Manifestation, à Marseille, le samedi 16 mars

LA COLÈRE ET LE PROJET

Billet de blog
le 17 Mar 2019
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Nous étions nombreux, dans les rues de Marseille, samedi, le 16 mars, à se retrouver dans une commune protestation, les uns contre la politique dénoncée par les « Gilets jaunes » et les autres contre la politique du climat – ou plutôt contre l’absence de politique climatique. Mais nous étions tous ensemble à marcher dans l’expression d’un projet commun et d’une colère partagée. La dénonciation d’une société dégradée dont les citoyens ne veulent pas Sans doute est-ce là le premier point de rencontre entre la protestation des Gilets jaunes contre les conditions de travail qui leur sont imposées et l’inégalité de la fiscalité engagée par le libéralisme et, en particulier, en France, par le pouvoir de l’exécutif dirigé par E. Macron et le gouvernement d’É. Philippe. Si la politique fiscale et la politique environnementale se rejoignent, ainsi que les mouvements qui les dénoncent, c’est parce qu’il s’agit des deux versants d’une société dégradée dont ceux qui défilent disent qu’ils ne veulent plus Cette société, c’est une société qui ne vise qu’à accroître les profits des entreprises, quitte à détériorer les conditions de travail de ceux qu’elles emploient, qui ignore les logiques de la solidarité et de la vie sociale, dont, enfin, la courte vue ne s’inscrit que dans le court terme, dans les profits immédiats, sans penser aux incidences de cette politique sur l’évolution de l’environnement, sans se soucier au monde que nous laisserons à nos enfants et à nos petits-enfants. C’est ce que montrait, samedi, un ballon représentant la terre sur laquelle était posé un pansement : ce n’est plus seulement l’économie qui est en péril, ce ne sont plus seulement les logiques du travail sui sont menacées : c’est toute la société qui se dégrade, ce sont les rapports sociaux qui sont en crise, en raison de cette absence de politique du long terme. La dénonciation globale du capitalisme C’est que la manifestation de samedi n’était pas seulement destinée à dénoncer les méfaits du capitalisme sur les conditions de travail et sur l’environnement dans lequel nous vivons : il s’agissait d’une dénonciation globale du capitalisme et de la façon dont il peu à peu détruit la signification des relations sociales, dont il a peu à peu substitué les valeurs marchandes et les valeurs du profit aux valeurs et aux normes sur lesquelles était fondée notre société. Ce n’est pas un hasard si les manifestations de samedi sur le climat avaient lieu partout dans le monde et rencontraient, en France, les protestations des « gilets jaunes » : en effet, c’est cette semaine qua eu lieu le naufrage du « Grande America », qui venait de Hambourg, en Allemagne, et se rendait à Casablanca, au Maroc, et qui, transportant plus de 2000 tonnes, a coulé au large du golfe de Gascogne, après un incendie. Ce n’est pas un hasard, pour trois raisons : d’abord, la recherche effrénée du profit dont nous parlions conduit les armateurs à imposer à leurs équipages des trajets très difficiles et à ne pas investir suffisamment dans la qualité des navires et dans leur entretien ; ensuite, c’est l’évolution du capitalisme qui a amené une consommation toujours plus importante de pétrole et, par conséquent, la navigation de pétroliers qui polluent les mers en faisant courir le risque de marées noires de plus en plus nombreuses ; enfin, ce qui caractérise la capitalisme est bien une conception de l’économie qui ne recherche que l’accroissement du capital, qui se refuse à l’investissement et qui ignore l’économie proprement politique, elle, projette l’économie dans le souci du temps long, de l’avenir, notamment par le développement des investissements et dans la recherche de l’économie sociale et solidaire. Une colère particulière à Marseille Mais la manifestation dont nous parlons aujourd’hui n’avait pas lieu n’importe où : elle avait lieu à Marseille, exprimant une colère propre à cette ville. D’abord, parce qu’à Marseille, la mer entre dans la ville, faisant sans doute prendre une conscience plus aiguë des questions d’environnement et de la politique écologique et des implications des questions de navigation à ceux qui y vivent. Ensuite, parce que la solidarité avec les « gilets jaunes » est particulièrement forte à Marseille, où l’économie libérale a entrainé plus de dégradations et de menaces que dans d’autres villes : en effet, c’est bien en raison des fautes du libéralisme immobilier qu’ont eu lieu les événements de la rue d’Aubagne. Le souvenir de Zineb Redouane, morte à sa fenêtre le 1er décembre, après le tir d’une grenade lacrymogène pendant une manifestation dénonçant le drame de la rue d’Aubagne, était là, samedi, pour nourrir encore davantage la colère qui s’exprimait. Enfin, en particulier à Marseille, sans doute importe-t-il d’articuler la colère et le projet : la colère et la dénonciation du libéralisme est liée, dans la ville, à l’élaboration et à la formulation d’un projet urbain, destiné à la fois à ce que la ville retrouve son paysage, à ce que ses habitants retrouvent leur identité, à ce que l’espace de la ville soit de nouveau un espace que l’on peut habiter pleinement. C’est cela, la politique : la rencontre de l’expression d’une colère et de la formulation d’un projet.

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