Européens de Provence, sinon rien

Billet de blog
le 18 Juin 2021
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De tous ces débats médiatisés ou plus intimes sur les Régionales en PACA, je tire le bilan suivant. D’un côté les listes des hommes dont on peut dire en cumulant les punchlines historiques des présidentielles “vous êtes les hommes du passé et du passif” Le passif, c’est la complicité avec un pouvoir central qui nous donne un taux de chômage des jeunes parmi les plus élevés de France. Par manque d’infrastructures permettant la mobilité, par une politique de logement anti-jeunes, par une sous-dotation des quartiers populaires. Le passé, c’est d’abord ce consensus des “grandes listes” pour considérer que la Provence trouvera son principal moteur économique dans l’accueil des immigrés riches et retraités en repoussant les jeunes venus d’ailleurs pleins d’ambition et d’énergie.  C’est surtout de ne voir l’avenir Régional que dans les frontières de l’hexagone. Or c’est bien au cadre d’une Europe fédérale qu’il faut penser si nous voulons que nos petits enfants ne terminent dans les entrepôts chinois ou les sous-traitants des GAFA américains. L’héritage combiné du Gaullisme, à droite, et du Centralisme Démocratique, à gauche, qui a alimenté l’erreur du « non”  français au référendum pour une Constitution européenne du 26 janvier 2015 et qui continue à développer une défiance puérile et égoïste à l’égard des institutions européennes maintient l’illusion que la France existe et doit exister encore. Or la France ne devrait plus exister, pas plus que les autres états-nations, si nous voulons que nos petits-enfants vivent libres et heureux dans l’avenir. Bien évidemment, je veux dire la France comme entité administrative et politique. Le refus de la transition vers l’Europe fédérale par l’expérience d’un fédéralisme interne est une menace bien plus grande que les attaques physiques d’ islamistes isolés et les prétendues vagues du grand remplacement. Mais comment faire comprendre ça à une Région où votent majoritairement des vieux campés sur leurs privilèges. Après eux, le déluge de la mondialisation sans bouclier européen. Tout aussi évidemment, il faudra que la France continue d’exister comme patrimoine linguistique et culturel de l’humanité. Ce ne sont pas les Provençaux, dont on a (et continue à)  mis en tutelle la réalité culturelle, qui vont appliquer le même traitement à l’héritage culturel français. Nous défendrons que Rabelais, Molière, Châteaubriant, Proust soient toujours étudiés dans nos écoles, ne serait-ce qu’en hommage aux écrivains de langue d’Oc que l’impérialisme culturel français a empêchés d’exister.( Montaigne se défend tout seul avec son “que le Gascon y aille si le Français ne peut y aller”). L’exemple Catalan et Écossais, ou Suisse !  préfigure ce que pourrait être une Europe Fédérale des régions ou l’effort collectif de survie n’ignore pas les légitimes ambitions locales.

J’ai gardé pour la fin une question qu’il faut aborder dans toute sa complexité. Si le  Macronisme   est la force politique la plus militante pour une Europe aux compétences renforcées, c’est me dira mon aile gauche, que son discours moderne cache – alors que sa pratique révèle – un renoncement à cet autre partie du patrimoine mondial que sont les  thèses du Conseil national de la Résistance. Que faudra-il céder de ce patrimoine incontestable hérité des luttes sociales pour faire avancer l’Europe? C’est à mon avis la question politique la plus importante à la quelle il nous faut répondre. Il est clair que les réformes “libérales” de Macron qui écornent ce patrimoine sont à la fois la meilleure et la pire des choses. La meilleure parce qu’elles ont joué un rôle important dans l’adhésion des “frugaux” aux 750 milliards d’Euros du plan de relance européen, grâce auquel les pays du Sud ne seront pas traités dans cette sortie de crise comme le fut la Grèce lors de la crise des subprimes.  La pire, parce qu’elle peut encourager nos politiques à aller “franchement” dans le détricotage de notre modèle social. Nous avons donc besoin de mobiliser toutes les expertises et toutes les énergies du débat politique pour sortit par le haut, c’est à dire sous la forme d’un compromis adaptable aux circonstances, de ce dilemme : pas d’Europe Fédérale et être bouffé par le binôme Chine US. Une Europe Fédérale, mais en rabotant largement les “acquis sociaux” du CNR. Les régionales sont finies. Elles nous auront au moins permis de poser les vrais problèmes. Dont celui-ci : A quelles conditions allons-nous finalement voter Macron aux futures présidentielles? Ah, oui et en attendant que faisons-nous pour le second tour des régionales? Je pense que cette dernière réponse est moins importante pour l’avenir de nos petits enfants. Mais pour le premier tour, pour paraphraser Celaya, les bulletins de vote pour les listes Régionalistes et au premier chef Oui, la Provence sont des “armas cargadas de futuro”

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