À Belsunce, l’ancien parking de la Providence va enfin démarrer sa mue en espace public

Le parking de la Providence, à Belsunce. (Photo C.By.)

“En mars ou en avril. C’est certain, tout cela va démarrer incessamment sous peu.” Conseillère municipale de Marseille, déléguée notamment à l’amélioration des espaces publics, Perrine Prigent (Printemps marseillais) confirme le calendrier. L’annonce a d’abord été faite à Marsactu par les services de la Soleam, la société d’aménagement de la métropole, qui va piloter ces travaux : “Nous espérons entamer le chantier de requalification de la place de la Providence courant mars, dès que les plannings seront recalés”.

La Providence. Derrière ce joli nom, une place au cœur de Belsunce (1ᵉʳ arrondissement), comme l’indique la plaque bleue de dénomination de rue. À y regarder de plus près : un parking sauvage. Il y a un an, sur fond de bras de fer entre les grossistes en textile ou en bijouterie du quartier, le parking Effia – fermé en prévision des futurs travaux – avait été rouvert avec la bénédiction des commerçants de la place.

Verdissement et vie économique

Depuis deux ans, et la concertation autour du projet, ils s’inquiètent de la fermeture de cet espace dans lequel peuvent se ranger quelque 80 voitures. “Nous ne sommes pas contre la requalification dans une forme d’opposition systématique. Mais nous souhaitons qu’elle tienne compte des besoins des grossistes, notamment en termes de places de stationnement, dans un quartier qui a toujours été commerçant”, pose Thérèse Basse, présidente de l’Acam, association des commerçants et artisans de Marseille Belsunce. “Nous sommes conscients de la nécessité du verdissement de la ville et de la création d’espaces verts, mais pas au détriment de la vie économique.”

Les choses se sont débloquées récemment. Là, tous les feux semblent au vert.

La Soleam

Devant l’émotion suscitée, la métropole avait néanmoins interpellé la Ville de Marseille à l’automne 2023 sur “son attachement” au projet. “Oui, il y a eu des courriers de ceci et de cela”, reconnaît la maire des 1er et 7e arrondissements, Sophie Camard (Printemps marseillais). “Mais il me semble que nous sommes tous d’accord sur le fait qu’on ne peut pas garder un parking sauvage comme ça en plein centre-ville de Marseille. Il va y avoir des réunions avec la Soleam bientôt pour redire : On y va !  Nous sommes à un moment clef”, dit-elle. Même tonalité du côté de la Soleam : “Il y a le temps politique et le temps technique. Les choses se sont débloquées récemment. Là, tous les feux semblent au vert.”

L’ancien parking de la Providence, dont la gestion avait été confiée à Effia, a été fermé en octobre 2022, puis rouvert par des riverains. (Photo C.By.)

Marchés passés

Comme d’autres représentants de la vie du quartier, Thérèse Basse a reçu il y a quelques jours des courriers de la Ville et de la métropole annonçant “que les opérations allaient reprendre”. Une réunion rassemblant les différents acteurs de la requalification va se tenir fin février pour arrêter modalités et dates. “Ce sera un temps d’échanges techniques pour tout cadrer et s’assurer que le projet démarre au mieux”, synthétise Perrine Prigent.

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Au cœur de ce “calage”, la nécessité qui s’impose de libérer l’espace en surface des véhicules – dont un nombre certain de voitures ventouses – qui s’y trouvent. Une délibération débattue ce jeudi 22 février lors du conseil métropolitain prévoit  “la réalisation de travaux de décapage préalables aux fouilles archéologiques sous réserve de la libération de l’ancien parking de surface”. Yves Moraine, conseiller métropolitain au sein de la majorité de Martine Vassal et président de la Soleam, insiste : “La Soleam a passé les marchés avec les sociétés de travaux et l’institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) pour les fouilles. Pour ce faire, il convient qu’il n’y ait plus de voitures en surface”.

“Point dur”

Évidemment, comme l’admettent les services de l’aménageur Soleam, ce temps d’évacuation sera “un point dur”, “un moment de crispation” avec les usagers de ce parking sauvage. “Il y a forcément la crainte que les gens ne le prennent pas avec le sourire”, souffle une source. Il conviendra de déterminer à quelle autorité incombe la libération des lieux : à la métropole, pour Perrine Prigent qui conçoit ce lieu comme “un espace public” puisqu’il ne s’agit plus officiellement d’un parking ; ou à la mairie de Marseille via “la fourrière municipale” ou “le pouvoir de police du maire”, selon Yves Moraine pour qui la “Soleam n’a pas le pouvoir juridique d’enlever les voitures sur la voie publique”. 

Je suis ouverte à l’idée de travailler cet espace en fonction des usages mais il faut d’abord lancer ces travaux.

Sophie Camard, maire de secteur

Une fois la place dégagée, viendra le temps des fouilles préventives. Elles dureront quatre mois, au bas mot. “Tout dépend de ce que l’on trouvera”, glisse dans un sourire Perrine Prigent, sous sa casquette d’élue chargée de la valorisation du patrimoine. Viendra alors le temps d’affiner “le dessin” de la requalification comme le résume Sophie Camard. “L’idée est d’abord d’enlever ce parking et puis d’y mettre un parc, un espace public avec des arbres évidemment”, cadre la maire de secteur. “Ensuite le dessin n’est pas définitif. Il faut bien cerner les usages des uns et des autres, habitants comme grossistes, pour aller ensuite plus finement dans la programmation du projet. Je suis ouverte à l’idée de travailler cet espace en fonction des usages, mais il faut d’abord lancer ces travaux.” Thérèse Basse ne demande pas mieux. La porte-parole des commerçants rêve d’une rénovation urbaine qui permette “de concilier la logique institutionnelle et les besoins économiques de Belsunce pour arriver à une entente qui profite à tout le quartier”.