Demain (2)

Et si la parenthèse du confinement se refermait brusquement, si les mauvaises habitudes revenaient au galop, si les puissants vacillants un instant reprenaient la main et la soumission le dessous, si le rebond était un éteignoir ? Alors l’avenir virerait au gris, au noir même, voire pantone 448 C (non, ce n’est pas un nouveau virus, c’est la couleur élue la plus laide du monde, celle des paquets de cigarettes sans marque). Cauchemardons un instant. Demain, l’austérité de plus belle et le retour de la rigueur budgétaire, l’appel au redressement et aux sacrifices…on a déjà connu cela en 2008 et les humains sont souvent sans mémoire. D’ailleurs, on entend déjà les antiennes des décideurs sans pudeur et des financiers sans fierté, celles des tenants du statu quo qui en appellent à ne pas se tromper de cible et à faire de nécessité vertu, à rattraper les manches et à se retrousser le retard, à trouver un équilibre responsable entre santéconomie. On craint le retour à l’anormal et la résignation. Et si ce long épisode dramatique avait été un entraînement aux nouvelles normes de vie, une acclimatation à la surveillance généralisée, une familiarisation accrue aux technologies envahissantes, une conversion au chacun chez soi et tous responsables, une acceptation des inégalités ? Si tout recommençait comme avant ? Jusqu’à la catastrophe suivante, la vague autrement plus puissante des désastres écologiques à venir.