Champagne à l’aéroport Marseille-Provence ?

D’abord l’ouverture de la base Air France, “c’est presque une mini-compagnie aérienne qui s’installe” pour le Président de la CCI, puis le faux départ de Ryanair, l’arrivée de Vueling, et le renforcement d’Air France annoncé hier… Les responsables de l’aéroport doivent prendre un pied monumental lorsqu’on sait la concurrence que se livrent les aéroports régionaux pour attirer de nouvelles compagnies et ouvrir toujours plus de lignes.

Il y a quelques années, c’était un peu la galère pour voyager depuis Marseille, il fallait débourser des fortunes et souvent faire escale à Paris ou ailleurs… Au fur et à mesure des années, le nombre de dessertes a énormément augmenté, et avec lui le nombre de passagers transportés.

On peut dire qu’ils ont sur profité à fond du boom des low-cost, aux dépens des enjeux sociaux et environnementaux, en attirant la compagnie n°1 sur ce secteur : Ryanair, sans pour autant rompre avec les autres (même si elles investissent beaucoup moins qu’ailleurs), et en accueillant la première base régionale d’Air France.

Là dessus, on se demande jusqu’où pourra aller le low-cost avec un pétrole de plus en plus cher et une planète qui flambe ? Il faudra bien que nous réduisions tous notre consommation énergétique, et tant que les appareils n’auront pas changé, “se payer un petit week-end à Malaga” pour 50€ A/R revient à faire un gros bras d’honneur à l’environnement et au réchauffement climatique. Ce n’est pas absurde de penser que les gouvernements imposent un jour aux compagnies d’intégrer le coût environnemental au prix du billet d’avion, ce qui reviendrait à tuer le low-cost (ou les obliger de s’équiper en avions propres).

Le trafic passagers s’élève aujourd’hui à plus de 7,5 millions, et selon la CCI, on peut encore mieux faire (objectif 10 millions en 2015) sans construire de nouveaux terminaux, même s’ils aimeraient bien faire partir les Canadairs à Salon pour récupérer un peu de place. Les grands événements devraient aider à doper le trafic, surtout à l’international, car c’est là qu’est le véritable enjeu. Le trafic Marseille – Paris/Toulouse/Strasbourg/Barcelone et même Lille, Nantes ou Bordeaux et appelé à réduire un jour où l’autre au profit du train à grande vitesse. Tout dépend quand seront construites les lignes.

Non, ce qui excite tous les grands aéroports français en ce moment, c’est le vol direct vers New-York, Dubaï, Pekin, Singapour, Chicago… Aujourd’hui, seuls Paris et Nice sont connectés aux Etats-Unis et à un des hubs du Golfe. Lyon s’y est cru à un moment : le Lyon – New-York a été remis deux fois en place, deux échecs, Air India a parlé d’y installer son hub européen mais rien de neuf depuis…

Et voilà qu’Emirates a annoncé début septembre qu’ils comptaient ouvrir un direct depuis Lyon, Marseille ou Toulouse. J’imagine à peine le niveau de stress des responsables du développement des aéroports depuis l’annonce… Lyon doit imaginer qu’il est impossible que le morceau leur échappe, Marseille doit être prêt à tout pour damer le pion aux gones, et Toulouse doit bosser sérieusement en se disant qu’on ne sait jamais : Lyon étant trop proche de Genève et Marseille de Nice, tout est ouvert. Mais bref, ça doit transpirer dans les chemises Célio !

A noter que dans ses propositions de réseau européen de transport, Bruxelles n’a pas retenu Marignane… quel en sera l’impact ? Difficile à dire pour l’instant mais on se dit que dans ce genre de classement, il vaut mieux y être quitte à ce que ça ne serve à rien.

En bref, Marseille comble son retard sur les moyen-courrier en misant sur le “système” low-cost (de nombreuses destinations ne sont pas desservies tous les jours), et se rapproche petit à petit du niveau de service de Lyon. Ce qui leur permet de mettre le paquet sur le développement des lignes internationales symboliques citées plus haut, qui “font” d’un aéroport une plateforme réellement importante. Et là, promis, ils se la mettront grave à la Veuve Clicquot.