À la Busserine, le centre social l'Agora se bat pour un étage

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le 24 Avr 2013
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À la Busserine, le centre social l'Agora se bat pour un étage
À la Busserine, le centre social l'Agora se bat pour un étage

À la Busserine, le centre social l'Agora se bat pour un étage

Sur les grilles du centre social l'Agora à la Busserine, une banderole reprend la formule "un centre social indépendant de tout bord politique", également présente dans une lettre envoyée à la Ville par les associations de locataires du quartier. Ces associations s'insurgent contre la décision de la mairie d'attribuer le deuxième étage du bâtiment du centre social de l'Agora situé au coeur du quartier à une autre association. Ils y voient "un fait du prince". "Pas  question  que  l'argent  public  attribué  à  la  rénovation  de  ce  bâtiment  dans  le cadre du crédit Anru soit utilisé à des fins d'ambition politique de la Mairie de Marseille sur le territoire du Grand Saint Barthélémy", écrivent-ils. Ils estiment avoir été trompés par la mairie dans cette histoire.

Persona non grata

Sur le bord de la très bruyante avenue Salvador-Allende, le centre social est installé dans les anciens locaux d'un centre de formation pour apprentis-bouchers rénové en 2012. Sur les trois niveaux du bâtiment, L'Agora en utilise deux pour ses activités nécessitant des grandes salles. Le deuxième étage est inoccupé depuis 2012 alors que le centre social s'estime à l'étroit : "Le samedi même l'accueil est utilisé, explique Karima Berriche, directrice du centre. "Nous avons 600 mètres carrés et sommes obligés de refuser des activités par manque de place", CetteCettecdccddeerfcdcdecdsajoute Nadia Bendjilali, coordinatrice du pôle savoir et culture. 

La Ville de Marseille a décidé d'installer au deuxième étage du bâtiment une association historiquement installée à la Cabucelle dans le 15e mais qui oeuvre sur une large partie des quartiers nord. Financée majoritairement par le conseil général, l'Acadel met en oeuvre "des actions d'insertion socio-éducatives" et c'est pour renforcer son implantation dans le 14e qu'elle veut y créer une antenne. Or, les associations de la Busserine ne voient pas d'un bon oeil l'implantation de cette association.

Une question de quartier

"Il y a une logique de territoire à respecter ici, s'insurge Karima Berriche. Pourquoi est-ce qu'ils installent l'Acadel ici alors que de l'autre côté de la route, la maison des familles et des associations mène exactement les mêmes missions ?". À l'Acadel, on déplore cette tension et indique que l'emménagement est en "stand-by tant que règne ce climat malsain". Les responsables de l'Agora disent avoir sollicité plusieurs fois le président de l'Acadel pour une rencontre. En vain. Le deuxième étage est donc vide pour le moment faute de résolution du conflit.

Contactée par nos soins, l'adjointe chargée des centres sociaux, Sylvie Carrega, n'a pas donné suite à nos demandes. De son côté, la conseillère municipale UMP, très implantée dans le quartier, Nora Preziosi estime que la décision d'attribuer des locaux à l'Acadel répond à une nécessité, "celle de créer une antenne de cette association qui fait un travail extraordinaire en aidant les riverains". Elle ajoute "l'Agora, même si ce qu'ils font est très bien, n'est pas propriétaire des lieux". Quant à la mairie de secteur qui pourrait jouer les juges de paix, elle évite soigneusement de s'immiscer dans ce conflit en pointant à mots couverts une certaine récupération politique de part et d'autre.

"Un autre rapport aux politiques"

En effet, depuis quelques mois, le climat est plutôt tendu dans le quartier du grand Saint-Barthélémy. Après des années d'attente, les cités de l'ancienne Zup n°1 vont subir un important programme de rénovation urbaine notamment pour accueillir la rocade L2 en lieu et place de l'avenue Salvador-Allende. Or, de nombreuses associations de locataires sont vent debout contre le projet de rénovation et la manière dont est menée la concertation. Ces dernières multiplient les actions revendicatives tous azimuts. Pour ce qui est de la concertation, Marseille rénovation urbaine – qui mène les travaux – assure avoir mis en place un travail de fond. On y tempère d'ailleurs le caractère représentatif de ce conflit sur la réception du projet global de rénovation par les riverains.

En novembre dernier, ce sont ces mêmes associations mobilisées derrière l'Agora qui signaient la lettre informant la ministre de la Culture Aurélie Filippetti de leur retrait des "Quartiers créatifs" de Marseille Provence 2013. Par ce geste fort, la dizaine d'associations signataires s'indignaient alors que ce projet de Marseille Provence 2013 fasse "office de vitrine culturelle à des projets [de rénovation urbaine, ndlr] rejetés sur de nombreux aspects par les habitants et sources de conflits". De part et d'autre, on s'accuse de calcul ou de manipulation politique. L'un des salariés de l'Agora, Kevin Vacher, notamment en charge de la relation entre les associations de quartier, est aussi militant NPA. Un élément qui ne suffit pas à évoquer une récupération politique mais qui alimente les commentaires "off the record".

Du côté du centre social, on assume le vocabulaire "enragé" de la missive envoyée par les associations tout en refusant à se laisser enfermer dans des logiques partisanes. "Nous exigeons un autre rapport aux politiques, reprend Karima Berriche, ils ne peuvent pas agir ainsi sans nous consulter. On veut une nouvelle forme de gouvernance". Celle-ci passe visiblement par le bras-de-fer.

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    L’Agora et l’Acadel font du bon boulot envers un public commun. Pourquoi ne pas trouver un terrain d’entente ??? Des guéguères d’egos à 2 euros !!! Les assos gèrent de l’argent PUBLIC, mais où est le PUBLIC ??? Des guéguères d’appropriation de territoires mais autour d’enjeux personnels…c’est écoeurant ! Obligations de résultats pour tous ces affamés de subventions inodores et incolores !!!

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  2. Prometheus Prometheus

    Une nouvelle forme de gouvernance dans un secteur qui a vu la reine d’Angleterre faire la pluie et le beau temps. Du temps d’Andrieux, il n’y avait pas tant de lever de bouclier, on fermait les yeux sur le fait du Prince. Mais maintenant que la donne change, on réclame une nouvelle forme de gouvernance ! Avec qui ? La CAF ? La députée PS ? L’Etat ? la mairie ? La politique de la Ville ? Mon sentiment est que tout ce petit monde soumis au rythme des élections n’est pas vraiment soucieux d’indépendance. En revanche si les associations occupaient réellement le terrain au lieu de faire de la politique on en serait pas là. A décharge pour l’Acadel sur le fait qu’elle sait comment occuper réellement le terrain. Même si elle a fait ses preuves à la Cabu, reste à les faire à St Barth. Mais la Cabu c’est pas St Barth ! Là bas les gens qui possèdent un bulletin de vote sont plus nombreux… Et chaque vote est un enjeu ou tout du moins a une valeur marchande (cf procès Andrieux). A quand une démocratie digne de ce nom dans les quartiers Nord de Marseille. A quand une gauche forte qui n’achète pas les votes ?

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