Maryse Joissains : “Je demande le report de la métropole à 2017”

Photo Max Missak

Vendredi, le tribunal administratif a annulé deux arrêtés préfectoraux relatifs à la création de la métropole. Après avoir souhaité maintenir la réunion, Jean-Claude Gaudin souhaite l’annuler. Pourquoi vouloir ouvrir tout de même la séance ?

Nous ne sommes pas des peigne-culs. Nous sommes des conseilllers métropolitains responsables. Nous n’obéissons pas aux objurgations des uns et des autres. Monsieur Gaudin qui est mon chef politique et que je respecte à ce titre n’a pas les capacités pour annuler. Madame Barthélémy non plus. Il a certes été décidé par une loi d’exception qu’un président d’intercommunalité pouvait convoquer. Mais elle ne peut pas revenir sur cette convocation. La séance doit donc se tenir. Je suis la doyenne des six présidents. Au début ça m’a fait un peu marronner. Mais là, je le revendique. Il me revient d’ouvrir les débats.

Compte tenu des décisions de justice, qu’allez-vous faire ?

Je ne vais pas vous dire que je n’étais pas au courant de ces recours menés par quatre maires du pays d’Aix mais je n’en étais pas à l’initiative. Nous nous sommes réunis hier avec les maires du pays d’Aix, en tout cas avec ceux qui ont pu venir un samedi. Nous étions quatre juristes dans la salle. Nous avions tous la même opinion. A notre sens, l’annulation des arrêtés préfectoraux remet en cause les bases même de la métropole. J’ai reçu mandat des autres maires du pays d’Aix pour ouvrir la séance. Je dirai qu’il y a une décision de justice qui nous empêche de nous réunir normalement et d’élire un président. Je vais reporter sine die la réunion dans l’attente de la décision du conseil d’Etat. La réunion aura lieu après les régionales, ce qui est plus sain politiquement. De toute façon, ce sera l’occasion de dire que plus personne ne peut convoquer d’ici le premier janvier.

Après avoir dit qu’il ne viendrait pas, Jean-Claude Gaudin sera finalement présent. Comment comprenez-vous ce nouveau revirement ?

Comment voulez-vous que je le comprenne ? Je suis ravie de ne pas me les geler demain en restant à la porte. J’accueille ce revirement avec stupéfaction, amusement et inquiétude. J’ai dit clairement que j’allais ouvrir la séance, constater l’existence de la décision de justice et lever la séance. Je compte le faire sans fioritures sans combat, sans bordel. Là dessus, on lui dit que son entourage a fait des conneries et qu’il est bien obligé de se mettre au niveau des autres présidents d’EPCI en venant à la réunion. Mais, sur le fond, vous imaginez qu’avec ces amateurs, on peut gérer la métropole ? Ça montre l’impréparation et si le gouvernement ne décale pas la métropole à 2017, il portera une lourde responsabilité. Je vais demander à Marylise Lebranchu le report de la métropole en 2017 comme ils l’ont fait pour les dotations aux collectivités et la métropole de Paris.

Comment voyez-vous les choses à moyen terme ? Des craintes se sont notamment exprimées au niveau des salaires…

Concernant les agents, les actuelles intercommunalités vont devoir prendre leurs responsabilités pour les payer.  Je vais aussi demander à la ministre qu’elle prolonge d’un an la personnalité morale des actuelles intercommunalités. En tout cas, je le ferai pour le pays d’Aix. Concernant la métropole, je continuerai à pousser jusqu’au bout contre cette métropole qui existe parce que le gouvernement a bien voulu s’entendre avec Jean-Claude Gaudin. Je lui ai dit : “je hiérarchise. Tu es mon ami, tu es mon chef politique mais mon territoire passe au dessus de tout”. Ce qu’il faut c’est que l’État prenne en charge cette ville et donne les moyens à cette ville. Ce n’est pas nous qui allons redresser les déficits de Marseille ! Dans cette histoire, je suis un boulet de canon en permanence. Il me semble que dans cette métropole, on aurait dû aussi prendre en compte la superficie pour décider de la représentation des communes mais Paris n’a rien voulu entendre. Ils voulaient punir les territoires qui ne voulaient pas de Marseille. Mais cette histoire, c’est la première carte du château de cartes. Tout peut s’écrouler si on a un conseil d’État qui se montre aussi indépendant du pouvoir qu’un tribunal de Provence.