Plats de résistance

Idées de sortie
le 27 Nov 2015
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Photogramme Henri Meunier
Photogramme Henri Meunier

Photogramme Henri Meunier

Dès l’instant où le cinéma est devenu une industrie de masse, un spectacle populaire dont le langage était parlé de tous, il n’a cessé de flirter avec l’idée même de propagande, le reflet, imposé au regard, d’un ordre établi, jusqu’à devenir l’outil idéal des institutions politiques mues par le désir d’imposer au peuple leur représentation du monde. Des guerres se sont bâties ainsi, pour lesquelles l’image en mouvement – l’image en marche, disait-on parfois – apparaissait comme un rouage absolument nécessaire au bon déroulement des opérations. Or, très vite, un contre-pouvoir s’est animé sur les écrans. On découvrit alors que la pellicule revêtait également la fonction d’outil anti-propagandiste, parfois nihiliste, mais toujours apte au dialogue.

L’immoralité, le détournement, l’impudence, l’humour noir et la satire, l’idiotie – telle que l’entend Jean-Yves Jouannais – ou la subversion sont autant de mamelles de transgression d’un ordre établi ou d’un mode de pensée. Du renversement lettriste prisé par Maurice Lemaître aux détournements de films japonais par René Viénet et les activistes de l’Internationale Situationniste, jusqu’aux saillies, aujourd’hui, de l’équipe grolandaise et de ses satellites, nombreux furent ces combattants épris de liberté qui mirent à bas l’ordre moral, politique et économique.

Cité rouge

C’est à quelques encablures de Marseille, à Port-de-Bouc et Martigues, que l’odeur du souffre subversif se fera sentir, lors d’une manifestation savoureuse qui réunira, lors de trois soirées, quelques noms majeurs de la transgression, qu’elle soit politique ou artistique : Jean-Marc Rouillan, Noël Godin (connu pour ses fameux entartages), Jean-Henri Meunier, Yannis Youlountas et Jean-Gabriel Périot viendront célébrer les interdits et, plus globalement, apporter leurs regards sur l’ensemble de ces luttes visant l’ordre établi et la déconstruction des pouvoirs.

Deux volets à l’événement : les 27 et 28 novembre, d’une part, la MJC de Martigues, la Médiathèque Boris Vian et le cinéma le Méliès de Port-de-Bouc proposent un ensemble de rendez-vous durant lesquels s’articuleront rencontres, échanges et lectures autour d’ouvrages exquis (entre autres, Noël Godin pour son Anthologie de la subversion carabinée et Entartons, entartons les pompeux cornichons, Jean-Marc Rouillan pour Je hais les matins, Yannis Youlountas pour Que la fête commence !), ainsi que la projection du film de Jean-Henri Meunier, Faut savoir se contenter de beaucoup, road movie décapant interprété par Jean-Marc Rouillan et Noël Godin en personne.

Et d’autre part, dans un second temps, le mardi 8 décembre, Jean-Gabriel Périot viendra présenter son film Une jeunesse allemande au cinéma Jean Renoir de Martigues, consacré à la Fraction Armée Rouge et aux luttes armées des années 70. Un tel programme prend aujourd’hui tout son sens pour nous aider à construire notre rapport aux pouvoirs dominants et trouver les chemins de traverse d’une liberté toujours rognée.

Gaby Leuvielle

La subversion aux petits oignons : du 27/11 au 8/12 à Martigues et Port-de-Bouc. Rens. : 04 42 07 05 36 / www.mjc-martigues.com Le programme complet du temps fort La subversion aux petits oignons ici

 

 

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