtrisons pas. Nous espérons que vous serez nombreux à venir débattre des derniers titres du journal au comptoir !