LA CAMPAGNE ÉLECTORALE SEMBLE ENTRER DANS LE VIF

Billet de blog
le 22 Déc 2019
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Les élections municipales ont lieu demain

LA CAMPAGNE ÉLECTORALE SEMBLE ENTRER DANS LE VIF

L’entrée d’Yvon Berland, pour LREM dans la campagne électorale, après la séparation entre Martine Vassal et Bruno Gilles chez les Républicains manifeste l’entrée de la campagne électorale dans le vif du débat. Sans doute peut-on dire qu’après quelques mois d’hésitations, de murmures, la campagne a enfin trouvé sa véritable musique.

 

La République en Marche ne se situe pas dans l’espace populaire

C’est la première remarque qui vient à l’esprit quand on lit le compte rendu du rassemblement organisé par Yvon Berland pour marquer le lancement de sa campagne électorale : ancien président de l’Université, professeur de médecine, Yvon Berland n’a pas évoqué, dans ce meeting, l’état économique et social de la ville. Alors que l’urgence, à Marseille, c’est l’état inquiétant de l’économie de la ville et, en particulier, de l’emploi, la dégradation de l’environnement et de l’espace urbain, la crise sociale que vivent les habitants de tous les quartiers et, en particulier, des quartiers du Nord, l’entourage du candidat de la République en Marche, pour ce premier meeting, parle en termes de « résistance », sans que l’on sache très bien à quoi il faut résister. Et on ne sait pas très bien ce que désigne la figure de « l’arc progressiste » dont parle Y. Berland – sinon qu’il s’agit, sans doute, d’une occasion de plus de se référer au mythe du progrès qui est toujours, en politique, une façon de se légitimer sans avoir à prendre parti ou sans avoir à annoncer clairement son orientation. Ce qui frappe, dans ce discours d’Y. Berland et dans la campagne de L.R.E.M., c’est que ces propos, ces mots, les thèmes de cette campagne, semblent situés dans une sorte d’autre monde, un monde dans lequel ce qui compte n’est pas l’adhésion populaire ni même la culture du projet, mais le fait d’être « crédible ».

 

La droite classique semble ne pas savoir où elle va

Nous en sommes à deux candidats issus des Républicains. Au-delà du clivage entre les deux candidats, la séparation entre Bruno Gilles et Martine Vassal signifie que la droite n’a pas d’orientation ferme, n’a pas de choix précis, et qu’elle se trouve dans la situation difficile de devoir, en même temps, représenter un changement et un projet et assumer les échecs de la municipalité sortante. C’est cette sorte d’errance entre le passé qu’elle voudrait rejeter et le futur qu’elle peine à définir qui semble caractériser la position de la droite au cours de cette campagne électorale. Et, bien sûr, quand on parle de la droite classique, de la droite qui ne se reconnaît pas dans la candidature de la République en marche, il ne faut pas oublier le Rassemblement national, encore dans l’ombre, mais bien présent, à la fois dans les thèmes de la campagne des candidats de droite et dans les préoccupations de leur stratégie électorale.

 

La gauche est divisée

Entre le Pacte démocratique et le Printemps marseillais, entre les Insoumis et le P.S., entre Réinventer la gauche et les autres mouvements de la gauche engagée dans ces élections municipales, la gauche montre surtout, en ce moment, les signes de sa division. Peut-être à la fois parce qu’un parti comme le P.S. a du mal à se libérer de ce que l’on peut appeler l’emprise des années où il était conduit, à Marseille, par Gaston Defferre et parce que, dans cette multitude d’acteurs et d’orientations différentes, elle a du mal à élaborer un véritable projet, la gauche semble connaître une certaine difficulté à se situer clairement dans la campagne électorale. Cette difficulté se manifeste, en particulier, dans la difficulté qu’elle semble connaître à choisir une personne en mesure d’être reconnue comme pouvant légitimement conduire cette campagne et de représenter la gauche unie dans le débat électoral. Sans tomber dans le piège de la personnalisation de la politique et sans se bercer de l’illusion de ce que Max Weber appelait le charisme, il est temps, tout de même, que les citoyens de cette ville sachent qui sera le maire de Marseille si la gauche remporte cette élection.

 

L’absente de cette campagne électorale : la ville

C’est, enfin, ce qui frappe le plus dans cette campagne électorale. Dans cette campagne éparpillée à la façon d’un puzzle comme l’écrivait G. Rof dans Le Monde du 11 décembre dernier, il semble qu’il y ait une absente : la ville elle-même. Pour le moment, il semble n’être question, dans la campagne, que des partis, des candidats et des pouvoirs, sans que les discours fassent réellement attention à la ville elle-même, sans qu’ils semblent se préoccuper de l’avenir de l’espace urbain, du devenir de la cité et de ceux qui y vivent. Sans doute est-ce l’intérêt des débats organisés par le  Pacte démocratique et le Printemps marseillais de donner ainsi une tribune et une audience à la parole de ceux qui vivent dans la ville, mais, dans le même temps, sans doute le clivage entre le Printemps et le Pacte démocratique vient-il refléter l’incidence de cette absence de la ville du débat électoral. Mais il importe que les citoyens engagés ne se trompent pas : il n’y a plus que trois mois avant l’élection ; il y a donc une véritable urgence à ce que la ville et ceux qui l’habitent habitent aussi pleinement son espace politique.

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