À Marseille, Emmanuel Macron proclame “l’importance” de Rodolphe Saadé
À la tête de la CMA-CGM, Rodolphe Saadé est devenu un acteur central à Marseille. Comme l’a rappelé l’inauguration ce 8 mai par le président de la République de Tangram, le nouveau centre de formation du troisième armateur mondial.
Rodolphe Saadé, PDG de la CMA CGM, avant l'inauguration du centre de formation du groupe, le 8 mai 2024. Photo Jean-François Poupelin.
“Je veux rendre hommage à votre famille. Avec constance, vous avez décidé d’investir en France et à Marseille. Il suffit de regarder les maillots de l’Olympique de Marseille pour voir votre importance [dans la ville].” Guest star de l’inauguration de Tangram, le centre de formation de la CMA-CGM, mercredi 8 mai, Emmanuel Macron n’a pas tari d’éloge à l’attention de Rodolphe Saadé. Le PDG du troisième armateur mondial est un proche et un soutien du président de la République. Comme un symbole de cette “importance”, le matin, un porte-conteneur de la CMA CGM à la gloire des JO 2024 a accueilli le Belem et la flamme olympique dans la rade de Marseille en escamotant l’armada de petits navires qui accompagnaient le trois-mâts.
Premier employeur privé de la ville, actionnaire unique de La Provence, principal sponsor de l’Olympique de Marseille, soutien financier de start-ups via son incubateur Zebox, d’associations via la Fondation CMA-CGM, et même de la municipalité, Rodolphe Saadé est devenu central dans la seconde ville de France. Beaucoup plus que son père, Jacques, le fondateur de la CMA, fusionnée avec la CGM privatisée dans les années 90. “Pendant 15 ans, pour moi, la CMA-CGM c’étaient des mails interminables sur [la bataille judiciaire] entre Jacques et son frère [Johnny]. Ça a occulté ce qu’il créait et développait”, rappelle Lionel Royer-Perreaut, député Renaissance (ex LR) des quartiers Sud et ancien maire des 9e et 10e arrondissements.
En 2018, PDG depuis moins d’un an, Rodolphe Saadé opère une manœuvre habile en fixant le site de la Pointe-Rouge pour développer sa “CMA-CGM Academy” : en difficulté, l’implantation marseillaise de l’École nationale supérieure maritime lui offre de l’espace et la belle bastide Château Double, sur son imposant campus, qu’elle pérennise du même coup. “Rodolphe Saadé a une autre vision que son père. Il développe le territoire et le fait rayonner, complète Jean-Luc Chauvin, le président de la chambre de commerce et d’industrie métropolitaine. À Marseille, il a la place d’un grand capitaine d’industrie, comme Bolloré en Bretagne, et on en avait besoin.”
Un avis largement partagé par les élus. À part la députée Renaissance du littoral sud Claire Pitollat et le sénateur communiste Jérémy Bacchi, la plupart des responsables locaux sont présents. Le maire de Marseille, la présidente de la métropole et du département, le président de la région, les sénateurs écologiste Guy Benarroche et d’extrême-droite Stéphane Ravier. Et même Jean-Claude Gaudin, l’ancien maire (LR) de Marseille ! “J’ai été personnellement invitée par la CMA. J’ai rencontré les Saadé après mon élection, ce sont des gens remarquables. Ils nous aident beaucoup à l’international, pour le transport de l’aide humanitaire“, s’enthousiasme encore Michèle Rubirola, première adjointe de Benoît Payan.
“Une chance incroyable”
“On a une chance incroyable !, renchérit Renaud Muselier, le président Renaissance du conseil régional. Le siège social de la CMA-CGM est à Marseille, Rodolphe Saadé a une vision, il crée des emplois, un centre de formation“. Et ce proche de la famille Saadé de tacler : “Ce qui m’amuse, c’est que tous ceux qui ont voulu lui taper dessus sont venus.” Mais sans donner de noms…
À la tribune, comme en accompagnant Emmanuel Macron dans un bain de foule sous le vaste chapiteau installé sur les pelouses de son “centre de formation et d’innovation dédié au transport et à la logistique de demain”, selon ses mots, Rodolphe Saadé est tout sourire. En ce début d’après-midi, le ciel est bleu, le buffet est gargantuesque. Ses quelques 500 invités, dont beaucoup de cadres de son entreprise, ont quasiment tous répondus présents.
C’est aussi le cas du milliardaire Xavier Niel, un partenaire en affaires après avoir été un adversaire lors de la lutte pour le rachat de La Provence, de Pablo Longoria, le président de l’Olympique de Marseille, ou encore du cardinal Jean-Marc Aveline, qu’il a aidé lors de la venue du Pape François en septembre 2023. En cochant la date de l’arrivée de la flamme olympique en France, le PDG de la CMA-CGM s’est assuré la présence de Tony Estanguet, le président du comité d’organisation des jeux olympiques et paralympiques, dont son groupe est partenaire sur le volet logistique, mais aussi des ministres et anciens ministres et, surtout, donc, d’Emmanuel et Brigitte Macron. “Vous pouvez continuer [à applaudir] si vous voulez”, encourage le PDG de la CMA CGM en arrivant sur la scène le sourire satisfait. Et d’enchaîner, une fois le calme revenu : “C’est une grande journée pour la France, pour Marseille et mon groupe”. Surtout ?
Commentaires
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Si Marseille pouvait avoir dix Rodolphe Saadé et dix CMA-CGM.
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Sa politique c’est qu’il n’y en ait pas d’autres…a jamais les premiers ( et les derniers aussi ).
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Certes , mais …. https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/impots-un-manque-a-gagner-de-pres-de-4-milliards-sur-les-armateurs-en-2022-1866649
C’est un chiffre qui devrait retenir l’attention des partisans d’une taxe sur les « superprofits » . Cette année, la « dépense » fiscale sur les transporteurs maritimes, autrement dit la dérogation qui leur est accordée, va coûter 3,8 milliards d’euros à l’Etat.
Le montant figure dans les documents budgétaires que le gouvernement vient de publier pour accompagner le projet de loi de finances pour 2023. La niche « pour aider le secteur du transport maritime », comme l’indique le document, coûterait ainsi dix fois plus que l’an passé.
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Et voilà
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J’ignore si M. Saadé est un bon patron pour ses salariés. Pour le côté capitaine d’industrie, il est certainement un atout très important pour notre ville.
Concernant ses superprofits; il est possible qu’il ne soit pas suffisamment imposé, cependant il faut tenir compte pour l’activité à hauts risques géopolitiques, économiques et autres qu’est le travail d’armateur, de la nécessité d’avoir un gros matelas financier.
Dans le passé des armateurs marseillais, il y a eu des compagnies prospères qui ont mal fini, faute justement d’un matelas financier suffisant.en cas d’aléas.
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Curieux, ça fait belle lurette que je fais la remarque que Saadé est en train d’acheter Marseille, et que mes interlocuteurs me regardent comme un rigolo.
Applaudissons donc celui qui est content qu’on applaudisse comme une seule chose “La France, Marseille et mon groupe” avec la bénédiction de la plus haute autorité de la République et de l’Église catholique !
Et personne ne s’inquiète quand un patron local explicite la comparaison entre Saadé et Bolloré ?
Bon, encore une fois la plus grosse ânerie aura été dite par le président de la République privatisée : “Il suffit de regarder les maillots de l’Olympique de Marseille pour voir votre importance”. Ah, alors l’an passé Uber Eats était très important pour Marseille, la preuve par le maillot de l’OM ? Et les précédentes années Cazoo, BetClic, Orange, Intersport, DirectEnergie… ? C’est un contrat de sponsoring qui dit l’importance d’une entreprise pour une ville ? Quand je pense que ce triste sire se prétendait disciple d’un grand philosophe contemporain…
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Et j’oubliais : il s’est offert une pub télé mondiale gratuite en immobilisant sur la rade de Marseille un porte-conteneur gigantesque (nommé par antiphrase “Greenland”) qui fait autant la pub de “Paris 2004” que de la CMA-CGM…
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Zumbi, ce n’est pas 10 mais 20 CMA CGM qu’il faut à MARSEILLE.
Si vous avez le temps jetez un œil sur l’histoire industrielle de Marseille et vous verrez l’ampleur des dégâts. Des entreprises sucrière,savonnerie,huileries,semouleries,compagnies Maritimes,engrais,automobile s,tuileries,métallurgie,réparation navale,etc .Rayées de la carte et les emplois avec.
Heureusement quelques unes sont apparues ONET,Sodexo,Ricard,Heineken j’en oublie .
Alors si CMA-CGM c’est fait plaisir, rien de grave.
Où, cela sera ennuyeux c’est le jour si par malheur â la place sur les coques des navires il y aura Maersk.
Et là adieu les 9000 salariés marseillais.
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Un gros pollueur mondial doublé d’un profiteur de defisc, pas grave tout est légal et approuvé par Manu
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Vous sentez venir de loin les ambitions politiques ? Ça fait des mois que je le pressens !!!!
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Franchement , dire qu’il ne pésera pas sur les prochaines élections serait illusoire. Penser qu’il ira en direct je ne franchirai pas ce pas là.
Quoique cela secouerait le cocotier du marigot marseillais fait de politiciens médiocres et professionnels , véritables arapèdes des mandats en tous genres et de leurs doubles syndicalistes.
Si cela pouvait “secouer” Marseille, après les Defferre,Gaudin ,et les duétistes Payan et Vassal , why not?
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Ces gens-là ne secouent aucun marigot, cela place ses pions et recycle le marigot à leur profit. Je le rappelle : le fait qu’un dirigeant du marigot patronal le célèbre en le comparant à Bolloré dit tout. On continue, on aura Hanouna, mais en marseillais, et Zemmour, mais en marseillais, dans une version macronisée.
Il faut se rappeler comment les trois quarts de Marseille a vu en Tapie un sauveur, en célébrant le “capitaine d’industrie” (si, si, il faut relire ce que disait la presse à l’époque), le sauveur de l’OM, le soutien total du Provençal, et des contacts douteux avec tout le spectre politique avant le provisoire positionnement antiFN. Et quiconque disait cela était dénoncé comme un affreux pessimiste conservateur… par les gens qui longtemps après ont raconté qu’ils n’avaient pas été dupes.
Bon, je vois que même que parmi les gens qui se veulent plus critiques que tout le monde on croit encore à un “Tonton Cristobal… / des pesos des lingots il en a le cul cousu” et comme dans la chanson ces Marseillais que la ville en profitera “Des pesos des lingots /Rien ne sera perdu / Car le testament lègue aux neveux les écus”. Au réveil, ça fera une gueule de bois de plus.
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Et bien Zumbi ,virons les gens qui créent des emplois bien rémunérés, cela est sûr dans cette catégorie d’entreprises il faut bosser.
Et à la place que le marigot politico-syndiclo_associatif marseillais embauche encore plus par clientelisme, tradition ancestrale marseillaise.
La différence et l,’on voit le résultat, dans ce type d’organisation la compétence prime face à une carte syndicale ou politique.
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Euh, dans le cas de Rodolphe Saadé, c’est surtout l’héritage qui a primé, non ?
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Pascal L.Depuis le décès du fondateur de la compagnie ,cette dernière a pris une ampleur considerable ,diversifiée avec des investissements énormes notamment dans la flotte et via des accords stratégiques en logistique.
Bien sûr que Rodolphe Saadé à bénéficié d’un excellent socle pour se développer, mais il a entamé une mue du groupe qui fait que la CMA-CGM fait partie des premiers mondiaux dans ce secteur.
Avant de taper à bras raccourcis sur les entreprises par principe , c’est bien de mieux en cerner les contours par honnête intellectuelle.
Cela est en plus intéressant.
Nb ,je ne suis pas salarié de cette entreprise, je n’ai aucun intérêt ou lien avec R.Saade.
Simplement j’étais client de cette compagnie, j’ai des amis qui travaillent dans la tour.Le moins que l’on puisse dire c’est que cela bosse.
Mais rien ne se fait sans rien.Il n’y a pas de secrets et un succès marseillais est suffisamment rare pour s’y intéresser.
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Saadé qui verrait bien en patron et grand bienfaiteur de la ville doit frétiller de plaisir suite à cette déclaration.
Il faut dire que toutes ses acquisitions et investissements réalisés grâce au trésor de guerre COVID l’ont été en étroite coordination avec l’Elysée.
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