Marseille la nuit, avoir le hipster bien accroché
“Putain de ville de merde !” * Parfois, la nuit des gens s’énervent dans le centre de Marseille : pas de bars ouverts, pas de bus de nuit pour rentrer chez soi, les mêmes endroits, les mêmes gens… bla bla bla ! Et alors moi, pas du tout, en général je passe de très bonnes soirées (et même des nuits).
Alors je ne suis sûrement pas branché, pas trop exigeant, conciliant, j’ai sans doute des goûts musicaux peu tranchés (voire pas de goût, pourquoi pas ?), et surtout : j’adore être surpris. Et le truc qui rend Marseille la nuit particulier c’est qu’on ne sait jamais ce qu’il va se passer, pour le meilleur ou pour le pire. Quelques souvenirs de soirées pour étayer…
“Pourquoi s’est fermé ? D’habitude c’est ouvert le jeudi !” Ben oui, d’habitude oui mais là non, va savoir pourquoi… Bon, on va trainer un peu dans la rue avant de trouver autre chose à faire. Et en général les meilleures nuits sont parties de ce genre de déception…et ont terminé dans un appart d’un ami de quelqu’un qu’on avait croisé “venez avec nous y’a un truc dans un appart vers Longchamp, je le connais pas mais il y a un pote sur place, on peut aller faire un tour ?”.
Parfois c’est nul, soyons clair ! Mais parfois on arrive au 5ème d’un immeuble Cours Lieutaud, l’appart est plein de monde, il y a une fanfare dans le salon, quelqu’un joue du violon dans une chambre, on rencontre des gens, on voit un mec à poil courir dans le salon, une fille branche un synthé, on casse une bouteille de Martini Rouge… le tout sous le regard inquiet de la Bonne Mère. Le pseudo hipster blogueur rit, trouve la soirée géniale. Une bonne surprise, merci la nuit !
Sans aller jusqu’à l’art haché – encore qu’il faut bien y être passé une fois pour se rendre compte de ce qu’on trouve dans ce bar. Ah ! Et n’oubliez pas de passer aux toilettes triple A – je me rappelle d’un snack cet été qui a fait danser la place Paul Cézanne jusqu’à 3h du mat…et beaucoup rire les gens de l’ache de Cuba. “Tè les voisins !” Et d’un repas en pleine nuit à l’O’stop face à l’Opéra, on y croise des gens originaux.
Et puis il y a les rencontres qui font un peu ghetto. Par exemple, la première et unique fois de ma vie que quelqu’un m’a demandé, très poliment, vers 5h sur le boulevard Longchamp, un renseignement des plus particuliers : “Excusez moi, vous savez où on pourrait trouver…des prostituées ?” … Ce qui a fait dire à un pote plus tard “Et il y a pas une appli iphone pour ça ?”.
Ou encore hier soir sur la Canebière, un mec âgé et bourré tombe devant nous, un s’approche pour l’aider, il se penche en avant et que vois-je à sa ceinture ? Un flingue. Bon… Le hipster aime moins quand on met trop son ouverture d’esprit et son amour de l’anticonformisme à l’épreuve. Comme assister à une course poursuite, ou à une bagarre.
Mais je pense que tout ça est un ensemble, il n’est pas idéal mais “es lo que hay” comme disent les espagnols (c’est ce qu’il y a), à prendre ou à laisser. Bien sûr, ça changera, tout change ! 2013, Euroméditerranée, les néos marseillais, le plan Ayrault… mais aussi la plupart d’entre nous.
Un jour, on ne verra plus un vieux monsieur avec un flingue dans le pantalon en ville, ou alors ce sera un flic proche de la retraite, il y aura plus de filles sexy que de prostituées en centre-ville, la Canebière ne sera plus parée de papiers gras, il y aura peut-être de nouveau des cafés ouverts toute la nuit, finis les sdf, ce seront de jeunes étudiants qui picoleront. Allez, il y aura peut-être un Mk2, et après le film on pourra avoir une réduc pour manger dans une brasserie Flo ! Le samedi, les bars seront ouverts plus tard, ensuite, des boîtes accueilleront les mêmes personnes moyennant 10 ou 15€, ce sera plus cher autour du Mucem ou du Silo.
Ce jour là, je pense que je serai dans un bar de jazz – hip hop vers Longchamp, vestige d’une époque, en train de ressasser des souvenirs de quand cette “ville de merde” nous surprenait tous les week-ends. Mais en attendant que ça change, je compte bien profiter “de lo que hay”, sinon, je raconterai quoi devant mon cognac au bar de jazz ?
* A entendre crié dans “Rue de Rome” de Munk à 4’35
Commentaires
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vite que je redescende vivre à marseille, avant que cette ville ne devienne trop formatée pour ressembler à la capitale 😉
merci de ton article…
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tu sais qu’on sera content de t’y revoir ! Et au pire, j’organiserai une soirée “à l’ancienne” chez moi pour fêter ton retour… A bientôt alors 😉
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Attention avec les brasseries Flo hein, c’est un peu la famille! (et je ne blague pas!)
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j’en prends bonne note, je blaguerai donc sur les Hippopotamus dans les billets à venir
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