Brassage comme une image

Idées de sortie
le 22 Oct 2016
0
Cassius. Photo : Pierpaolo Ferrari
Cassius. Photo : Pierpaolo Ferrari

Cassius. Photo : Pierpaolo Ferrari

On a essayé de mettre le doigt sur ce qui fait de la Fiesta un événement toujours à part dans le paysage, après vingt-cinq ans de bons et loyaux services.

Ok, la Fiesta, c’est d’abord un lieu : depuis une dizaine d’années, après quelques pérégrinations, elle a pris racine au Dock des Suds, site emblématique de l’histoire industrielle et portuaire de Marseille… alors qu’il servait auparavant au stockage d’épices. Tout un symbole, diront certains. En jetant l’ancre à quelques encablures du Port Autonome, la Fiesta fait donc le lien entre le passé et l’avenir de la cité phocéenne. Une sorte de réconciliation à taille humaine, à l’image des populations qui font le Marseille que l’on connaît aujourd’hui. La Fiesta, c’est aussi des couleurs, vives, méditerranéennes, provençales, catalanes ou hispanisantes : latines. Cette année d’ailleurs, l’affiche, qui représente en son centre un cargo (affublé d’une tête de taureau), symbole portuaire s’il en est, semble ainsi nous inviter au voyage, ou nous ramener à bon port, c’est selon.

Les installations et passages réguliers d’artistes plasticiens ou de photographes ont aussi permis de mettre en valeur les bâtiments en leur donnant une nouvelle identité, une nouvelle atmosphère. Car la Fiesta, c’est aussi une ambiance, et contrairement à bon nombre de festivals, elle a lieu à l’automne, parvenant pourtant à rassembler les Marseillais génération après génération autour de sonorités « du Sud » au sens large, au moment où les terrasses se couvrent et les soirées d’été plient boutique. Comme pour mieux se préparer à traverser l’hiver qui approche, sans enterrer pour autant des modes de vie plus enclins aux pérégrinations extérieures que dans le Nord de l’Europe…

Depuis 1992, et ce dans une forme de « liesse populaire », la Fiesta prône la même mixité et la diversité dans une ville qui peine pourtant, derrière tous les grands discours et fantasmes, à rassembler de la sorte en dehors du stade. Cela en croisant têtes d’affiches et musiciens en devenir, artistes d’ici (Deluxe, Moussu T, PinkNoColor) et d’ailleurs (Thiéfaine, Louise Attaque…). Au final, chacun vient pour son artiste favori et repart enrichi par la découverte faite à côté. On se souvient ainsi de Tumi and the Volume, quatuor venu d’Afrique du Sud et porté par son chanteur dodu et doué, ou encore IMS, pépite d’or mexicaine…

Cette année, avis est lancé aux amateurs de sensations punk/rock garage avec The Dizzy Brains, jeune groupe malgache qui hurle son rock militant. Dans une programmation jalonnée de groupes dénichés en vadrouille dans les festivals en France ou à l’autre bout du globe par une équipe dédiée pour l’occasion. La Fiesta trouve ainsi son accomplissement en trouvant des groupes qui n’hésitent pas à mélanger leurs particularismes culturels à des grands standards occidentaux, comme la funk, hip-hop ou le rock. Ainsi, La Yegros, venu d’Argentine, distille sa nueva cumbia avec ferveur. Des musiques qui dévoilent une nouvelle dimension, nous rappelant au passage que les frontières n’ont pas de prise sur l’imaginaire de l’homme et les notes qui en découlent. Le résultat est toujours pertinent : un brassage transgénérationnel dans la société du compartiment.

En haut de l’affiche, citons Cassius, les Naïve New Beaters ou les Puppetmastaz… et côté platines, des activistes locaux devenus incontournables : Oil, Paul Virgo ou Bobzilla…

Les musiques occitanes seront quant à elles à l’honneur trois soirs durant, que ce soit en compagnie des Provençaux de Moussu T e Lei Jovents ou des Italiens de Lou Seriol (l’Occitanie débordant allègrement sur les vallées du Piémont). Tout comme la culture catalane donc, à travers un fameux Cabaret, dans un éternel clin d’œil vers la Méditerranée et la grande cousine Barcelone. Autant d’axes culturels logiques, à dix milles lieues du premier roman national.

Cécile Mathieu

Fiesta des Suds : jusqu’au 22/10 au Dock des Suds (12 rue Urbain V, 2e). Rens. : 04 91 99 00 00 / www.dock-des-suds.org/

Le programme complet de la Fiesta des Suds ici

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire