De rives en dérives

Idées de sortie
le 8 Oct 2016
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Image extraite du film And the living is easy de Lamia Joreige
Image extraite du film And the living is easy de Lamia Joreige

Image extraite du film And the living is easy de Lamia Joreige

S’étendant sur presque trois semaines avec une quarantaine de films dans plus d’une dizaine de lieux, le festival Films Femmes Méditerranée est devenu un moment incontournable de la rentrée marseillaise.

Après onze ans d’existence, le festival Films Femmes Méditerranée a su s’installer au cœur de la rentrée cinéphilique marseillaise comme un rendez-vous de résistance aux dogmatismes simplificateurs. En donnant à voir, à travers la caméra de réalisatrices des deux rives, une vision particulière, hésitante et empreinte de complexité des bouleversements qui agitent les âmes et les corps, c’est l’humain, par-delà les frontières de lieu et de genre, qui reprend ses droits sur les machines idéologiques. Et tandis que certains passent leur temps à s’écharper sur la quantité de tissu qu’une femme doit porter, l’affiche de l’édition 2016 a tranché, en déchirant le voile aveuglant des certitudes oppressives.
Avec une programmation de quarante films, FFM continue de s’étoffer tout en invitant chaque année plus de lieux et d’artistes à participer à l’événement. Après Delphine Seyrig l’an dernier, c’est à Chantal Akerman, décédée cette année, que le festival a voulu rendre hommage en prélude à cette nouvelle édition avec un documentaire, un court et un long-métrage de la réalisatrice au Gyptis…

Ensuite, à raison de deux films par soir, le festival voguera du MuCEM à la Villa Méditerranée, de l’Alhambra aux Variétés, de La Ciotat à Cucuron. En tout, pas moins de treize lieux pour voyager, de rives en îles, à travers l’histoire portugaise (A Toca de Lobo de Catarina Mourao), bosniaque (Les Femmes de Visegrad de Jasmila Zbanic), israélienne (Pourquoi m’as-tu abandonné ? de Hadar Morag) ou libanaise (And the Living is Easy de Lamia Joreige). Pour visiter les ports interlopes d’Athènes (Exotica, erotica etc. de Evangelina Kranioti) et la chaleur étouffante de Palerme (Era d’estate de Fiorella Infascelli). Des portraits de femmes, mais pas seulement, qui mettent le plus souvent au centre des réflexions les relations et l’importance de l’interdépendance entre les êtres.

Parmi les invités, retenons la présence de Houda Benyamina, explosive réalisatrice du film sensation de cette rentrée, Divines, qui viendra secouer successivement le cinéma Olbia de Hyères, le Cigalon de Cucuron puis le Méliès de Port-de-Bouc. Par la diversité des thèmes abordés et des territoires visités, cette peinture des rives méditerranéennes laisse tout de même un goût amer devant cette terre, berceau de la civilisation occidentale, devenue le cimetière de nos utopies humanistes en même temps que celui, beaucoup moins allégorique, des naufragés de la misère (The Longest Run de Marianna Economou). Des tragédies aussi bien personnelles que collectives que Films Femmes Méditerranée tente de sonder avec acuité.

Daniel Ouannou

Films Femmes Méditerranée : du 6 au 18/10 à Marseille (Variétés, MuCEM, Prado, Alhambra, Villa Méditerranée, MarsMediaLab et Institut Culturel Italien) et du 14 au 23/10 en région PACA (Martigues, La Ciotat, Port-de-Bouc, Cucuron, et Hyères). Rens. : 04 91 31 87 80 / www.films-femmes-med.org

Le programme complet du festival Films Femmes Méditerranée ici

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