À la métropole, le RN continue de grignoter la majorité de Martine Vassal
Après avoir créé un groupe d'opposition au conseil d'arrondissements des 11/12 et à la mairie de Marseille avec des élus ralliés de la droite locale, le Rassemblement national poursuit son mouvement à la métropole. Dans le camp Vassal, on minimise et on joue la sérénité.
Franck Allisio et Jean-Baptiste Rivoallan en octobre 2024. Photo : ML
Il faut 12 élus pour former un groupe à la métropole Aix-Marseille Provence. Le Rassemblement national et ses alliés ont réuni assez de conseillers pour passer le cap. Si cela leur permet de récupérer un bureau au palais du Pharo, une enveloppe pour des collaborateurs et une place à la conférence des présidents, c’est surtout une nouvelle barre symbolique de franchie pour l’extrême droite.
Après le conseil d’arrondissements des 11/12 et l’hémicycle municipal marseillais, le délégué départemental du RN, Franck Allisio, et l’élu UDR (l’Union des droites, le parti d’Éric Ciotti) Jean-Baptiste Rivoallan continuent de gratter des élus dans les troupes de Martine Vassal (divers droite). Du côté de la présidente de la métropole et du département, on persiste à dire qu’il s’agit d’un non-événement. Mais le mouvement poursuit son chemin en gardant dans le viseur les échéances électorales de 2026.
Le rendez-vous a été donné à la presse mercredi 9 octobre, veille du conseil métropolitain de rentrée, au restaurant du Rowing Club. Franck Allisio et Jean-Baptiste Rivoallan s’affichent quasi-main dans la main. La scène ressemble trait pour trait à celle d’il y a quelques jours, quelques mètres plus haut dans les jardins du Pharo. Les deux élus avaient alors annoncé la création du groupe d’opposition à la Ville de Marseille réunissant extrême droite et des ralliés de la droite. Ils avaient alors esquissé l’idée que le même mouvement voie le jour à la métropole. C’est donc chose faite.
De la provoc
Ce nouveau groupe d’opposition métropolitain réunit “des élus RN, UDR, RPR [l’association fondée par Franck Allisio et Éric Le Disses, le maire de Marignane et vice-président de la métropole, ndlr] et divers droite. Ceux qui font le choix de l’avenir et du courage”, comme le présente Franck Allisio, et s’appelle “Rassemblement pour la République – RPR et indépendants”. L’intitulé a fait bondir Renaud Muselier, le président (Renaissance, ex-LR, ex-RPR) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui promet sur X d’engager “toutes les démarches possibles pour empêcher le RN de se cacher derrière ces faux RPR“.
Douze conseillers métropolitains ont pour l’instant signé pour siéger au sein de ce nouveau groupe, indique le député Allisio. Les historiques du RN local : Cédric Dudieuzère, Éléonore Bez, Bernard Marandat et la députée Gisèle Lelouis. Ils sont ralliés par de nouvelles recrues, à commencer par Jean-Baptiste Rivoallan. Arnaud Keller et Roger Guichard sont des transfuges de la droite dans les 11/12. Deux autres conseillers d’arrondissement, élus en 2020 sur les listes de Martine Vassal, rejoignent le mouvement : Sophie Arrighi du 9/10 et Romain Brument dans le 13/14. Enfin, le maire de Marignane, Éric Le Disses, qui s’était rapproché de Franck Allisio en 2023, et deux de ses adjointes, Véronique Pradel et Jocelyne Pommier, viennent compléter les troupes.
Ce nouveau groupe d’opposition sera présidé par Jean-Baptiste Rivoallan. Ce qui tient du symbole fort autant que de la provoc : il était un proche de Martine Vassal et présidait jusqu’à cet été son groupe majoritaire Une volonté pour la métropole. Les élections pour désigner son remplaçant ont d’ailleurs eu lieu mardi 8 octobre. Et comme cela se dessinait depuis la rentrée, même si la présidente de la fédération départementale Les Républicains Laure-Agnès Caradec avait émis son intérêt pour le poste, c’est Bruno Gilles qui a été élu président.
“Ils nous promettaient un tsunami, c’est décevant. J’étais surtout étonné d’apprendre que les deux élus de Marignane étaient encore avec nous”, veut relativiser le nouveau président d’Une volonté pour la métropole. Bruno Gilles ne s’estime “pas inquiet” de voir le groupe qu’il vient de récupérer essuyer des départs. “Il n’y a pas eu d’hémorragie. C’était presque prévisible. Ce n’était pas le cataclysme annoncé”, poursuit-il.
Les bras “grands ouverts”
À l’inverse, Franck Allisio affirme que “ce n’est qu’un début”. Il ajoute : “Chaque jour, on enregistre de nouveaux contacts. Nos bras sont grands ouverts à ceux qui partagent la même philosophie que nous. Certains sont peut-être retenus par des considérations, du matériel, mais ça va lâcher.” Jean-Baptiste Rivoallan complète : “Chacun peut prendre le temps dont il a besoin pour se décider.”
À la métropole, on s’étonne de voir dans la liste Sophie Arrighi, qui était réputée proche de Lionel Royer-Perreaut, et Romain Brument, dont le compte X (anciennement Twitter) est rempli de partages de publications de Martine Vassal. “Après, ce ne sont pas des élus qui agrégeront beaucoup de monde”, souffle-t-on, manière de dire qu’il s’agit là de seconds couteaux.
Le cas d’Éric Le Disses est autrement plus épineux. Toujours dixième vice-président de la métropole délégué à l’Étang de Berre, comme le spécifie le site internet de l’institution. “Je n’ose imaginer qu’on le sanctionne”, commente à ce sujet Franck Allisio, qui souhaite “qu’il continue à œuvrer pour le territoire“. Du côté de la métropole, on renvoie à la réponse faite sur son cas en 2023. L’entourage de Martine Vassal affirmait alors ne pas pouvoir lui retirer sa vice-présidence et sa délégation, avançant des arguments juridiques flous. Mais s’il s’asseyait jusqu’ici dans les rangs des non-inscrits, Éric Le Disses, membre de l’exécutif, siégera donc désormais au sein d’un groupe d’opposition. Qui plus est d’extrême droite. On est, cette fois, passé au-delà du symbole.
Pourtant, du côté de la présidence, on s’emploie encore à minimiser : “Ce n’est pas un évènement, mais une clarification. Ce sont des élus qui reprennent leur liberté et qui ne se cachent pas derrière des faux-semblants.” Chez la présidente de la métropole, on veut afficher de la sérénité face aux assauts de l’extrême droite. Bruno Gilles se projette toutefois vers l’avenir et glisse : “Je ne vais pas rester les bras croisés. Je vais regarder tous les endroits où on peut trouver des élus qui voudraient nous rejoindre.”
La ligne de mire de 2026
Franck Allisio aussi promet de continuer son travail pour grignoter des élus à Martine Vassal avec “une ligne de mire : les municipales de 2026”. S’il n’est pas encore candidat RN déclaré à la mairie de Marseille, il ne s’avance pas masqué. “J’ai un objectif : construire les bases de la conquête et du redressement de notre territoire, aux élections municipales, métropolitaines, départementales et régionales”, renchérit-il. La majorité de Martine Vassal, elle le revendique, est composite. Cette “métropole des maires” devra résister en 2026 aux appels du pied du RN si elle veut rester en poste.
D’ici là, la prochaine étape pourrait très vite arriver alors qu’une plénière du département est organisé la semaine prochaine, le vendredi 18 octobre. Dans les couloirs de l’institution, on n’imagine pas le RN et ses alliés être en capacité de former un nouveau groupe d’opposition. Mais il leur faut seulement trois conseillers pour cela, et Franck Allisio dispose déjà du soutien d’Éric Le Dissès et de Cédric Dudieuzère. Il n’en reste plus qu’un à récupérer.
Commentaires
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Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. Avec Bruno Gilles, jeune président d’Une Volonté pour la Métropole, qui déclare ne plus rester les bras croisés et rechercher des zélus dans les coins (et sous les tapis?), le mouvement risque fort de ne pas s’inverser.
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Les fachos tombent le masque…et comme 80% de la droite métropolitaine est facho, la droite classique va s’effondrer tranquillement…
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les lr sont cuits, ils iront tous vers le rn à l’approche des élections. entre garder son poste et perdre la figure ils ont choisi depuis longtemps
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Évidemment, idéologiquement ils ne sont pas très loin. On peut même dire qu’ils sont bien proches.
Et après et c’est important il y a le choix alimentaire.
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Mais face à cette vague brune qui ne cesse de monter, bien aidée par une droite sans boussole, certains, notamment dans les médias, nous vendent l’idée que le péril pour la France est LFI, voire le NFP dans son ensemble. C’est même parfois une idée obsessionnelle, la répétition étant l’âme de la propagande.
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