Face aux riverains, le comité de pilotage de la future salle de shoot tente de tenir le cap
Lundi soir se tenait la première réunion publique autour de la salle de consommation de drogue qui doit ouvrir boulevard de la Libération, à Marseille. Un exercice d'équilibriste pour les porteurs du projet, dont la Ville, qui ont oscillé entre modération, information et défense de l'initiative face à des habitants plus qu'inquiets.
Face aux riverains, le comité de pilotage de la future salle de shoot tente de tenir le cap
“Le comité de pilotage a fini par céder, vous pouvez entrer.” C’est par ce message que le service de communication de la mairie de Marseille a informé la presse : les médias peuvent finalement assister à la réunion d’information qui a lieu ce lundi soir. Il est 18 h 20 quand Marsactu, qui s’est passé du carton d’invitation pour se faufiler dans la salle, reçoit le message. Entre 100 et 150 personnes ont pu s’inscrire à l’événement – “le lien n’est resté en ligne que quelques heures et on l’a appris par le bouche-à-oreille”, nous glisse un riverain. Elles avaient rendez-vous à 18 heures au 110, boulevard de la Libération. C’est ici que devrait voir le jour la halte soin addiction, aussi appelée salle de consommation à moindre risque, ou plus communément, salle de shoot.
Face aux riverains, le comité de pilotage du projet marseillais est au complet. Représentantes du procureur, de la préfecture, des forces de l’ordre, de la mairie centrale, de secteur, de l’Agence régionale de santé, de l’association Asud mars say yeah… Personne ne manque à l’appel. Didier Jau, en tant que maire (EELV) des 4/5, se pose en “garant de la discussion“. Mais c’est François Crémieux, le directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), qui est en charge de modérer les échanges. Un exercice d’équilibriste, vu le sujet inflammable à l’ordre du jour.
Extrême droite dans la salle et questions en série
Un temps qualifiée de “réunion d’information”, puis de “réunion publique” et enfin de “concertation”, la soirée a surtout illustré les difficultés du dialogue. Comme scindée en deux, la pièce accueillait des opposants farouches au projet, mais aussi de nombreux soutiens. Si l’extrême-droite n’a pas manqué de prendre la parole – le sénateur Reconquête Stéphane Ravier ainsi que la conseillère municipale RN Éléonore Bez étaient présents, mais se sont fait huer – ce sont majoritairement des riverains qui ont pris part au débat.
Y a-t-il une immunité pénale autour des écoles ?
“L’association porteuse du projet est-elle pour la légalisation ?” ; “je m’interroge, une halte soin addiction ne doit-elle pas se trouver à proximité des lieux de consommation ?” ; “Peut-on connaître les chiffres des HSA qui ont marché ?” ; “Y a-t-il une immunité pénale autour des écoles ?”. Des questions auxquelles les porteurs de projet étaient préparés, et ont répondu en luttant, parfois, pour finir leurs phrases. Oui, Asud est pour la dépénalisation et le soin plutôt que la répression. Oui, plusieurs textes officiels imposent qu’une HSA se trouve à proximité des lieux de consommation de drogue. Oui, il y aura une immunité pénale dans un périmètre autour de la salle.
Au travers des exclamations, des huées ou des applaudissements à outrance après les prises de paroles de riverains inquiets, quelques informations ont pu passer. Le périmètre de sécurité, et ce qui y sera exactement toléré n’est pas encore fixé, précise ainsi Sylvie Odier, magistrate au parquet de Marseille en charge de ce dossier. “Mais sans celui-ci, la salle n’a pas de raison d’être”, poursuit la représentante du procureur. Côté police, des rondes seront effectives et renforcées dans le secteur. “Des équipes de l’AP-HM, dont des psychiatres, seront sur place”, rappelle pour sa part François Crémieux. Mais l’incompréhension la plus profonde des riverains reste dans le choix de la localisation. Et la proximité avec plusieurs écoles.
“Le lieu parfait n’existe pas”
Pour les habitants présents, dont nombre de personnes âgées, mais aussi beaucoup de jeunes parents, difficile de comprendre pourquoi ce projet se retrouve sous leurs fenêtres dans les 4/5, et non, comme évoqué précédemment, dans le 1ᵉʳ arrondissement, où se trouvent la plupart des “scènes ouvertes” de consommation de drogue. “Nos enfants vont tout seuls l’école, qui va les accompagner ? C’est vous madame la préfète ?”, lance ainsi une mère qui se fait un sang d’encre, loin d’être la seule dans la salle. Michèle Rubirola, l’adjointe à la santé de la Ville de Marseille, finit par s’agacer : “À chaque fois la population alentour ne veut pas car elle a peur, dans tous les lieux cela va déranger quelqu’un. Mais vos enfants, peu importe où ils vont, vont croiser quelqu’un qui consomme, car il y en a partout !”
Sur ce point crucial, ce sera le directeur de l’AP-HM qui aura le dernier mot. “Le lieu parfait, il a un intérieur et un extérieur, il est adossé à l’hôpital et il doit aussi être accessible des autres lieux de consommation, synthétise François Crémieux, qui jusqu’alors s’attachait à faire circuler la parole. Le lieu parfait n’existe pas. Notre mission maintenant, celle des gens qui sont autour de cette table, sera d’être présent ici, la veille, le jour et les années qui vont suivre l’ouverture de cette salle et de vous rendre des comptes.”
Certains pensent que la ville n’est qu’à eux, mais une ville, ça se partage.
Une habitante
Outre les têtes connues dans le domaine de la réduction des risques liés à la consommation de drogue Marseille, travailleurs pairs et autres bénévoles d’associations, quelques habitants favorables au projet, dont certains ont aussi rappelé leur casquette de parents, ont pu prendre la parole. “Je suis maman d’un ado et je suis contente que pour une fois, l’État bouge. Je suis pour essayer cette solution qui est une chance pour Marseille. Certains pensent que la ville n’est qu’à eux, mais une ville, ça se partage”, lance ainsi une dame au fond de la salle. “Une folle”, pour d’autres participants. Une autre réunion doit se tenir ce mercredi. D’autres pourront suivre. Pas sûr qu’elles réconcilient opposants et soutiens à l’ouverture d’une salle de shoot à Marseille. Mais la concertation fait partie du processus légal pour ce projet expérimental, qui aujourd’hui, attend toujours la signature du ministère de la Santé pour pouvoir voir le jour.
Commentaires
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Attention coquille “Pascal” Crémieux dans la légende d’une photo
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Il faudrait pouvoir rassurer les personnes inquiètes avec des videos sur d’autres centres, avec des interviews de riverains autour de ces centres déjà fonctionnels, et des témoignages de consommateurs.
Et puis des chiffres : y a t-il plus de pbs autour des centres après leur implantation ?
Leur montrer du concret pour éviter les fantasmes et les rumeurs.
Certains croisent des consommateurs tous les jours en allant faire leurs courses sans même s’en rendre compte..
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Oui…
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A priori de ce que j’ai entendu et lu, et un peu vu, ces centres ne posent pas plus de problèmes que ça dans les quartiers des autres grandes villes où ils sont implantés.
évidemment, des exemples concrets, des témoignages et des chiffres pourraient rassurer la population alentour.
on peut comprendre l’inquiétude, la réalité dans ces quartiers sur ce sujet de la drogue est complexe.
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Il n’y a pas beaucoup d’exemples actuellement, du moins en France, où les élus freinent le plus souvent courageusement des quatre fers pour empêcher la création de tels lieux.
Mais les deux salles qui existent sont déjà anciennes (2016), et il y a suffisamment de recul pour en tirer quelques conclusions, comme par exemple dans cet article : https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/decryptage-strasbourg-pourquoi-la-salle-de-shoot-experimentee-a-l-hopital-civil-depuis-2016-affiche-un-bilan-positif-2113132.html
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Des chercheurs ont étudié cette question. Directrice de recherches à l’Inserm, Perrine Roux était interviewée dans l'”article vivant” de Violette. Vous pouvez retrouver leur échange en vidéo ici https://marsactu.fr/video-marseille-en-manque-de-salle-de-shoot-quand-la-ville-ignore-ses-toxicomanes/
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Il y aura une immunité pénale dans un périmètre autour de la salle ET des rondes de police renforcées. Ils vont s’ennuyer nos braves policiers, à moins que les voitures mal garées ne servent d’exutoire à une oisiveté commandée.
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à Lille le projet a été refusé par le gouvernement ! ce lieu ne répond pas à l’ensemble des critères (ECOLES à proximité et beaucoup trop de riverains) il faut faire de même : REFUSER CE PROJET ! https://actu.fr/hauts-de-france/lille_59350/salle-de-shoot-a-lille-pourquoi-elle-n-ouvrira-finalement-pas-pour-le-moment_45973314.html
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Aaaah, j’étais étonnée que les anti-soins mettent autant de temps à commenter cet article. Ouf, ils sont là, et avec des réparties toujours plus intelligentes et altruistes que les autres.
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Aucune confiance dans ces promesses d’un jour. Il n’y aura pas plus de flics, l’APHM changera de directeur qui ne mettra jamais les pieds dans ces locaux, la mairie laissera le quartier se dégrader comme elle le fait à la place Labaie( en essayant de déplacer le problème)
Que des promesses en l’air pour faire plaisir à Rubirola dont la parole est complètement décridibilisée.
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Pfff n importe quoi concernant Labadie. Ça recommence vos intoxs!
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On sait si Sophie Camard est venue assister à la réunion ? Vu qu’elle semblait terrifiée à l’idée d’avoir une salle dans son secteur, là où se concentre pourtant la plupart des usager.e.s, ça aurait été bien de savoir si ça l’avait un peu rassurée…
Pour le reste, il y en aurait beaucoup à dire sur ce type de réunions. Du peu que j’en ai vu, de ce que j’ai pu en lire et en entendre, c’est toujours le même type de public qui se fait remarquer : les opposants, bien souvent d’un certain âge, qui monopolisent la parole, se montrent agressifs et veulent imposer leur vision aux autres. Et puis, des grappes qui piaillent à chaque prise de parole, n’ont aucune espèce de patience, de diplomatie voire même de politesse.
Enfin, c’est tout à l’honneur de la mairie de pousser ce projet, même si ça risque de lui coûter sur le plan politique.
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Pourquoi ne pas installer ce type de salle du côté de Vauban, avenue de la Corse ou rue Dragon. Personnellement je pense cela contribuerait à améliorer la mixité sociale dans cette ville. C’est juste une remarque et je comprend que dans le 1er qui cumule pas mal de pb à gérer la mairie de secteur ait eu quelques réticences. Partager n’est pas un mot vain ou alors …
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Les HSA doivent être proches des zones de consommation, et il faut croire que la chnouf des bourgeois de Vauban ne compte pas dans le lot :p
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La maman qui se fait un “sang d’encre” ferait sans doute bien de lire l’excellent magazine Marseillais du même nom, édité par l’association nouvelle aube, qui aborde le sujet de façon assez intéressante
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