Surprise ! Dès octobre, le métro marseillais fermera à 21h30 en semaine pour au moins un an

Les rames du métro marseillais. (Photo : Tom Bertin)

En ce début d’automne, le service du métro marseillais est prolongé jusqu’à 1 h 30 les soirs de match du mondial de rugby. Mais la fin de la coupe du monde ne sonnera pas un retour à la normale pour les usagers de la RTM. Selon des informations vérifiées par Marsactu, à partir du 23 octobre, en semaine la dernière rame quittera son terminus à 21 h 30. Soit une fermeture totale au public dès 22 heures, sur les deux lignes de métro. Et ce pour une durée indéterminée, courant au minimum jusqu’à fin 2024.

Du lundi au jeudi il sera donc impossible de prendre le métro en soirée mis à part lors de certains évènements tels que les soirs de match de l’OM, la période des Jeux Olympiques en 2024 ou encore les fêtes de fin d’année. Selon les calculs de la régie des transports, environ 6 000 usagers circulent aujourd’hui en métro les soirs de semaine, le dernier départ s’effectuant à 00 h 30. L’annonce va avoir comme une impression de retour dix ans en arrière pour les Marseillais : ce n’est que depuis le 1ᵉʳ mars 2013 que les rames circulent après 21 h en semaine.

Période de test

Raison de ce raccourcissement de l’offre ? La plage horaire libérée permettra aux agents de la régie des transports métropolitains de tester jusqu’à 4 heures les nouvelles rames Neomma, qui devront être complètement en service en juin 2026 pour la ligne 2 et en juillet 2027 pour la ligne 1. Les périodes de tests et travaux pourraient donc “très probablement” affecter le réseau jusqu’en 2027, avec la fin de l’automatisation des deux lignes.

Pour pallier cette réduction importante de l’offre, dès 21 h 20, une trentaine de bus de substitutions seront déployés par la RTM. Soit à peu près le parc déployé sur la ligne du littoral sud (83) l’été. Le tracé suivra les arrêts des deux lignes de métro et nécessitera des aménagements pour créer des arrêts là où ils sont aujourd’hui inexistants. La fréquence prévue sera d’un bus toutes les dix minutes pendant toute la soirée. Des agents seront mis en place sur le réseau pour réorienter les usagers vers les nouvelles stations de bus.

Il y aura inévitablement des gens qui devront changer leurs habitudes.

Denis Costopoulo, RTM

Denis Costopoulo, directeur général adjoint d’exploitation de la RTM admet néanmoins que ce dispositif ne satisfera pas pleinement : “Il y aura inévitablement des gens qui devront changer leurs habitudes, c’est clair. Le bus, ce n’est pas la même offre que le métro. On en est conscients, mais on n’a pas beaucoup le choix.”

La RTM souligne auprès de Marsactu l’importance de cette phase d’essai : “On n’est pas sur un petit chantier de changement de radiateur ou de climatisation. Ces tests sont absolument indispensables pour savoir comment la rame vit sur le réseau.” Produites par Alstom à Valenciennes, les futures rames ont déjà subi une série d’essais sur le site de production. Il s’agit désormais de les faire évoluer en conditions réelles, avec le changement de guidage qui permettra à terme de se passer de conducteurs. En plus d’être testé, le système d’exploitation a besoin d’être déployé, avec, par exemple l’installation des portes automatiques sur les quais. “La difficulté est de faire encore vivre le vieux métro tout en déployant le nouveau”, insiste Denis Costopoulo.

Une alternance des plannings des conducteurs de métro sera mise en place. Étant donné l’automatisation des nouvelles rames, peu de conducteurs seront nécessaires au bon fonctionnement de ces essais. Un sujet qui a été évoqué lors des dernières négociations entre la métropole et les syndicats. Dans l’édition du samedi 9 septembre de La Provence, on apprenait que des roulements seraient de mise “pour minimiser la perte de salaire des agents postés de nuit”. C’est au détour de cet article que l’information de la fermeture du métro a filtré. Sans plus de détails.

Défaut de communication

À un mois de l’échéance, les service de la RTM tentent “d’accélérer le mouvement” dans leur communication.

Car au-delà de ces questions d’organisation, une étape semble avoir été oubliée par la métropole et sa régie, la RTM : prévenir les usagers qui ne pourront plus compter sur les métros aux horaires habituels. Fin juillet, lors de l’arrivée de la première rame, accueillie par la présidente de la métropole Martine Vassal et de la ministre Sabrina Agresti-Roubache, aucune mesure de ce type n’avait été évoquée. À seulement un mois de l’échéance, aucune communication n’a été mise en place. Au sein de la régie, on dissimule mal une forme d’embarras sur le sujet. Face aux questions de Marsactu, les services de presse de la RTM et de la métropole se sont renvoyé la balle et n’ont fini par nous fournir des réponses précises qu’après deux semaines de relances.

Interrogée en marge du conseil municipal du vendredi 15 septembre, la présidente de la RTM, Catherine Pila (LR), entretenait, elle aussi, ce flou : “Pour l’instant rien n’est décidé, on est encore en train de travailler au sujet. Il y aura une communication officielle dans quelques jours en fonction des différentes options. On essaie de gêner au moins les usagers, mais c’est pour un mieux-être pour eux.”

Informées de la parution de notre article, les équipes de communication de la RTM seraient désormais en train “d’accélérer le mouvement” et de “consolider tout un tas d’info pour éviter qu’il y ait des approximations ou des inexactitudes”. À moins d’un mois d’un changement majeur dans l’offre de transports, il était peut-être temps.