L’an II

Idées de sortie
le 16 Juin 2017
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L’an II
L’an II

L’an II

Le Festival de Marseille attaque sa vingt-deuxième édition pour un mois de danse contemporaine à travers la ville. L’arrivée de Jan Goossens à la direction du festival a mis une sérieuse claque aux éditions précédentes et on espère vivement qu’il en sera de même cette année.

Ce que l’on retient de l’édition 2016, ce sont des formes et des attitudes nouvelles qui investissent la scène. Avec Reggy Gray et Peter Sellars, le hip-hop devenait flex et high tech, jouant de l’étirement du temps et des pointes de pieds pour sortir du beat et devenir une structure de ballet à part entière. Le synopsis sur la question des ghettos se confondait avec le mime des corps, et l’ensemble prenait une ampleur démesurée qui dépoussiérait, avec force, la question du hip-hop dans les quartiers. Cette année, le festival pousse un peu plus loin les rapports de l’artiste et de l’amateur avec la venue de Jérôme Bel (Compagnie, compagnie), Rimini Protokoll (100 % Marseille) et Jose Vidal (Rito de Primavera). La danse contemporaine, c’est d’abord un désir d’aller voir par soi-même si la danse nous aime. Dans cette démocratisation du geste, où la jambe retrouve des altitudes plus convenables, le geste se rapproche de la rue et du chez-soi pour nous inviter à venir participer au jeu qui nous est proposé. C’est dans cet aller-retour entre l’artiste et l’amateur que le répertoire s’habille de nouvelles formes. La notion de compagnie et la présence du miroir volent en éclat. La multiplicité des corps redéfinit une esthétique contemporaine et les stéréotypes de l’éphèbe tombent d’eux-mêmes. Du côté de l’actualité et de la question des migrants, Brett Bailey (Sanctuary) et Bruno Beltrão (Création 2017) prennent leur courage à deux mains pour tenter d’investir la scène, ou plutôt de la déconstruire, afin de démêler cette question délicate qui suscite la division jusque dans les urnes. L’Afrique du Sud et le Maghreb deviennent des places fortes de la danse. Ils s’exposent sans détour, attrapant à bras-le-corps la question de la place des femmes et des dictatures dans des sociétés où le non dit est souvent l’élément dominant. Encore une fois, l’art et le théâtre offrent un espace de liberté qui défie les régimes et les pouvoirs en place. On en parle, on partage, on espère des avancées. Le monde de l’actualité nous enfonce dans un storytelling dégradant, à la manière d’un drame au scénario usé jusqu’à la corde. C’est sur ce tas de cendres que la danse dessine des perspectives d’avenir, en convoquant la participation du public et la démocratisation des points de vue.

Karim Grandi-Baupain

Festival de Marseille : du 15/06 au 09/07 à Marseille. Rens. : http://festivaldemarseille.com/

Le programme complet du festival de Marseille ici 

Les immanquables du festival

  • Rito de Primavera de Jose Vidal

Le chorégraphe chilien revisite Le Sacre du printemps de Stravinsky, composé pour Nijinski en 1913 : un monument qui annonce les prémices de la déconstruction du ballet. Jose Vidal décide de le partager avec le public en ouvrant les bords de la scène pour mieux laisser rentrer une transe où tout se confond et où le spectateur devient un interprète à part entière.

KGB

> Du 15 au 17/06 à la Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e)

 

  • Sanctuary de Brett Bailey par la Cie Third World Bunfight

Le public est invité dans une déambulation où des performers de différentes nationalités racontent leur parcours de migrants, confrontés à des résidences provisoires, qui cassent les identités et la structure familiale, en attendant d’aller voir ailleurs. La représentation du théâtre vole en éclat pour mieux identifier la perte de repères et plonger le spectateur dans un labyrinthe.

KGB

> du 16 au 21/06 à la Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e)

 

  • Water Between Three Hands de Rabih Mroué par le Dance On Ensemble

Le plasticien libanais interroge l’histoire de la danse et du souvenir avec sept danseurs qui remontent le fil de leur parcours, sur une musique live. Dans un hommage à l’introspection, le corps fragile s’interroge sur son essence et son devenir, sur sa condition d’homme aussi.

KGB

> les 17 & 18/06 à la Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e)

 

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