Les chances de la gauche passent de “faibles” à “inexistantes”
La partie n'aurait jamais été facile pour la gauche marseillaise en 2020. Toute élection est une course pour arriver en tête, et plusieurs concurrents aux prochaines municipales ont de sérieux arguments. Les forces de gauche partent d'une situation difficile, et sont bien parties pour se complexifier la tache.
Les chances de la gauche passent de “faibles” à “inexistantes”
Une bataille difficile
En politique, les sortants ont souvent un avantage sur leurs concurrents. De nombreuses raisons peuvent l’expliquer : leur nom est plus connu, et ils sont forcément vus comme ayant “la stature” et l’expérience pour la fonction. Leur politique est familière par rapport au saut dans l’inconnu que représente le changement. En l’occurrence, le sortant ne se représente pas. Mais pour ceux qui souhaitent un nom connu, expérience sur un gros mandat local, et politique familière avec son logo sur tous les chantiers de requalification, Martine Vassal a des kilomètres d’avance. Sa position lui permet en plus d’incarner la continuité pour les bonnes choses et la rupture pour les mauvaises. Difficile de trouver de meilleures conditions pour se présenter.
Le RN quand à lui peut avoir le moral au beau fixe. Un candidat-sénateur déjà déclaré depuis longtemps, une première place aux Européennes sur Marseille, et une bonne implantation locale dans une ville très pauvre, avec déjà une mairie de secteur dans l’escarcelle. Les sondages indiquent que “la sécurité” est le sujet arrivant en tête des préoccupations des électeurs marseillais, et c’est un de leurs sujets de prédilection. Il faudra compter sur un très gros score de leur part.
Du côté de LREM les premiers sondages sont décevants, mais ces résultats sont à relativiser. Déjà, le candidat LREM définitif n’est pas encore choisi, et encore moins connu par le public. Et il y a fort à parier que cela changera lorsqu’il sera adoubé officiellement par Macron, et qu’une farandole de ministres vont se succéder pour soutenir leur candidat. Ensuite, le parti a fait un bon score aux européennes dans la ville. Cela ne se traduit pas forcément en bon résultat aux municipales, mais cela reste le signe qu’une bonne proportion d’électeurs marseillais se sent proche du parti de la majorité. En faisant une bonne campagne, tout est possible.
Un coup à jouer
Bref, quelque soit l’état de la gauche marseillaise, elle devra livrer une bataille très difficile pour faire mieux que ses concurrents. Cela tombe bien, car des circonstances exceptionnelles font qu’il y a un coup à jouer. Le bilan de Gaudin est vraiment désastreux et pourrait rejaillir sur Vassal. La double candidature Gilles / Vassal peut semer la confusion à droite. Coté LREM, le parti est mal implanté localement, et leur difficulté à choisir un candidat est aussi le signe qu’aucun ne se dégage vraiment. La droite garde l’avantage, mais si elle se présente divisée et affaiblie et que la gauche joue sa partition parfaitement, elle peut avoir sa chance. Mais ce sera serré.
Alors qu’est-ce que cela signifie, “jouer sa partition parfaitement” ?
- Pointer les responsabilités et les manquements de la droite dans son ensemble dans le bilan de la majorité municipale.
- Proposer un programme qui pallie à tous ces manquements.
- Proposer un candidat qui incarnera ce programme et sera susceptible de susciter l’adhésion des électeurs marseillais.
- Se rassembler derrière ce candidat, car encore une fois, même avec la gauche dans sa meilleure forme, ce sera serré.
- Faire connaitre le programme et le candidat au grand public dans les mois qui précèdent la campagne.
Ces 5 conditions doivent être remplies si la gauche souhaite avoir une chance. Si l’une vient à manquer, les probabilités de réussite deviennent extrêmement faibles. Alors, quelle est la situation sur ces points ?
25 ans de Vassal ?
Le 2 semble en bonne voie (mais difficile à dire sans avoir vu le résultat final). Le 3 est (très) mal parti. Les parties prenantes passent tellement de temps sur le 3, qu’il ne reste plus de temps pour s’attaquer au 1. Ce qui finit par décourager certains acteurs, qui s’apprêtent à signer la mort du 4. Et chaque jour qui passe est un jour de grignoté sur le 5.
Au final, le drame de la rue d’Aubagne devait être le révélateur que le changement était nécessaire à Marseille. Alors qu’il s’agissait du moment où jamais pour prendre ses responsabilités, la gauche marseillaise est plutôt partie pour s’embourber dans les querelles intestines et la division, pour préparer un éventuel “coup d’après” qui ne viendra peut-être jamais. Aux prochaines municipales, Martine Vassal sera encore plus installée, LREM aura eu le temps de se structurer localement, et rien n’indique que la gauche sera plus unie. L’élection municipale de 2020 est peut-être sa seule chance pour gouverner Marseille avant un moment. Il reste un minuscule espoir que les militants EELV choisissent l’union demain, et que les discussions accouchent rapidement d’un candidat crédible, sans quoi les chances de la gauche pour gouverner enfin Marseille seront vraiment inexistantes.
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Votre pessimisme semble largement partagé par tous les électeurs de gauche, toutes tendances confondues, que je peux connaître et que je vois blasés. Ils ont déjà intégré la défaite qui s’annonce. Et vous avez bien raison lorsque vous dites qu’il faut savoir saisir l’opportunité quand elle se présente, car rien ne garantit qu’elle se représentera de sitôt. Ceux qui font le calcul du “coup d’après” prennent une grave responsabilité devant les Marseillais. es. Mais que voulez-vous… La majorité municipale est nulle, tout le monde le sait, et nous avons l’opposition qui va avec (car si l’opposition était bonne, elle serait déjà la majorité, vous me suivez ?). Allez, prions pour qu’un miracle se produise, tout reste toujours possible en politique…
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