Abonnements OM : le système unique en France

Abonnements OM : le système unique en France

L'Olympique de Marseille ne fait rien comme les autres. Côté terrain la nomitation tardive d'entraîneur, du côté des virages la campagne d'abonnement démarrée depuis près d'un mois est toujours déléguée aux fans. Depuis la fin des années 80 c'est le seul club en France dont une partie des abonnements est gérée par des associations de supporters. Et ce, malgré une situation financière délicate à l'heure où les modèles économiques des clubs accroissent l'importance de la billetterie.

Pour certain ce système a été mis en place pour assurer une ambiance populaire et une vraie force de supporters, pour d'autres c'est avant tout pour lâcher du lest face à la pression que les supporters ont sur le club. Aujourd'hui l’OM compte 42 500 abonnés,  plus de la moitié est membre d'un des 8 groupes de supporters reconnus par le club et situés dans derrière les buts soit 28 000 places.

Des groupes indépendants

Lorsque l'on évoque un accord avec le club Michel Tonini, président du groupe de supporters des Yankee Nord, est catégorique "il n'y a pas de deal. […] Quand le club était à la dérive c'est nous qui remplissions le stade. Pendant la période Bernard Tapie, nous avons créé les abonnements pour des raisons pratiques afin d'éviter d'avoir un ticket différent à chaque match". Il apporte cependant une précision sur Bernard Tapie qui "a tout fait pour nous empêcher d'avoir le pouvoir que l'on a aujourd'hui". La taille des groupes, soit le nombre de places distribuées, est définie selon les zones qu'ils occupent dans le stade.

Les membres de ces associations payent une cotisation "comme dans toutes les associations", comprise entre 30 et 50 euros selon les groupes "ce qui n'est pas grand chose compte tenu des animations, des tifos et de tout ce que l'on propose" soutient Michel Tonini. Pour les Yankee Nord, qui est l'un des groupes les plus importants avec 5 000 abonnés, cela génére environ 150 000€. Ce qui permet de financer les déplacements et tout le matériel utilisé pendant les matchs.

Perte économique

En 2010/2011, dernière saison dans un stade Vélodrome pas encore en proie aux grues, la billetterie a rapporté 25,6 millions d’euros soit 17% du chiffre d’affaire. Déléguer ses abonnements constituait pour le club une perte estimée par l'Équipe à 3 millions en 2006.  Un chiffre qui s'explique par la majoration perdue pour le club en plus de tarifs qui restent faibles donnent tord au président de supporters. Car les groupes négocient avec le club le prix des abonnements et évitent une  montée des prix trop importante. Vient également s'ajouter les buvettes présentes dans les tribunes et propres aux groupes qui concurrencent celles du club.

Pour Frédéric Lassalle, docteur en sciences de gestion spécialisé des organisations sportives et consultant sur les événements sportifs, le perte d'argent pour le club "est évidente, mais difficile à estimer car on ne sait pas à combien le club mettrait les prix s'il reprenait la main sur ces places. Une exploitation propre serait surtout importante pour les gros matchs". Il prend l'exemple du frère ennemi : le Paris Saint-Germain "on voit bien que les Qataris sont arrivés et ont contrôlé tout ça".

Pour cette nouvelle saison au boulevard Michelet, les abonnements virages sont compris entre 150 et 180 euros, contre 345 euros pour ceux vendus par le club.  Des pertes particulièrement importantes en cette période de crise économique pour le club avec les travaux pour le stade et de contres performances sportives.

Elles augmentent au fil des ans puisque l'OM se développe économiquement, selon un rapport de Sports Business Group at Deloitte,  le chiffre d'affaire est supérieur de 50% par rapport à 2006/2007 et sur la même période les abonnements coûtent 40 euros de plus, soit 30%. Michel Tonini ne suit pas cet argumentaire : pour lui, "ce système arrange le club, il économise le travail pour gérer tout ça".

Les présidents ne s'en occupent pas

Le nouveau modèle économique des clubs de football en Europe se base sur la billetterie. En déléguant ses abonnements, l'OM perd de l'argent mais peut difficilement changer la situation avec une méthode entrée dans les moeurs et qui fait partie de la vie du club. Aucun président ne s'attaque à ce sujet. Pour Frédéric Lassalle, "depuis l'épisode Kachkar le club essaie d'être vendu donc on ne veut pas de clash. L'autre solution pour Margarita Louis-Dreyfus est de lancer la bataille sur ce terrain, quitte à voir le stade désert, et de se débarrasser du club".

Les supporters défendent leurs intérêts en négociant des prix bas, mais en même temps privent le club d'une manne financière qui devrait devenir à terme une de ses sources principales. Se pose alors le dilemme entre un stade avec une ambiance populaire ou une puissance financière plus importante. Un combat entre passion et raison.