Après des mois de résistance, la paillote du Mama Beach fermée par les pouvoirs publics

Actualité
le 25 Juil 2024
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Le Mama Beach, bar-restaurant installé sur une plage du Prado depuis de nombreuses années ne dispose plus d'autorisation d'occupation depuis avril. Les services de l'Etat et de la mairie ont dû intervenir pour fermer le lieu. Et ce malgré la résistance des gérants, dont un certain Kévin Guedj, bien connu des fans de téléréalité.

Le Mama Beach sur la plage du Prado le 24 juillet 2024. (Photo : VA)
Le Mama Beach sur la plage du Prado le 24 juillet 2024. (Photo : VA)

Le Mama Beach sur la plage du Prado le 24 juillet 2024. (Photo : VA)

Plus de transats, plus de tables, plus de parasols. Les clients du Mama Beach, venus profiter de la plage du Prado située en face du bowl, le célèbre skate-park de Marseille, risquent fort de se retrouver les pieds dans le sable, sans l’ombre d’un cocktail à l’horizon, ce jeudi. Jeudi, mais aussi vendredi et tous les jours qui suivent. En cause : un passage sur place, le mercredi 24 juillet, des services de la mairie et de la préfecture, avec un autre objectif que celui de se dorer la pilule.

“Il s’agit d’une opération pour régler une situation d’occupation illégale du domaine public maritime”, confirme à Marsactu la préfecture des Bouches-du-Rhône. Du côté de la mairie, on explique s’être également rendu sur place. “Tout ce qui était à l’extérieur a été saisi, mais les agents n’ont pas pu entrer dans les locaux”, précise Hervé Menchon, adjoint au maire délégué au littoral. Plus précisément, le Mama Beach bénéficiait d’une autorisation d’occupation temporaire (AOT) de la plage, qui a pris fin en avril de cette année. Depuis lors, le restaurant, également connu pour ses fêtes jusqu’au bout de la nuit, est hors les clous.

Contentieux judiciaire

Cette affaire “est dans les tuyaux depuis longtemps”, précise la préfecture. La “paillote” qui accueille depuis de nombreuses années cet établissement se trouve en effet dans la ligne de mire des services de l’État, qui réalisent depuis un certain temps des opérations visant à rendre le littoral au public. Autrement dit, l’État effectue des démolitions qui s’inscrivent dans le cadre de l’application de la loi Littoral, laquelle impose de libérer un espace de 100 mètres depuis la mer. Des opérations dont a notamment fait les frais la structure qui accueillait jusqu’à il y a peu encore la Cabane des amis. Mais le Mama Beach semble avoir fait de la résistance, au point d’agacer les services de l’État.

“Comme pour la Cabane des Amis et les Huttes Marines, la Ville, qui gère les concessions sur cette partie du littoral, avait opéré des résiliations de contrat pour permettre à l’État de se réapproprier la bande littorale”, explique Roland Cazzola, adjoint au maire chargé des emplacements. Une résiliation que les gérants du Mama Beach ont contestée. “Parce que ce n’était pas la même personne qui avait signé la résiliation et la convention d’occupation”, croit-on savoir dans les couloirs de la mairie. Finalement, retrace Roland Cazzola, la justice administrative a donné raison à la Ville. Mais entre temps, le Mama Beach s’est bien gardé de rendre les clefs.

Stars de la téléréalité et forcing

Ainsi, en décembre 2023 par exemple, le gérant refuse de remettre son trousseau, alors même que la Ville en a besoin, afin de faire le diagnostic amiante, préalable à la démolition. Dans un communiqué paru ce mercredi soir, la préfecture pointe également l’entêtement des gérants : “Malgré une décision de justice et plusieurs tentatives amiables de restitution des clés et de libération du domaine public, les gérants continuent d’exploiter le bâtiment sans autorisation et de privatiser une partie de la plage de sable publique au détriment des particuliers repoussés sur les galets”. Des gérants dont l’un, n’a rien d’un illustre inconnu.

Il s’agirait en effet de Kévin Guedj, célèbre candidat de téléréalité. Tout comme son ex-femme, tout aussi connue des amateurs de téléréalité, Carla Moreau, Kévin Guedj apparaît bien dans les actionnaires de l’entreprise SC, qui a déposé la marque Mama Beach et est propriétaire de l’établissement du même nom sur la plage du Prado.

Contacté, l’avocat de ce dernier ne nous a pas rappelés dans les délais impartis à la publication de cet article. Marsactu a également tenté de joindre directement Kévin Guedj via les réseaux sociaux. Notre message s’est sûrement égaré parmi des milliers d’autres. Les tentatives sur les différents comptes du Mama Beach n’ont pas donné plus de succès. Kevin Guedj a en revanche répondu aux questions de BFM. Pour la star de téléréalité, cette situation est “ridicule“. Devant les caméras, il ajoute : “Les jeux [olympiques] commencent ce [mercredi] soir, touristiquement parlant, niveau argent, c’est une catastrophe. On est censé avoir 90 transats, 100 couverts et on ne travaille pas. Les employés, on les fait partir, mais on doit les payer.”

Selon l’élu au littoral, Hervé Menchon, Kevin Guedj aurait été très actif ces derniers mois dans ses sollicitations pour tenter de trouver une solution afin de rester sur place. Il est allé jusqu’à contacter les services de l’État, dit-on. “Je regrette profondément que nous ayons dû en arriver là, avec cette intervention de l’État, plutôt inhabituelle ici, réagit l’élu municipal. Il est désolant d’en arriver à un tel bras de fer.” Visiblement, dans les couloirs de la préfecture des Bouches-du-Rhône, “Les Marseillais” de W9 n’ont pas beaucoup de fans. Les gérants du Mama Beach auraient fait appel à la décision de justice citée plus haut. En attendant, les plagistes, eux, pourront regarder les épreuves des JO ou les rediffusions de l’émission qui a rendu célèbre Kévin et Carla tranquillement, sur le sable, sans payer quoi que ce soit.

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Commentaires

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  1. MarsKaa MarsKaa

    Encore une illustration parfaite de ces rentes de situation que certains croient acquises ad vitam aeternam. Et ceux-ci vont dire à qui veut l’entendre “on nous empêche de travailler”, “il y a trop de règles en France” etc…
    Mal habitués surement par des décennies d’irrespect des règles juridiques, administratives, d’urbanisme, de respect de l’environnement etc…
    Combien de dossiers de ce type à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône ?
    Les choses avancent, semble-t-il…

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  2. LN LN

    Mais quelle bonne nouvelle ! Et à 2 jours des JO. Les kékés du Mama… Musique à fond, After et tout le bastringue Désagréables si l’on est pas clients le matin, presque refoulés si on s’ installe devant les blocs de pierre, voilà leur réalité. Et l’hiver, ce qui reste part au vent.
    Je me réjouis

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  3. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    Le menfoutisme marseillais dans toute sa splendeur. Et leur avocat-conseil est du même niveau d’intelligence que les kékés de la téléréalité.

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  4. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Marseille a si longtemps été la capitale du laisser-faire et du je-m’en-foutisme que certains sont persuadés d’être dans leur bon droit même quand ils sont complètement hors des clous. Les règles, OK, mais “on n’a pas le temps”, “c’est les JO”, “c’est ridicule” : des arguments d’une robustesse juridique à toute épreuve.

    On a eu récemment un autre exemple, dans le même secteur géographique, de commerçant pressé de faire du fric sans s’embarrasser de fioritures inutiles à ses yeux : https://marsactu.fr/a-borely-des-travaux-sans-autorisation-enflamment-le-voisinage/

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    • BRASILIA8 BRASILIA8

      Ce laisser-faire et ce je-m’en-foutisme s’expliquent aussi par le peu réaction de la Mairie et de la Préfecture
      Quand il s’agit d’évacuer des squatteurs les actions sont plus rapides et la présence d’un serrurier est requise

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      @Brasilia vraisemblablement le peu de réaction des autorités semble contredit par le contenu de cet article et l’ensemble des autres paillottes démantelées ces dernières années.
      Le parquet aussi s’est réveillé depuis le passage de la procureure Laurens (de 2020 à 2024) alors que son prédécesseur Tabarens laissait tranquillement les dossiers prendre la poussière

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  5. BRASILIA8 BRASILIA8

    à ruedelapaixmarcelpaul
    Sans doute l’effet J.O. il faut donner une belle image comme la réfcection de certaines voies

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    • LN LN

      Pas du tout. Tout comme les paillotes plagistes de l’Escale Borély qui ont reculés l’an dernier derrière le cheminement piétons, Mama B aurait dû s’aligner aussi. Mais ça n’a plus et il y a eu résistance. A l’ancienne, avec arrangement, ils y ont cru… C’est très bien ainsi, justement à 2 jours des JO

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      ay caramba encore raté !
      Il suffit de lire Marsactu pour constater que la municipalité avait décidé de saisir préfecture et tutti quanti en 2022 pour débarrasser le littoral des bars à kékés
      https://marsactu.fr/bref/demolitions-prevues-pour-des-lieux-de-restauration-et-de-fete-des-plages-du-prado/
      eh oui ça a pris deux ans, c’est long, mais préparer un dossier judiciaire béton (le cas de le dire) pour ne pas avoir de recours au tribunal, ça prend du temps. Et sur un calendrier marseillais, finalement, deux ans, c’est relativement court.

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    • RML RML

      Oui on peut se persuader aussi que les poules ont des dents. On peut croire en n’importe quoi pour continuer à avoir raison…
      C’est dans l’air du temps…

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  6. donovan donovan

    Quand j’étais minot les deux blocs en dur abritaient pour l’un des toilettes publiques (que l’on pourrait réhabiliter?), pour l’autre un petit snack tenu par un couple de gens plutôt âgés, mes yeux d’enfant d’alors n’arrivaient à leur donner un âge exact.
    Pour la modique somme de 18 francs la dame préparait des pan bagnats délicieux plus gros que ma tête, il m’en restait toujours pour le goûter, bien imbibés d’huile. Sur la carte du mama beach on pouvait lire, sans rire : “oeufs au plat faits maison 25 euros”. Il y a des choses que l’inflation ne saurait expliquer.
    Allez ciao les cakes

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