Mise en accessibilité de la station de métro Castellane : un renoncement à 1,4 million
Il y a deux ans, la métropole décidait de repousser à plus tard l'installation d'ascenseurs dans la station Castellane pour ne pas faire coïncider les travaux avec ceux du tramway. Aujourd'hui, la facture causée par ce revirement arrive.
Castellane est la deuxième station de métro la plus fréquentée de Marseille. (Photo : ML)
Au Vieux-Port, on creuse depuis janvier 2023. Place Jules-Guesde, à la Timone et au rond-point du Prado, le chantier d’installation d’ascenseurs a démarré en mai, tandis qu’il se poursuit à Saint-Charles. Pour ces stations marseillaises, les grands travaux ont démarré “pour un métro accessible à tous” avant les Jeux olympiques 2024. Mais à Castellane, deuxième station la plus fréquentée du réseau RTM, où se croisent les deux lignes, c’est seulement la facture qui se creuse.
Lors du dernier bureau de la métropole, le 29 juin, les élus ont entériné le versement de 425 252 euros à la société Egis, associée au cabinet d’architectes Fayel. Cet accord vient solder les comptes du report du projet de mise en accessibilité, repéré par Marsactu en août 2022. La délibération officialise ainsi le motif : les “conséquences environnementales liées aux commerçants et les interfaces [du projet] avec l’opération d’extension du tramway“.
Recherche d’alternatives
Le texte remis aux élus retrace aussi l’historique de ce coup de frein. Il est amorcé en avril 2021 par une “suspension des missions” par la métropole. Deux mois plus tôt, l’absence de Castellane dans les stations incluses dans la demande d’aide au plan de relance de l’État constituait un premier signal défavorable. Un enlisement confirmé par l’“arrêt” des missions en septembre de la même année. Après avoir topé pour 937 245 euros en 2019, les deux parties en sont finalement quittes pour près de 1,4 million.
Car entre temps Egis a réalisé plusieurs études complémentaires non prévues au contrat, à l’origine d’une partie de la rallonge. Leur objectif : tenter de faire cohabiter le chantier du tramway et celui des ascenseurs. Et plus précisément, la “recherche d’alternatives de phasage” et de “variantes programmatiques” demandée par la métropole “suite à l’évolution du projet du tram, et à l’évolution de la problématique des emprises chantier vis-à-vis des riverains et des commerçants notamment, liée aux conséquences de la pandémie de Covid 19″. Il s’agissait de “réduire ou de décaler les impacts”.
Le chantier “aurait duré deux années de plus” si tramway et accessibilité avaient été réalisés en même temps, assure la métropole.
De manière pas assez convaincante, semble-t-il. “La combinaison des deux chantiers, tramway et accessibilité PMR, aurait conduit dans ce contexte à une réalisation simultanée, entraînant des impacts circulatoires insolubles, d’énormes difficultés de co-activité pour les entreprises conduisant à un phasage complexe pour les travaux des deux opérations”, assure l’institution, dans une réponse écrite. L’opération, poursuit-elle, “aurait duré deux années de plus pour les deux chantiers superposés”. Entamés début 2022, les travaux de l’extension du tramway devraient s’étirer jusqu’en 2025.
Rouvrir les pavés en 2026
Sollicitée à la sortie de la séance, la présidente de la RTM Catherine Pila (LR) ajoute un autre point de friction, absent de la délibération, comme de la réponse écrite. “Nous n’avions pas le choix, sinon nous aurions retardé le processus d’automatisation du métro, assure-t-elle. On est dans une ère qu’on n’a jamais connue, avec un développement des transports qu’on n’a jamais connu. Tout avance en même temps et on ne peut pas se permettre qu’un projet en freine un autre.” Plus précisément, la métropole et son opérateur auraient fait un choix entre un projet à 580 millions d’euros, l’un des plus importants des dernières décennies à l’échelle du réseau, et l’amélioration plus spécifique des conditions d’accessibilité à Castellane.
Après cette résiliation du marché, un nouveau contrat devra être passé pour relancer ce chantier. Mais aux yeux de la métropole, ce million et demi d’euros n’aura pas été dépensé en pure perte. “Il est indéniable que les études précédemment réalisées sont complémentaires et permettent d’enrichir la réflexion et de définir un nouveau programme de l’opération de mise en accessibilité (positionnement des puits d’attaque, modification des méthodes d’exécution…).”
Les conséquences de ce choix, assumé par Catherine Pila, ne s’arrêtent cependant pas là. La reprise du projet, qui prévoit la pose de sept ascenseurs, dont deux en surface, conduira en effet à creuser à nouveau dans une place Castellane tout juste réaménagée. “Nous réinterviendrons dans le périmètre”, confirme l’élue. Le redémarrage est désormais annoncé pour le 3e trimestre 2026, avec une mise en service mi 2029. Ainsi, les commerçants n’échapperont pas à trois ans supplémentaires de travaux, après les trois ans du tramway.
Commentaires
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Le tramway aura été une catastrophe à Marseille. Des travaux interminables qui impactent fortement la vie commerciale des voies en chantier (la rue de Rome ne s’en est pas relevée) qui débouchent sur un quasi doublement de plusieurs lignes du métro (Cinq-Avenues / Joliette, Canebière / Castellane et maintenant Castellane / Sainte Marguerite) au détriment de quartiers entiers qui restent très mal desservis Pourquoi ne pas avoir décidé de créer des lignes de trolleybus en site propre qui ne demandent pas de reprendre toutes les liaisons en sous-sol? La rapidité de mise en fonctionnement aurait fluidifié une partie de nos déplacements ces dernières années. De plus, la mobilisation pour le tramway de sommes considérables a certainement retardé la modernisation et la mise aux normes du métro dont la première ligne a été inaugurée il y a 46 ans (1977)…. Bref un fiasco complet.
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Oui Marseille aurait dû choisir l’exemple de Bordeaux.
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Le trolleybus est une bonne option pour remplacer les bus, mais n’offre pas le même niveau de service qu’un tramway. Entre tramway et bus on a Bus à Haut Niveau de Service (qui peut être assuré par des trolleybus d’ailleurs), mais pour que cela fonctionne il faut une infrastructure dédiée et respectée par les automobilistes
Or à Marseille les rares couloirs pour autobus (trolleybus) ne sont que peu respectés, surtout s’ils ne sont pas séparés physiquement de la circulation générale. Et comme la police municipale ne les fait pas respecter en interdisant leur emprunt par d’autres véhicules et le stationnement sauvage ils sont peu efficaces.
Il est plus rare de voir des voitures sur les voies du tram, encore qu’il suffise de passer quelques minutes sur le cours Belsunce pour voir que ce n’est pas anecdotique.
Malheureusement l’anarchie marseillaise, pas combattue par les autorités (voir encore récemment le bus bloqué sur la corniche pas un véhicule stationne à moitié sur le trottoir dans un virage) fait qu’une telle solution n’aurait probablement pas apporté de gains en vitesse commerciale par rapport au bus. Or pour qu’un transport en commun soit efficace il faut qu’il soit rapide.
De ce point de vue l’abandon de l’extension du métro est une catastrophe : Marseille payera longtemps l’incurie de ses dirigeants depuis des décennies.
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L’abandon du métro est en effet une très grave erreur et pire, “perseverare diabolicum est”, on veut continuer avec le tramway à la Belle de Mai, en démolissant au passage ce qui reste de façades commerciales dans ce quartier difficultés!
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@Syol. Il serait bien sûr obligatoire de matérialiser physiquement les couloirs des trolleys comme ceux des tramways (cf: boulevard Chave). Concernant le niveau de service: le coût moindre des trolleybus articulés en site propre permettrait de les multiplier pour offrir le même niveau de service que le tramway.
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la verbalisation automatique fonctionne bien sur des feux et les couloirs des BHNS ne me semblent empruntés par des véhicules gênant que sur des portions ponctuelles .
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Je peux comprendre que “La combinaison des deux chantiers, tramway et accessibilité PMR, aurait conduit dans ce contexte à une réalisation simultanée, entraînant des impacts circulatoires insolubles, d’énormes difficultés de co-activité pour les entreprises conduisant à un phasage complexe pour les travaux des deux opérations”.
Même si il convient de noter que dans la plupart des villes réaliser de tels travaux entraîne effectivement des “impacts circulatoires” : ils sont nécessaires pour réaliser les travaux mais aussi utiles pour faire comprendre aux automobilistes qu’il va falloir penser à changer de mode de transport même si ce sera moins confortable.
En revanche je ne vois absolument pas comment la simultanéité des chantiers pourrait impacter l’automatisation du métro, d’autant que Castellanne n’est qu’une station de passage parmi d’autres ! Les travaux liés à l’automatisation se déroulent sur les quais pas en surface. Si quelqu’un peut m’éclairer ?
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« On est dans une ère qu’on n’a jamais connue, avec un développement des transports qu’on n’a jamais connu«
Ah ben ça quand on voit qu’il a fallu des années pour étendre d’une station la ligne 2, effectivement on assiste à un développement qu’on a jamais connu.
Notons que ce développement sans précédent est : un tram (qui double le métro, pour ne pas changer), un accès PMR, l’automatisation du métro. Pendant ce temps le Grand Paris, toujours dans l’objectif JO 2024, mène 4 chantiers de front pour 4 lignes de métro automatisé. A jamais les premiers.
Et puis on ne va pas déroger aux traditions : on finit les travaux pour tout casser et refaire des travaux, car tout faire d’un coup pourrait gêner l’électorat de Vassal, pardon, les commerçants. Espérons que la place Castellane, qui sera sûrement pavée de frais, se retrouvera comme ailleurs à Marseille avec des saignées d’enrobés
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Payer pour préparer des projets, puis payer pour les abandonner, une spécialité de nos gestionnaires rigoureux de droite – ceux-là même qui trouvent que la France est écrasée sous le poids d’une fiscalité excessive.
Ici, la facture atteint 1,4 million d’euros pour rien. Il y a peu, l’abandon du projet de réunion des deux tronçons de la ligne de BHNS B3 avait coûté 415.000 euros – étant entendu que ce projet abandonné a ensuite été relancé ! (https://marsactu.fr/les-deux-kilometres-de-bus-que-la-metropole-va-payer-deux-fois/)
Si nos champions de la gestion des deniers publics étaient à la tête d’une entreprise privée, ils feraient couler celle-ci en quelques mois.
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Rappelez-min qui a coulé la Bonnetterie Gilles?
Réponse : Martine Vassal
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Si Caselli et ses amis ( Payan et guérini) l’avaient fait entre 2008 et 2014, ce ne serait plus à faire !!!! Trop facile de taper toujours sur les memes.
En 6 ans, qu’ont fait Caselli et Payan à la tête de la métropole ?……….
On ne s’en souvient pas
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C’est vrai. Et si Defferre l’avait fait lors de la construction du métro, ce ne serait plus à faire. D’ailleurs, les stations de métro inaugurées à l’époque de Caselli sont accessibles, elles.
Mais ce n’est pas le sujet, ici. Le sujet, c’est l’argent jeté par les fenêtres pour des projets étudiés puis abandonnés ou retardés.
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Peuchere, qu’aurait fait Benoit Payan quand il était à la tête de MPM ? Rien puisqu’il n’était que conseiller communautaire parmi tant d’autres.
Alors qu’à fait Caselli ? 2,5km de métro vers St Barnabé, avec les seules et uniques stations équipées PMR et les seuls Escalators jamais en panne, avec un pôle multimodal 1 la blancarde. Ce n’est pas énorme certes, mais toujours plus que les 0,8km et une seule station du trio de choc Teissier / Gaudin / Vassal.
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Il n’a pas fait !!
Il a inauguré
C’est différent
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Mensonges et incompétence.
Deux chantiers à mener, mieux vaut les coordonner pour tout faire d’un coup plutôt que de les enchaîner et générer des nuisances pendant le double du temps. En les enchaînant, chacun va prendre tour à tour ses largesses et générer le maximum de nuisances. De surcroît, réaliser le chantier d’accessibilité après l’aménagement de surface est inepte, puisque l’aménagement va être dégradé par le chantier d’accessibilité (circulations PL et engins de chantier, etc.) et va donc devoir être repris alors qu’il aura été récemment livré.
Quant à la rémunération supplémentaire d’EGIS (le maître d’oeuvre), c’est l’archétype de la conséquence d’un maître d’ouvrage (la Métropole) qui n’a pas de projet, pas de programme, pas de planning et surtout pas la vista pour anticiper les conséquences de ses actions.
Consternant, une fois de plus.
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le Marché, libre et non-faussé, fait mieux que la main invisible des marchés!
Quand serons nous débarrassés de cette religion…?
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Mon côté littéraire après lecture de cet article, m’a fait penser au mot “nul” . Après une profonde réflexion ,il m’est apparu que ce qualificatif était un peu court .Un peu court, trois petites lettres pour qualifier cet etat de “nul” aux multiples facettes,aux variantes,à l’étendue et à la profondeur de cette endemique nullité marsellaise touchant certaines institutions.
Heureusement la langue française est riche de nombreux synonymes, j’en ai dénombré 23.
Ainsi , au tarif de la nullité facturée à 1,4 millions d’euros, nous pouvons piocher dans la base donnée du Robert et requalifier non plus cette opération du terme de “nul” ,car à ce tarif là il fallait rajouter quelques lettres .7 c’est bien ” bon à rien ” semblerait mieux convenir. .
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Gachempegue ça fait plus local, chiapacan s’applique assez bien aux dirigeants de la “monstropole” comme disait Maryse.
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Depuis que le métro existe à Marseille, l’accessibilité est reportée à plus tard.
On m’a dit que Gaudin avait préféré payer des véhicules à l’association des paralysés de France… si c’est vrai, outre qu’ils seraient maintenant hors d’usage, c’était abandonner délibérément les personnes âgées, les femmes enceintes, les gens qui ont de gros bagages et n’importe qui d’entre nous quand ça va moins bien … J’ai un souvenir cuisant des déplacements lorsque j’avais une vertèbre déplacée, chaque escalier était une torture.
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Quand on a de très jeunes enfants, une poussette…
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S’il y avait moins de resquilleurs, il y aurait plus de fonds pour créer de nouvelles lignes de métro : En 2018, alors que le taux de fraude global était de 27,5 % pour la RTM, il était de 10,6 % sur le réseau de transport de Bordeaux métropole, soit près de trois fois moindre.
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Ah oui, fallait bien trouver une explication. Elle est bien bonne celle là ! Quel humour !
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Mais enfin MarsKaa la métropole et sa si douce et autoritaire présidente ne fait que d’excellentes choses. Ce sont les marseillais qui sont en tort.
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Des barres de rire, ce matin, ça fait du bien au réveil !
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Un complément d’information, EGIS est également dans la maîtrise d’œuvre du tramway au travers d’un groupement (NOSTRAM)
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