Décloisonnement artistique

Décloisonnement artistique

En ce début de printemps, les architectes de l’agence marseillaise Marion Bernard investissent la Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine pour une exposition ar(t)chitecturale non conformiste.

C’est une histoire qui a pour fondation l’amour de l’architecture et le plaisir du partage. Il y a quelques années, les architectes Manon Gaillet et Sylvain Bernard associent leur passion pour monter l’agence Marion Bernard Architectes. Leur amour du « premier art » et l’envie de transmettre leur vision de la discipline les pousse à entreprendre une collection des projets qui les font rêver, tant en termes techniques qu’en termes d’approches. Ainsi, accompagnés de l’œil artistique de Romain Magail, ils répertorient trente projets signés par autant d’architectes. Terminés, en cours ou abrogés, les projets de ces architectes de tout horizon ont pour seul point commun de partager et illustrer l’architecture défendue par le duo fondateur de Marion Bernard.

Art-Cade ouvre donc ses portes et son espace singulier à cette exposition d’un genre hybride. Une balade expérimentale, entre art et architecture, qui invite le spectateur à déambuler entre les œuvres pour découvrir ou redécouvrir cet art de la construction. Pas de prérequis nécessaire pour apprécier l’ensemble. Tout est pensé pour captiver le visiteur et le laisser appréhender les œuvres à sa manière, selon son interprétation personnelle.

Et le pari des trois commissaires de l’exposition 25 architectes, 5 absents est parfaitement
réussi. Tout au long de l’expérience, le beau et la technique sont entremêlés jusqu’à se
confondre. Chaque pièce se fait témoin d’une phase précise dans le processus d’élaboration
d’un bâtiment. Esquisses, maquettes, plans, vidéos… c’est bien le projet du bâtiment et non l’ouvrage terminé qui est ainsi présenté et valorisé. Une manière pour les initiateurs du projet de communiquer de façon ludique et dynamique sur l’immense champ des possibles de l’architecture, et sur l’envers du décor. Comment sont pensés les bâtiments ? De quelle
manière un architecte intègre-t-il l’humain à son projet ? Quels sont les différents processus d’érection des monuments ? La galerie se fait ici lieu de décentralisation de cabinets d’architectes. Mais ce qui fait toute la particularité de ces pièces, c’est qu’aucune d’entre-elles n’a été pensée pour être exposée, voire considérée comme une œuvre de façon isolée. Ce sont bien des outils de travail et de réflexion utilisés tout au long de la conception d’une structure. La pluralité des médias exposés, la scénographie ainsi que l’essence même du projet font de cet évènement un lieu de rencontre privilégié pour petits et grands, passionnés d’architecture et profanes. Tous pourront trouver leur intérêt en découvrant les œuvres et les démarches de chaque créateur. Il faut dire qu’il est passionnant d’accéder à la genèse d’un projet et de comprendre les clés qui sont habituellement réservées aux professionnels.

L’exposition est un florilège d’architecture qui ne laisse pas indifférent. Faisant place à
l’humour avec les montages CAO de vGHcompany, à la curiosité avec les photographies de
performances du studio Pezo von Ellrichshausen, ou à l’émotion avec le projet du Japonais
Takahashi Ippei… In fine, ce sont bien 25 architectes et 5 absents qui ont toutes les chances de créer quelques vocations.

Astrid Börner

25 architectes, 5 absents : jusqu’au 14/04 à la Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine. 35 bis rue de la Bibliothèque, 1er. Rens. : 04 91 47 87 92 / www.art-cade.org