Sur le logement indigne et insalubre à Marseille

LA CHARTE DU RELOGEMENT

Billet de blog
le 21 Avr 2019
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Un certain nombre de collectifs d’habitants et d’associations ont élaboré une « Charte citoyenne », dans le but de proposer un ensemble de droits des délogés. Cette charte donne une dimension de droit au combat de tous les délogés. Dans le même temps, en lisant ces droits, on prend mieux conscience des impératifs du relogement et de l’urgence des devoirs qui incombent aux pouvoirs municipaux et métropolitains.

Un audit de l’habitat ancien et des orientations de la politique du logement
Si la Charte a été élaborée dans la suite de l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne, elle s’inscrit aussi dans la perspective d’un véritable audit de l’habitat ancien à Marseille. L’alerte a été donnée par le drame de novembre 2018, mais c’est l’ensemble de la situation de l’immobilier ancien à Marseille qui se révèle dans un état critique. Mais, bien sûr, comme tout audit un peu sérieux, la Charte prévoit l’articulation de l’étude à entreprendre à des mesures effectives, à la fois en attribuant à cet audit et aux mesures qui l’accompagnent les moyens financiers qui auraient dû être engagés depuis longtemps et en mettant en œuvre une véritable politique municipale et métropolitaine de l’habitat ancien, articulée à la politique du patrimoine architectural et à la politique du paysage et de l’environnement. En même temps, on peut trouver dans la Charte ce que devraient être les orientations d’une politique du logement équitable, fondée à la fois sur le souci de l’égalité et sur le souci du patrimoine et pleinement inscrite dans l’articulation du temps court de l’urgence et du temps long de l’avenir de l’espace urbain. Cette Charte inscrit dans la politique du logement les trois préoccupations majeures de la sécurité, de la gouvernance et de la responsabilité.

Le souci de la transparence des politiques engagées et d’une gouvernance partagée
C’est que la politique du logement, et, en particulier, en l’occurrence, du relogement, doit s’inscrire, comme tous les aspects des politiques engagées par les pouvoirs, dans le souci de la transparence, c’est-à-dire de la libre circulation des informations, et du partage de la gouvernance et des pouvoirs entre tous les acteurs impliqués : les pouvoirs publics – l’État et les collectivités territoriales (région, département, métropole et municipalité), les associations engagées dans la défense des habitants et dans la sauvegarde du patrimoine, les acteurs de toutes sortes engagées dans les initiatives destinées au développement et à l’amélioration de la vie urbaine. En ce sens, comme souvent, l’urgence – en l’occurrence l’urgence du relogement liée à l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne et à la découverte des situations de dégradation et d’insalubrité d’autres immeubles – fait apparaître des problèmes politiques inscrit, eux, dans le long terme et des problèmes institutionnels liés aux conflits entre les pouvoirs et à leur confrontation à la réalité des situations.

L’accompagnement des délogés et des victimes de l’insalubrité
Pour une fois – ce n’est, malheureusement, pas si fréquent, ce que l’on peut appeler l’institutionnalisation de l’urgence prévoit aussi des mesures d’accompagnement des personnes qu’il faut reloger – accompagnement et soutien psychologiques dans des situations de détresse et d’angoisse, accompagnement scolaire des enfants qui se retrouvent dans la nécessité de changer d’école, accompagnement matériel des familles qui se retrouvent à la rue sans leurs vêtements, sans leur cuisine, et, d’une façon générale, sans les outils qui accompagnent la vie quotidienne et qui lui donnent du sens. Un tel accompagnement doit évidemment est mis en œuvre dans la situation de l’urgence, mais il doit aussi se poursuivre dans la découverte et l’appropriation des nouveaux lieux de vie et des nouvelles conditions d’existence qui sont imposés aux familles évacuées. C’est aussi l’accompagnement des familles qui doit permettre l’adaptation des nouveaux logements et des nouvelles conditions de vie aux délogés.
Mais sans doute cet accompagnement fait-il apparaître ce que doit être le rôle et la responsabilité de l’État et des pouvoirs publics dans une telle situation et met-il en œuvre un véritable partenariat entre les acteurs publics et les acteurs privés, afin que le marché ne soit pas seul à intervenir dans la situation de l’urgence immobilière et à y imposer, en quelque sorte, sa loi. C’est pourquoi les pouvoirs publics s’engagent, dans Charte, « à imposer aux bailleurs publics et privés le respect du droit au retour dans un principe d’équivalence (même niveau de loyers et typologie de logement adaptée) ».

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