Aix, je t’aime ma petite bourgeoise !

Pour être un vrai marseillais il paraît qu’il faudrait détester Aix-en-Provence, à chaque fois je pense à cette scène de Marie-Jo et ses deux amours où Arianne Ascaride déplore que Paris soit si loin, quelqu’un suggère qu’on l’installe a la place d’Aix : ce serait plus près de Marseille “et en plus on serait définitivement débarrassé d’Aix” ! Ambiance… ça me fait rire, mais moi j’aime Aix.

Allez, c’était la gay pride ce week-end, je peux faire mon coming out : j’aime Aix ! Oui, non seulement je ne la déteste pas, mais pire encore : je l’aime ! J’aime ses petites rues, ses fontaines, ses drapeaux provençaux, son ambiance estudianto-bourgeoise, son côté Disney, ses madames qui ont des sacs plus chers que mon loyer… J’ai l’impression de renouer avec ce que mes parents auraient aimé de moi, avant d’être happé par Marseille.

Fous ton polo ! Fous ton polo !

Aix, c’est l’escapade bourgeoise à seulement 25 minutes de Marseille ! Un coup d’easy-navette et on sort pour quelques heures de la folie marseillaise, on marche en ville sans éviter les voitures garées sur le trottoir, on entend plus klaxonner toutes les 5 minutes, on découvre une autre mixité (parisiens, suisses, scandinaves…), on voit des gens jouer aux riches, on joue un peu au riche aussi ! Alors, c’est vrai que l’on peut faire ça dans le 8e mais c’est pas pareil, ça fait un peu faux, là, ça a l’air dans l’ordre des choses.

J’aime l’absurdité de l’existence d’Aix, est-ce que Liverpool ou Naples ont leur Aix ? C’est comme la petite sœur insupportable de Marseille, celle qui avait les bonnes notes, les bons copains, à qui les parents souriaient et faisaient des cadeaux… pendant que la grande souillon essayait de bien faire mais préférait passer du temps à la plage avec ses copines.

Et le plus fort d’Aix, c’est qu’ils s’y croient complètement, pas comme le “craint degun” (plus agressif que sincère) de Marseille, non non, ils vivent pleinement leur délire paranoïaque. Ce qui renforce le côté Disney. Il n’y a qu’à écouter la Baronne Maryse pour se rendre compte de l’étendue de la pathologie, ou lire cette envolée lyrique de Dominique Bluzet à propos de la création du Festival de Pâques à Aix en 2013 :

“Aix est une ville hors norme, le Beau fait partie de ses gènes et son appétence pour l’art, son désir de partager en font le terreau idéal pour une ambition culturelle. Car si Paris n’est pas la France, Aix-en-Provence sera la musique”

Amen ! Et on parle bien de délire paranoïaque hautement systématisé, car une fois assumé le dogme “Aix est la meilleure”, tout le reste est parfaitement logique et organisé. On ne manque pas d’ambition du côté du Cours, et on se moque de ce que diront les autres, un peu à la manière d’un Georges Frêche d’ailleurs, et de son “Montpellier la surdouée !”

Enfin, avec tout ça, j’habite toujours Marseille, parce que le meilleur de Disney, c’est que l’on y vit pas à l’année. Et puis, malgré un côté petit bourgeois dont je ne me décrotterai probablement jamais, je préfère encore les souillons !