À la Belle-de-Mai, la Friche est rattrapée par la violence sociale du quartier
Sur l'aire de jeux de la Friche, plusieurs jeunes du quartier ont été impliqués dans des incidents ces derniers mois. Un épisode qui rappelle la fragilité des liens entre l'institution culturelle et les habitants du quartier.
Le Playground de la Friche a été le décor de plusieurs incidents ces derniers mois. (Photo : CMB)
Sur le toit-terrasse de la Friche, les fêtards vivent leurs derniers couchers de soleil. L’été 2022 touche à sa fin et plus bas, sur le playground, c’est une toute autre saison qui va commencer. Habitants du 3e arrondissement et policiers se côtoient quotidiennement à la Belle-de-Mai mais à l’automne dernier, c’est dans l’enceinte même de la Friche que les forces de l’ordre sont intervenues plusieurs fois. En cause, plusieurs incidents sérieux : un vol important de denrées aux Grandes tables, le restaurant du site, et deux agressions, sur un vigile et un salarié. Plusieurs sources évoquent aussi un graffiti très ciblé tagué à l’entrée : des menaces à l’encontre du directeur technique de l’institution. Dans chacune de ces affaires, des jeunes du quartier sont pointés du doigt.
Les différentes sources rencontrées par Marsactu rapportent toutes que ce tournant sécuritaire et les interventions policières ont marqué les esprits à la Friche. Comme si la précarité grandissante du quartier avait désormais franchi les grilles de l’entrée. Comme si l’heure était venue de se confronter aux grandes difficultés sociales, et parfois à la violence qui va avec, de ceux qu’on a baptisés en interne les “jeunes du playground”.
Grands adolescents ou jeunes adultes, des habitants du quartier fréquentent quotidiennement la Friche de la Belle-de-Mai depuis dix ans. Sur le playground, ils investissent souvent les cages de foot et le terrain de basket, et partagent le rez-de-chaussée avec les amateurs de skateboard. Au-dessus de leurs têtes, quelque 60 structures et leurs 400 salariés travaillent dans les étages. Et mis à part lors de ponctuels ateliers socio-culturels, après 30 années d’implantation dans le quartier, la Friche et ses deux mondes ne se rencontrent toujours pas.
Derrière la violence, la fracture sociale
L’escalade de violences qui a marqué la fin d’année 2022 à la Friche semble avoir pris fin, mais la fracture sociale perdure. Elle s’illustre à travers divers incidents mineurs : intrusion sur le toit-terrasse hors période d’ouverture, usage sans autorisation d’un babyfoot appartenant à la Friche, consommation de cannabis et de gaz hilarant… Pour contenir ces conflits du quotidien, la direction s’en remet à deux acteurs : la médiation (quatre salariés), et la sécurité (via un prestataire privé). Lors des vacances de Noël 2022, les premiers sont en congés lorsque les seconds sont pris à partie par des jeunes du quartier. L’agression du vigile, ultra-violente, pousse la boîte de sécurité à démissionner. Depuis la rentrée 2023, une autre équipe a pris le relais et le calme semble être revenu.
“En janvier, j’ai surpris un vigile en train de rire avec un jeune. Rien que cette scène, c’était impensable avec l’équipe précédente”, explique une résidente de la Friche. Selon elle, “les vigiles de 2022 n’arrivaient pas à dialoguer sans entrer dans la confrontation. Sur la fin, ils avaient abandonné. On soupçonne même qu’un début de trafic de stupéfiants avait commencé dans un coin du playground. Vu le nombre de consommateurs ici, ce n’est pas très étonnant.”
Toutes les sources interrogées par Marsactu affirment que les vigiles en place depuis début 2023 ont apaisé les tensions sur les terrains de foot et de basket. Mais la problématique de l’inclusion sociale est bien plus profonde. “Qui leur parle, à ces jeunes ? La plupart des usagers ici passent devant eux tous les jours, mais combien sont-ils à organiser des activités pour eux ?”, interroge un connaisseur des lieux. Selon ce dernier, la situation actuelle traduit un “déni à tous les étages : ceux qui travaillent en vase clos, et ceux qui imaginent des expositions et des concerts sans inviter les artistes du 3e arrondissement”. Un résident renchérit : “La direction fait des suivis précis de la fréquentation des évènements, mais elle n’est pas capable d’identifier les jeunes qui viennent ici tous les jours. Pourtant, ces jeunes-là sont très attachés à la Friche. Même s’ils voient bien que la plupart des projets ici ne les inclut pas.”
La direction délègue aux partenaires
Vendredi après-midi. Julien*, 27 ans, joint en main, sort d’un rendez-vous médical pour ses addictions. Sans domicile, il a souvent trouvé refuge à la Friche. “Il y a quelques années, j’ai dormi ici pendant plusieurs mois, dans les escaliers ou dans des locaux. On me laissait. J’étais en sécurité. On me filait des invendus pour manger, aussi. Si tu demandes, on te donne”, estime-t-il. Sur les marches au soleil, deux étudiantes discutent. Jasma garde de très nombreux souvenirs de ses années collège à la Belle-de-Mai. “On venait danser ici avec mes copines. On n’était jamais embêtées, mais on sentait qu’il ne fallait pas faire trop de bruit. Les gens qui travaillent ici nous regardaient comme si on était là pour les déranger.” À leurs côtés, des adolescents jouent au foot. Jasma explique que le playground de la Friche n’a jamais été très mixte, même si “ça va mieux qu’avant”.
Après un an à la tête de la Friche, le directeur Alban Corbier-Labasse affirme être conscient des enjeux, mais il les délègue volontiers aux “partenaires”. Questionné sur le suivi des “jeunes du playground”, il répond : “c’est notre priorité que les différents publics de la Friche, les jeunes turbulents comme les mamans avec les poussettes, puissent cohabiter. Mais je n’aime pas le terme de suivi, ce n’est pas la Friche qui s’en charge, mais plutôt des associations spécialisées par le biais de partenariats.” Le directeur confirme que la Friche a été le théâtre de plusieurs agressions et vols et d’interventions policières sur la fin de l’année dernière.
Début 2023, la Friche a d’ailleurs recruté un éducateur spécialisé en partenariat avec le ministère de la Justice afin de “muscler [sa] capacité de dialogue avec les jeunes”, déroule le directeur. Ce professionnel est chargé de faire le lien entre le terrain et la direction, explique Alban Corbier-Labasse. Enfin, sur la polémique générée l’été dernier par le passage au ticket payant sur le toit-terrasse (cinq euros l’entrée), le directeur soutient que les bénéfices ont contribué à financer les médiateurs de la Friche. “Vous pouvez aller en parler avec eux, c’est eux qui ont des choses à dire”, nous conseille-t-il.
Des besoins vitaux
Nous les avons justement croisés le 8 mars, lors d’une journée consacrée aux jeunes et à la lutte contre la violence. Ce jour-là, le playground accueille une centaine d’enfants autour d’ateliers sportifs et artistiques. La grande fête offre une parenthèse aux problèmes du quotidien, que les travailleurs sociaux connaissent si bien. “On a toujours eu affaire à des jeunes en difficulté, déscolarisés ou sans emploi. On a toujours été les derniers remparts”, expose un médiateur en poste depuis 20 ans. Selon lui, la violence survenue ces derniers mois est “un épisode inédit” à la Friche, réglé depuis. “Mais c’est sûr qu’on ne change pas les choses du jour au lendemain. On n’est pas au Mucem ! Ici, tout le monde peut rentrer et avec la montée des problèmes dans le quartier, c’est normal qu’on soit face à ces difficultés.”
Entre le rayonnement culturel grandissant de la Friche et la paupérisation du quartier, le fossé se creuse, estime un autre médiateur : “il y a des gamins qui viennent me dire qu’ils ne mangent pas à leur faim, ou qu’ils n’ont pas de domicile. En face, on a beau leur proposer des ateliers culturels, ils ne vont pas forcément y trouver un intérêt à très court terme. Parce qu’ils ont des besoins vitaux, à remplir d’abord.” Même discours du côté de l’Addap 13, l’association qui est la principale partenaire de la Friche sur la prévention de la délinquance : “la tombée dans le trafic parce que les jeunes n’ont pas de travail, c’est notre première préoccupation à la Belle-de-Mai aujourd’hui”, expose une éducatrice de rue croisée sur place.
Par mail, la Friche explique compléter ce partenariat central avec l’Addap 13 par une très longue liste de “projets”. Exemples : “ateliers réguliers (radio, arts, numériques, rap…)”, “stages pendant les vacances”, création du “Transforama”, un espace “dédié au soutien à l’entrepreneuriat des 18-30 ans”… Mais aussi “de nouveaux dispositifs (la Fabrique de l’Image) vers les métiers du cinéma”, et un “renforcement des collaborations entre les acteurs de l’insertion et de la formation”.
Face à ce florilège de projets et de partenaires, plusieurs salariés plaident pour une implication plus directe de la Friche. Leurs suggestions : pourquoi ne pas faire des paniers repas pour les familles ? Organiser des portes ouvertes, pour que les jeunes du quartier découvrent les entreprises de la Friche ? Recueillir les besoins des sans-abris, ces “invisibles de la Friche”, qui font discrètement la manche aux heures creuses ? Tous les auteurs de ces questions ont souhaité rester anonymes. À croire que le sujet est encore “tabou” au sein de l’institution.
*Le prénom a été modifié.
Commentaires
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Qu’il n’y ait ici aucun commentaire est aussi révélateur que l’anonymat des témoignages mentionné en fin d’article. Il serait bon de connaître la part de financements liés à “l’inclusion”, au “social” et aux dispositifs réservés aux “quartiers prioritaires” engloutie dans ce ghetto friqué. Il serait bon de savoir combien d’argent réservé au développement des quartier populaires est capté et ré-injecté au profit des employés de cette usine à gentrification. En fait, le minimum vital aurait été de mettre dans la Friche une salle des fêtes pour les gens du 3ème, d’arborer une grande partie des espaces et de créer – a minima – une médiathèque, de répondre aux nombreux besoins en soutien scolaire, de créer des cantines solidaires, de prendre en stage les jeunes du quartier ailleurs que dans le sport, la prévention ou la sécu, mais dans toutes les entreprises du lieu. Ce que veut dire la solution du changement d’équipe de sécurité : ” jeunes du 3ème, continuez d’être le décor passif de notre épanouissement professionnel et social, faites du basket et ne venez-pas nous emmerder. Nous n’aurons rien d’autre à vous offrir que des équipes de sécurité.” La Friche de la Belle de Mai est un agent puissant et assumé de la relégation des populations précaires du quartier, un agent de paupérisation et un agent de démolition sociale. Et un témoignage poignant du racisme français à l’œuvre dans ce qu’on appelle sans rigoler “politique de la ville”. D’autres initiatives, aujourd’hui, ne viennent pas s’enfermer dans des ghettos pour artistes, mais s’implantent dans les quartiers populaires en concertation permanente avec les habitants. Ces derniers ne sont pas justes des éléments du décor, mais sont inclus dans les structures de décision et de gestion, la conception concertée des espaces, leur destination, tout est élaboré avec les habitants pour accueillir au mieux les activités qui viennent s’y implanter. La Friche est l’appartement témoin du désastre social marseillais. Les entreprises qui s’y développent y sont barricadées derrière les grilles et les digi-codes pendant que les gens du quartier n’y sont autorisés librement qu’à faire du sport.
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Merci et BRAVO, je n’aurais pas pu écrire mieux.
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Le sujet abordé par cet article est très profond, et la friche de la BdM n’est pas un cas isolé, loin de là. Comme dans de nombreuses villes, Marseille a pensé substituer la force d’inclusion par l’activité économique (l’industrie en l’occurrence) par la culture. Hélas, ce choix fait dans les années 80 montre toute sa limite. Les jeunes veulent d’abord du boulot et la friche ne peut leur en fournir (hors quelques emplois aidés). En renonçant à sa base industrielle et en privilégiant la culture et le tourisme Marseille est devenue une ville qui consomme mais qui ne produit quasiment plus rien (Marseille importe 96% de ce qu’elle consomme selon l’AGAM !). Dans ce contexte, comment voulez-vous que les jeunes y trouvent une place ? Les occuper avec du sport et de la culture est en train de montrer la limite de ce système. Surtout, force est de constater que, à la différence de l’industrie (comme la manufacture des tabacs, ancien occupant de la friche), les lieux culturels n’ont aucun effet d’entrainement sur le quartier.
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@manu theron décrypte parfaitement la problématique :
“Pourtant, ces jeunes-là sont très attachés à la Friche. Même s’ils voient bien que la plupart des projets ici ne les inclut pas.”…
Et encore : “Jasma explique que le playground de la Friche n’a jamais été très mixte, même si “ça va mieux qu’avant”…
Et de nouveau : “il y a des gamins qui viennent me dire qu’ils ne mangent pas à leur faim, ou qu’ils n’ont pas de domicile. En face, on a beau leur proposer des ateliers culturels, ils ne vont pas forcément y trouver un intérêt à très court terme. Parce qu’ils ont des besoins vitaux, à remplir d’abord.”…
Et enfin : “la tombée dans le trafic parce que les jeunes n’ont pas de travail, c’est notre première préoccupation à la Belle-de-Mai aujourd’hui”.
Raccourcis qui illustrent d’une manière éclatante le malaise et justifient amplement la critique de notre ami.
Le dernier paragraphe de l’article, par ailleurs très bien fait, est assez exhaustif et particulièrement intéressant.
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Fracture sociale, mais aussi culturelle, économique, spatiale. Il était évident que la Friche avec ses activités culturelles et son public appartenent à d’autres sphères resterait un greffon sans lien organique avec la quartier comme le serait d’ailleurs l’opération “Quartier Libre ” et ses équipements si elle voyait le jour. Le fossé et trop profond entre deux mondes.
Mais doit on le reprocher à la Friche? On ne peut demander à un lieu culturel de résoudre toutes les questions d’insertion sociale que nous connaissons, pas plus qu’à l’école, à la politique de la ville, à l’OM (sic), etc.
Le problème est bien plus profond comme cela est écrit par la précédente commentatrice. Il réside pour beaucoup dans notre système économique où l’intégration par le travail ne se fait plus.
Le manque de perpective, la relégation spatiale, l’échec scolaire, le désoeuvrement engendrent la violence chez certains. Mais ne soyons pas non plus angéliques, il y a aussi les trafics, l’économie souterraine qui règne quand l’économie n’offre plus rien.
J’apprends que l’accueil de jour de la Fondation Abbé Pierre vient de quitter la rue Loubon sous la pression constante des trafiquants que cette activité devait déranger. Les plus précaires en feront les frais.
Une enquête et un article pour Marsactu?
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100% d’accord avec vous André.
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Des blancs généreux qui voudraient partager leur culture progressiste avec des racisés qui n’en veulent pas.
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Bah oui, une gaverie d’argent public sur le dos des habitants de ce secteur, car e était la vocation première de ce lieu, au départ. Toujours pareil!! Comme ” ses petites sœurs” “SYNERGIE FAMILY/ L’ÉPOPÉE/ LE CARBURATEUR/ L’ACADEL ETC. On s’installe dans ces quartiers pauvres pour soi disant les sortir de la misère mais ils les enfoncent encore plus. Allez jeter un coup d’œil sur l’organigramme de la friche ou l’Epopée et d’autres… c’est choquant, pas une seule personne de ces secteurs avec un statut cadre, non, non, on les donne aux amis, familles et Cie alors qu’il y a, comme de partout pléthore de diplômés dans ces mêmes arrondissements. Ça rappelle la colonisation, on vient chez toi, on s’enrichit sur ton dos et on te laisse en sous-sol.
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@Moaàa
Entièrement d’accord. Tous les projets que l’on a vu naître récemment (pas la Friche qui reste dans une logique différente) se nourrissent de la misère. Sauf erreur de ma part, l’Épopée c’est 16 M€. Il suffit d’y aller pour s’apercevoir qu’il ne s’y passe rien sinon des formations subventionnées pour former les “jeunes” du quartier à des métiers bidons ou faire des évènements pour expliquer que le bonheur est à portée de main pour ceux qui voudront bien se prendre en charge. Et tous ces projets sont cités comme des exemples de la transition marseillaise…
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“Racisés” pour ne pas dire “noirs”, “blancs”… Les sociologues parleraient “d’essentialisation”. Qui nourrit le racisme si ce ne sont quelques ” beaux esprits” ?
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Les politiques de long terme, planifiées, n’existent plus. Les pouvoirs publics préfèrent balancer quelques subventions et externaliser la gestion de ces dernières vers des associations en négligeant le contrôle et le suivi des actions menées. l’État social français est en mort cérébrale.
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La Friche s’est construite autour d’initiatives artistiques et culturelles, des secteurs en soi déjà précaires et peu propices à l’emploi.
Reprocher à l’institution de passer à côté de la réalité économique et sociale des habitants du quartier c’est se tromper de cible, pourquoi ce type de lieu devrait prendre des responsabilités pour lesquelles l’Etat s’est progressivement désengagé au fil des ans et qui sont du ressort d’autres instances?
Après effectivement, ce lieu très fréquenté par les ados du quartier gagnerait à proposer des espaces plus inclusifs, comme une médiathèque , une aire de jeu de taille plus importante, des espaces verts accessibles, un lieu d’accueil pour des associations…
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La ville de Marseille y avait un projet d’école . Soutenu par l’Etat . Recalé par la nouvelle municipalité . Qqun sait pourquoi ce projet , qui allait un peu au-delà du sport et des activités cultuelles , a été arrêté ?
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Et pourtant les habitants étaient prévus dans ce projet, aujourdhui, ils en sont exclus, pire, considérés comme des parias alors que la friche perçoit des millions d’euros de subventions qui partent, en majorité, en masse salariale.
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Jack,
L’article de Marsactu qui explique pourquoi ce projet ne verra pas le jour, et tant mieux. https://marsactu.fr/lecole-de-la-friche-la-belle-de-mai-ne-verra-pas-le-jour/
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En effet, commençons par le commencement et construisons des écoles. Dans tout le 3me, il y a pénurie de classes. Le parc scolaire était en 2016 celui de 1914, hormis quelques préfas du côté de Bugeaud ou de Peyssonnel.
On a certes depuis engagé la réhabilitation des anciennes écoles et réalisé le nouveau groupe scolaire Peyssonnel qui devait remplacer les préfas. Mais la pénurie est telle que les préfas sont conservés. Il y aussi le projet rue Loubon mais qui est loin d’être sorti de terre.
Que pouvait donc faire de plus la Friche dans un contexte aussi dégradé, quand les pouvoirs publics ne remplissent par leur rôle premier?
Pour info, il n’y avait pas de plan de programmation des écoles sous l’ancienne municipalité. On ne peut tout faire du jour au lendemain mais il importe de prévoir. La nouvelle équipe en a-t-elle un en dehors des réhabilitations indispensables?
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J en rajoute une couche: ce n’est pas à la Friche de faire “la politique de la ville” dans ce quartier.
D’ailleurs c’est la politique de la Ville qu’il faudrait reconsidérer dans son ensemble. De mémoire, lisant ses propres rapports d’évaluation, j’avais été frappé par deux faits: malgré les milliards injectés peu ou pas de progrès après plusieurs décennies pour faire rentrer les quartiers ciblés dans les normes économico-sociales des autres quartiers (but initial de la politique de la ville). Ensuite, sur les 40 milliards de dotations pluriannuelles, prés de 90% dépensés en béton ( à démolir quelques immeubles dans des grands ensembles et à chercher à reloger leurs populations dans un contexte de pénurie de logements sociaux) et le reste, une toute petite partie, en accompagnement humain (éducation culture, sport, médiation…). Peut-on continuer ainsi sans remise à plat?
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Entièrement d’accord. La “politique de la ville” était un échec programmé.
Non pas qu’il ne faille pas restructurer la trame urbaine de ces quartiers pour les désenclaver, réhabiliter, déconstruire certains immeubles trop dégradés ou surdimensionnés, réaliser ou requalifier des espaces verts et des équipements publics… Je ne vais pas dire le contraire car c’était mon boulot. C’est nécessaire mais loin d’être suffisant.
L’Etat, engagé dans une spirale néolibérale et cornaqué par la Commission, espérait atténuer les problèmes en “faisant joli” et en occupant les jeunes par de l’animation sociale subventionnée, sans jamais toucher au domaine économique.
On voit le résultat.
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L’enfer est pavé de très bonnes intentions,souvent.
Une opération de rénovation immobilière transformée en un lieu de culture,de TV ,associatif et entrepreneurial ayant pour objectif de relancer la Belle de Mai et d’intéresser les habitants.
En fait deux mondes parallèles avec des besoins et des attentes différentes. Une greffe ratée. Manque d’analyse de la part de gens qui prennent leurs rêves pour de la réalité.
Les habitants veulent et attendent un lieu de loisir sportif et éducatif sécurisé ( médiatique) mais surtout pas un espace de “performance”.
Un lieu de problèmes de riches , la” Friche”dans un espace marseillais, l’un des plus pauvres de France avec tout ce qui va avec : précarité, chômage,drogue, difficultés scolaires, concentration de la pauvreté, logement.
Le résultat ne pouvait être autre.
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Vous avez raison sur le constat social mais je ne critiquerai pas La Friche qui est dans son domaine. Doit on écarter la “performance” parcequ’on est dans une ville pauvre?
La question est ailleurs, elle se situe au niveau des pouvoirs publics, Ville et Etat, qui ont négligé ce qui a trait à l’éducation (sous équipement en écoles de tout le 3me) et abdiqué sur l’insertion sociale par l’emploi…
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J’espère que Marsactu saura entendre ses lecteurs et que si un nouvel apéro est organisé cet été, ce sera en centre-ville cette fois ! 😀
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Ggghhhhh
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La médiathèque du 3e arrondissement est en projet, mais ce ne sera pas à la Friche.
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La seule question importante. La Friche a-t-elle vocation à s’intégrer dans son quartier ? La réponse nous est donnée depuis 30 ans. Elle est donc un agent de dépossession, de captation des financements dédiés aux populations précaires. Prendre le fric des pauvres pour le redistribuer aux riches.
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Donc des fachos au service du grand capital ?
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Ce ne serait pas légèrement exagéré ? Franchement ?
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