À la Castellane, l’école maternelle en a marre d’être squattée et vandalisée

Actualité
le 1 Déc 2016
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Le week-end dernier, l'école Saint-André-Barnier a été cambriolée et vandalisée pour la 4e fois depuis mai. Les parents et l'équipe éducative espèrent depuis des mois une sécurisation des lieux qui met du temps à arriver.

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L'école Saint-André-Barnier au pied de la Castellane. (LC)

L'école Saint-André-Barnier au pied de la Castellane. (LC)

Ce mercredi matin à la sortie des classes, il n’y a pas que des parents devant l’école maternelle de Saint-André-Barnier, au pied de la cité de la Castellane (16e arrondissement). Plusieurs journalistes sont aussi présents devant les grilles avant 11 h 30 pour illustrer un fait-divers : l’école a été cambriolée ce week-end pour la cinquième fois selon la mairie de secteur, la quatrième selon la directrice, depuis mai.

Les parents évitent pour la plupart les micros, souvent vus comme des oiseaux de mauvaise augure dans le quartier, mais ils sont plusieurs à avoir bloqué l’école ce mardi. Ils veulent signifier leur ras-le-bol que leurs enfants fréquentent des lieux non-sécurisés et régulièrement vandalisés. “Si même quand il est à l’école, je ne le sens pas en sécurité…”, souffle un père d’élève, Jean-Louis Kabouh, en regardant son petit courir sur le talus devant la grille.

La directrice Marion Courset se présente finalement à la porte pour récapituler les faits. Elle comme les collègues qui l’entourent sont membres du collectif Castellane qui avait tiré la sonnette d’alarme sur l’état des écoles dès février 2015, notamment sur les conditions de sécurité, après la fusillade qui avait eu lieu aux portes de l’autre école de la cité. “Depuis mai 2016, il y a eu quatre effractions, résume la directrice. Lors de la première, en mai, de l’argent issu de la vente de gâteaux a été dérobé. Ensuite, le 25 septembre, c’est l’ordinateur de la direction qui a été volé. Le week-end du 11 au 13 novembre, on sait que l’école a été squattée pendant plusieurs jours, toutes les alarmes ont été cassées, plusieurs portes fracassées, de la vaisselle aussi, ainsi que des clés. Il a fallu changer toutes les serrures. Et ce lundi matin, on a donc découvert que de nouvelles intrusions avaient eu lieu durant le week-end”. 

Cette fois-ci, des traces de squat étaient évidentes, comme après un week-end entre copains. Les vandales sont taquins : “Ils nous ont laissé plein de mots, notamment sur un tableau. Ils avaient marqué “On va revenir, on est là pour se caler””, précise la directrice qui mentionne aussi des petits cœurs et autre “désolés on vous aime”. Cette fois-ci non plus, les squatteurs n’ont pas fait que profiter de l’abri, puisque la cagnotte des enseignants destinée à payer leur café et autres goûters a disparu.

“Ils rentrent comme ils veulent”

“Rien de méchant au final, mais il faut que ça s’arrête”, tranche donc Marion Courset pour qui ces effractions sont avant tout “chronophages et vraiment pénalisantes pour les enfants. Ce sont les personnels municipaux et les enseignantes qui nettoient au final…” “C’est plus de la bêtise que de la méchanceté”, appuie une autre enseignante. “Ils entrent comme ils veulent, il n’y a pas de message, c’est juste facile d’accès et assez caché.” 

En effet, un pan de grillage est éventré à l’arrière de la cour. À première vue, les coupables seraient des jeunes, de la Castellane ou d’un autre quartier, en quête d’un lieu pour être entre eux. “Le message c’est que ces jeunes s’ennuient. Un travail social peut aider à résoudre ça. Le centre social travaille bien pendant la semaine, mais le week-end, il n’y a rien pour occuper les jeunes”, analyse la directrice. Elle souligne l’ironie d’imaginer des jeunes adultes se retrouver clandestinement dans une école maternelle qui a peut-être été la leur ou celle de leurs frères et sœurs.

Les parents, eux, goûtent peu la provocation, certains comme Jean-Louis Kabouh y voyant une preuve de plus de l’abandon du quartier. “La sécurité dans nos quartiers, tout le monde s’en fout, mais là, c’est quand même l’école ! À chaque cambriolage, on minimise, on se dit qu’il y a plus grave, mais le jour où ce sera sérieux, on sera mal.” Il espère que cette fois sera la dernière et que leur mobilisation sera suivie d’effets, mais, “s’il faut bloquer, on rebloquera”, déclare-t-il désabusé. Lui qui travaille dans la sécurité espère, même si les palissades seront toujours faciles à escalader, des caméras et des rondes de police pour dissuader les intrus. “On paye nos impôts comme tout le monde, mais quand on les voit, les policiers nous disent qu’ils n’ont pas les moyens”, déplore-t-il.

“Pendant qu’on met des barreaux et qu’on repose des vitres, on ne repeint pas”

La police, justement, est la principale institution à blâmer pour l’adjointe à l’éducation Danièle Casanova. Pas la municipale, bien sûr, mais la nationale qui a, selon l’élue, enregistré “111 dépôts de plaintes” émanant d’écoles. Sans suite, explique-t-elle. “Je comprends les parents”, assure l’adjointe qui voudrait plus de surveillance autour des écoles vulnérables. Toujours est-il que le problème des effractions dans cette école ne sont pas récents et que les travaux nécessaires se font attendre. Depuis le scandale sur l’état des écoles marseillaises de l’hiver dernier, la mairie dit crouler sous les demandes de travaux.  D’ailleurs, depuis cette même époque, cette dernière communique volontiers sur les actes de vandalisme. À grands renforts de communiqués, elle souligne la dépense d’argent public occasionnée et justifie ainsi le retard dans la rénovation qu’elle tente encore de rattraper.

Mais pour ce qui est de la mise en sécurité de cette école, “c’est en cours”, assure Danièle Casanova. En effet, la pose de barreaux aux fenêtres et l’arrivée d’un concierge – “un homme parce que jusqu’ici il n’y avait que des femmes” – ainsi que des travaux de menuiserie sont prévus dans les semaines qui viennent, ce que confirme la directrice de Saint-André-Barnier.

Mais, “pendant qu’on met des barreaux et qu’on repose des vitres, on ne repeint pas. On voudrait des classes plus agréables, du meilleur matériel, mais là on pare au plus pressé”, reconnaît l’adjointe. Marion Courset, qui assure que les efforts de la mairie et de l’inspection académiques sont réels, précise qu’au cours des derniers mois la toiture ainsi que le sol de la salle de sieste ont été rénovés. “On m’a promis de refaire la cour de récréation et le toit du deuxième bâtiment, mais je préfère qu’ils sécurisent d’abord”, tranche-t-elle.

Alors qu’un nouveau plan de déploiement de la vidéo-surveillance est annoncé, Danièle Casanova va demander la pose d’une caméra, bien que, regrette-t-elle, “il suffise d’un caillou lancé dessus pour que ça ne serve plus à rien”. Elle souhaiterait en tout cas que les forces de l’ordre puissent appréhender les invités indésirables“pas pour les condamner à perpèt’, mais pour leur faire entendre raison”. La directrice, qui estime de son devoir de “dédramatiser pour garder un climat serein”, relève qu’au vu des messages laissés, les squatteurs ont l’air d’avoir une bonne orthographe. Elle leur suggère donc de se rendre plus utile en venant participer à des projets éducatifs avec les élèves.

À lire : notre série “Vivre à la Castellane”, en plusieurs épisodes.

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Lisa Castelly
Journaliste

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Commentaires

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  1. Cabri Cabri

    Il est certain que de n’avoir rien fait durant des années et des années, cela aboutit à un chantier considérable. Mais la faute à qui si ce n’est à la Mairie Centrale et à l’inaction et l’incompétence de Danièle Casanova en charge des écoles depuis des lustres.
    Un suivi régulier aurait permis un effort moindre et réparti dans le temps

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