Le front républicain n’est pas un dû. Il se construit.
Le front républicain n’est pas un dû. Il se construit.
Photo MalMass (licence CC :BY-NC-ND).
A peine les estimations des résultats du premier tour des élections régionales étaient-elles connues, que les états-majors politiques appelaient Jean-Laurent Felizia et sa liste à renoncer pour cinq nouvelles années à faire entendre les voix de la gauche au sein de l’hémicycle du conseil régional de Provence-Alpes-Côté d’Azur au nom du front républicain. En son nom déjà, la liste du Printemps Marseillais s’était retirée du 7e secteur de Marseille aux élections municipales de l’an dernier, conduisant le Printemps marseillais à n’avoir qu’une majorité municipale étriquée que les Républicains de Madame Vassal, avec l’appui de Monsieur Muselier, tentèrent même de contester lors de l’élection du maire grâce aux précieux conseillers municipaux que la gauche leur avait offert dans ce 7ème secteur.
Voilà plus de trente ans que les partis de gouvernements agitent l’épouvantail de l’extrême droite et appellent au front républicain à leur profit d’élections en élections, mais que font-ils entre deux élections pour défendre les valeurs républicaines, pour faire reculer les idées d’extrême droite et les désillusions qui poussent des millions de Français à se tourner vers elles ? Lorsqu’ils sont élus grâce au front républicain, s’en souviennent-ils une fois au pouvoir pour tenir compte un tant soit peu de ces électeurs à qui ils ont demandé de voter pour eux malgré tout, au nom d’un front républicain qu’ils jettent à la poubelle dès le soir du deuxième tour ?
Car depuis trente ans, plutôt que de lutter contre les idées de l’extrême droite, les partis de gouvernement n’ont eu de cesse que d’anticiper toujours plus ses demandes en mettant en place des législations toujours plus répressives, plus sécuritaires et hostiles aux libertés publiques fondamentales. En Provence-Alpes-Côté d’Azur, les différences dans les discours et les valeurs sont d’ailleurs souvent bien minces entre l’extrême droite et certains républicains que Monsieur Muselier accepte aujourd’hui dans sa majorité, comme Messieurs Estrosi et Gaudin le faisaient hier.
Toujours prompts à mettre en oeuvre leurs politiques libérales de remise en cause des acquis sociaux, de destruction des services publics, de désorganisation de l’Etat et des collectivités locales, ces margoulins qui défendent les valeurs républicaines pendant l’entre deux tours, procrastinent en revanche lorsqu’il s’agit de mettre en oeuvre les réformes institutionnelles, qu’ils promettent pourtant, pour rendre notre démocratie plus représentative des choix des électeurs.
Pire : tous ensemble, ils se sont aussi assis sur le résultat du vote de 2005 sur la constitution européenne qui ordonne nos politiques économiques et sociales. Où est la République lorsque les partis qui disent la défendre votent en petit comité au Parlement pour défaire ce que le corps électoral a rejeté par référendum, de surcroît lorsqu’il s’agit d’un texte de valeur constitutionnelle qui s’impose à notre ordre juridique ? Comment ne pas comprendre ensuite les désillusions des électeurs, la force du populisme et l’abstention croissante ?
Il est trop facile pour les partis politiques de se dire qu’ils n’ont plus à chercher à rassembler une majorité sur leurs propositions politiques, qu’il leur suffit d’être le meilleur des médiocres pour l’emporter et imposer leurs vues minoritaires gràce au joker “front républicain”.
Non, après trois décennies, le font républicain n’est plus un dû. C’est aux candidats et aux partis de gouvernement qu’il appartient de le construire par des accords politiques sur des programmes qui rassemblent. Et, si les résultats du premier tour le nécessitent, c’est aux mêmes de construire des accords techniques sur des programmes précis pour fusionner leurs listes et gagner la majorité des voix, comme cela se fait dans d’autres pays. Une seule condition à cela : que nos dirigeants aiment réellement la démocratie et les valeurs républicaines plutôt que le pouvoir absolu.
Commentaires
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Et on peut aussi dire exactement l inverse. Que feront les élus de gauche minoritaires au conseil régional? Qu est ce qui les conduit à se maintenir, sinon un goût du pouvoir? Pourquoi le programme du 1er tour était il si vague et peu chiffré ? Vouloir faire croire que se maintenir au 2nd tour n est pas un calcul politique relève au mieux d une grande naïveté, au pire d une manipulation.
Et si la gauche est si brillante et militante localement, pourquoi cette abstention record, alors?
Quand je vous lis, les choses ont l air si simple. Personnellement, une gauche dans l opposition qui se contente de brandir la République en étendard ne me convient pas.
A titre personnel, je suis sidéré par tant de présomption. En tant qu électeur, quand cène sont pas les parties qui exhortent à tel comportement, ce sont les locaux qui exhortent à les lâcher pour faire l inverse. Et l électeur dans tout ça ? Qui y pense?
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Je ne vous suis pas sur tout mais entièrement d’accord avec votre conclusion. Le front républicain n’est pas un dû et les partis doivent négocier le contenu du programme avant de se désister éventuellement. Si l’on doit parler de responsabilité, c’est d’abord à ce niveau qu’elle se situe pour ne pas laisser entendre que l’enjeu serait d’obtenir des sièges, mais qu’il est bien de faire progresser une cause en laquelle on croît.
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Je ne dis pas que la vertu est ici, plutôt que là, puisque mon commentaire concerne tous les partis de gouvernement, bleu, rouge ou vert. Je ne dis pas non plus qu’il faut voter pour tel ou tel, d’autant que je suis me suis abstenu au premier tour. Je dis juste que c’est aux responsables politiques de faire en sorte que les électeurs votent pour les idées qu’ils disent défendre et qu’ils ne peuvent se défausser un peu trop rapidement sur des discours moraux adressés aux électeurs. J’y pense donc aux électeurs !
Ensuite, à vous lire sur l’inutilité de groupes minoritaires, on se demande si vous préconisez la suppression des oppositions ! Peut-être croyez vous à la femme ou l’homme providentiel, autocrate éclairé ? Il n’y en a jamais eu.
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La question de savoir que feront les élus de la liste felizia, puisqu’ils ne seront pas majoritaires ? est une fausse question.
Que font les élus lr à l’assemblée nationale, les élus ps, pc, lfi…etc. ce sont les groupes minoritaires. Et on en entend parler.
Ils occuperont une « opposition ». ils seront informés de ce qu’il se passe et auront sinon un vote utile, au moins le moyen d’intéresser les électeurs et les media.
Aux dernières élections, estrosi avait largement et très médiatiquement remercié castaner et sa liste, et promis, juré, on trouvera un système pour que le jeu démocratique puisse vivre en y associant les candidats de la liste de castaner. Et il y a eu le début d’un embryon de commencement d’une espèce de réunion des bonnes volontés de l’opposition….ca n’a pas duré longtemps, et rien n’a fonctionné en ce sens.
Je trouve que la présence de conseillers régionaux de la liste de felizia est importante, même minoritaires.
En bref également, qu’à fait chirac après le front républicain impressionnant qui l’a amené au pouvoir ? qu’à fait macron, dans la même situation….il doit y avoir des exemples locaux. Et toujours les mêmes électeurs de gauche qu’on prend pour des billes, corvéables à merci, parce qu’ils auraient le sens de la république ??? et puis quoi encore ? ah oui, si le rn/fn prend la tête de la région c’est forcément de leur faute ???
Et je repose la question : à quel endroit le front républicain à fonctionné dans l’autre sens ? les électeurs de droite forcés par les bien-pensants républicains de voter à gauche ? où et quand ?
J’ai voté en son temps, chirac – ça m’a rendu malade- je n’ai pas voté macron considérant que je ne voterais plus « contre ». Hier j’ai voté blanc, considérant que je n’avais pas de candidats : la gauche « unie » de felizia ne m’intéresse pas, incomplète.
La semaine prochaine, si felizia ne passe pas sous la table, et se maintient, j’irai voter pour cette liste. quoiqu’il se passe entre muselier et mariani, il y aura au moins quelques élus.
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