Journal de confinement. Day #O
Le jour d’avant. Rhythm is love
Où l'on commence à comprendre.
Le jour d’avant. Rhythm is love
Lundi 16 mars. 14 heures. Je me suis auto-désignée avec le sens du sacrifice qui sied aux mères de famille pour aller faire les courses hebdomadaires. Mon fils me rappelle de ne pas oublier la levure pour les gâteaux que nous avons prévu de cuisiner pendant le confinement qui s’annonce. Je pars vaillante, naïvement. Le voisin croisé en bas de la rue me souhaite bonne chance dans un sourire. Je l’ignore et continue mon périple d’un pas assuré jusqu’au supermarché de quartier. Enfin, jusqu’aux quelques mètres qui me séparent du magasin : un vigile, aimable mais efficace, en filtre l’entrée.
Je me place dans la file d’attente qui s’est formée et entame une discussion avec la femme derrière moi. Elle a des nouvelles des hôpitaux où, m’assure-t-elle, des soignants sont malades. La tension monte, tout le monde l’écoute attentivement, nous progressons sur le trottoir en débattant. Le temps passe vite, nous sommes maintenant à la porte du supermarché. Le Graal. Se diriger d’abord à droite, vers les alcools et sodas à placer au fond du caddie. Puis les produits d’entretien. Quelques rouleaux de papier toilette gisent bien au sol, mais cela ne ressemble en rien aux scènes d’émeutes partagées sur les réseaux sociaux. De bonne humeur, je tire mon chariot vers les rayonnages suivants. Pas de pâtes. Pas de riz. Pas de conserves. Pas d’œufs. Pas de jambon. Pas de yaourts. D’accord. Je refais le tour complet du magasin en pensant avoir sans doute mal regardé – comme si des rayons entiers pouvaient disparaître et réapparaitre par ma seule volonté. Pas de farine. Pas de sucre. Pas de savons. OK. Je ris, prends des photos, les envoie à l’homme qui n’en croyait pas ses oreilles. Et commence à sérieusement me demander ce que nous allons bien pouvoir manger. Je cherche la levure pour les gâteaux promis. Rien. Nada. Que tchi.
Bien, ce sera donc paquets de gâteaux et plaquettes de chocolat pour les goûters de l’ado, pois cassés secs et salade sous cellophane pour les dîners familiaux. Plus belle la vie ! Le caissier a l’air harassé. Les gens s’interrogent. Pendant que je place mes courses sur le tapis de caisse, des millennials survivalistes organisent derrière moi une évasion dans une campagne qui leur paraît sûre en se demandant s’ils peuvent acheter une poule, tandis que je constate l’étendue des dégâts : des sodas, des gâteaux chimiques, des fruits sous plastique, du fil dentaire, deux boîtes de haricots verts –cachées à la vue du commun des mortels dans les rayonnages et que j’ai réussi à saisir avec une plaquette de thon en boites. Bref, rien ne va. Le gérant augmente le niveau sonore. Rhythm is love.
Commentaires
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ce samedi 21 mars. Entre Belzunce et les Réformés, tout est plutôt “civil”. Les petits commerces alimentaires sont peut être plus fréquentés qu’à l’ordinaire mais pas de panique, ni de “pillage” des stocks. Par 2 fois cette semaine, je suis allée faire quelques courses, comme à l’ordinaire, sans attente particulière aux caisses. Le plus difficile c’est de se croiser dans la rue sans rencontrer le regard des rares passants.
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Lundi situation similaire dans mon supermarché de quartier, mais pas de vigile ni de file d attente…. aucune distance de sécurité respectée, ni de gants pour le personnel, ni de masque.
Devant les rayons vides, un employé répond au client qui l interpelle : vous inquiétez pas, c est normal, c est lundi, la livraison c est demain…
Un autre supermarché de quartier Vendredi midi : toujours pas de vigile, entrée libre, les rayons sont pleins, le personnel a masque, gants, les gens gardent d eux même leurs distances…
Merci Lorelei pour vos billets.
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