Laurent Rigaud, une chronique et une conférence gesticulée pour sortir du cadre
Laurent Rigaud, une chronique et une conférence gesticulée pour sortir du cadre
Cadrer. Encadrer. Recadrer. Ces mots sortent du champ artistique et entrent tout autant dans celui de l’éducation. Pendant quinze jours, Marsactu sort de son cadre en donnant la parole à un non-journaliste. En sept épisodes, il raconte son métier et nous fait découvrir les facettes d’une ville. Il parcourt la ville au quotidien et dénoue sans cesse les fils de vies qu’un homme normal – comme il se définit lui-même – aurait en temps normal peu de chance de croiser.
Ce passe-muraille s’appelle Laurent Rigaud. Il est éducateur spécialisé. Son boulot est de suivre au quotidien des enfants et leur famille au titre de la protection de l’enfance. Il y a quelques mois, alors que nous cherchions de nouveaux chroniqueurs, nous avons pris contact avec Laurent Rigaud. Ce n’était pas une première rencontre mais le début d’une nouvelle aventure.
Au printemps 2013, Marsactu avait consacré un long portrait à Laurent Rigaud. Il présentait alors une conférence gesticulée, intitulée Le radis de Pâques de l’éducation. Il y interrogeait déjà son cadre professionnel et le rapport aux enfants qu’il suit. Ils sont ces radis de Pâques qui arrivent au printemps dans le panier de légumes. “C’est un parallèle avec les Amap [association pour le maintien d’une agriculture paysanne – ndlr] c’est le légume dont on ne sait pas quoi faire. L’institution dans laquelle on travaille voudrait que l’on fasse un pot-au-feu mais nous n’avons que des radis de Pâques”, explique-t-il alors à Marsactu.
Quelques années plus tard, Laurent Rigaud n’a pas vraiment changé. Il interroge toujours son métier et les cadres qui le définissent. “Ce que j’aime dans ce métier, c’est la rencontre avec les gens, avec les gens dans ce qu’ils sont. les difficultés viennent de l’institution, du métier tel qu’il est parlé, tel qu’il est pratiqué, et du coup au lieu d’éduquer, d’interroger ce qu’est l’éducation, on se contente de socialiser… On fait entrer dans des cadres sans interroger ces cadres et sans essayer de les faire bouger”. Cette question du cadre et des limites donne son corps à ce premier épisode.
Les histoires que Laurent Rigaud racontent ne sont pas la matière d’une chronique comme Marsactu en propose tous les week-ends. Elles sortent du champ, du rythme. Elles racontent le quotidien d’un métier où l’on cadre, encadre, recadre. Elles racontent aussi comment le cadre est aussi un miroir qui se réfléchit. “Dès que tu dis que tu es éducateur, on pense que tu es un mec bien. Or, ce n’est pas vrai. Et si tu n’en as pas conscience, c’est dangereux”, dit-il. Alors il dit qui il est à travers les gens qu’il croise. Il le dit en respectant les règles déontologiques de son métier mais sans gants, ni pinces avec l’institution qui l’emploie. Cet exercice d’écriture sort du champ habituel de l’exercice journalistique. Mais il raconte mieux qu’un reportage au long cours, la complexité de cette ville, la violence du monde dans ces vies qui brinquebalent.
À l’issue de ces deux semaines de publication, Marsactu vous invite à découvrir sur les planches du Théâtre de l’œuvre la conférence gesticulée de Laurent Rigaud, le vendredi 8 décembre à partir de 19 h 30. Quatre ans plus tard, Le radis de Pâques de l’éducation continue à vivre sur les planches. Cette représentation inaugure un partenariat avec ce théâtre, situé rue Mission de France, en plein cœur de Belsunce. Cela correspond à notre volonté de prolonger dans la rencontre le travail journalistique et faire vivre le débat sur la place publique.
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