La Ville valide une candidature en solo pour la gestion du Silo
Aux manettes de la salle de spectacles depuis dix ans, S-PASS-TSE rempile pour une période équivalente. La Ville de Marseille a choisi d'aller au bout des négociations avec ce candidat unique, après l'abandon de trois concurrents potentiels. L'un d'eux a déposé un recours devant la justice.
La Ville valide une candidature en solo pour la gestion du Silo
The show must go on. Dix ans après son ouverture, la Ville de Marseille a remis en concurrence la gestion du Silo, salle de spectacle d’environ 2000 places située à Arenc (2e). Avec le stade Vélodrome, le palais de la glace et de la glisse de la Capelette ou encore le parc Chanot, il s’agit d’une de ses plus importantes délégations au privé, dont le renouvellement avait été lancé sous la mandature Gaudin. Aux termes d’un processus chahuté par la crise sanitaire, c’est l’exploitant actuel, le groupe S-PASS-TSE, qui rempile pour dix ans supplémentaires.
Mais, à peine voté par le conseil municipal du 9 juillet dernier, dans une fin de séance au pas de charge, la procédure est attaquée au tribunal administratif par un concurrent. Selon nos informations, un référé pré-contractuel a été déposé lundi dernier et devrait être examiné début août. Cet opérateur culturel local, qui souhaite conserver l’anonymat à ce stade de la procédure, ne digère pas que la Ville se soit contentée de l’offre du gestionnaire en titre. “Au bout de 10 ans, c’était l’occasion de rebattre les cartes, d’échanger avec d’autres candidats, considère-t-il. On ne comprend pas que la Ville se soit pressée dans la période du Covid, cela donne l’impression qu’elle avait de toute manière déjà fait son choix.”
Une offre à travailler pendant l’été 2020
Il tentera donc de convaincre le juge administratif que le délai laissé aux candidats était insuffisant étant donné la complexité du dossier, mais aussi les conditions dans lesquelles ils devaient travailler. Les quatre postulants ont en effet reçu les documents complets le 18 juin 2020 et devaient déposer leur offre le 2 octobre, en jonglant avec la période estivale doublée d’un télétravail imposé. “On a tous eu des difficultés de disponibilité de nos salariés, avec une partie en activité partielle. Cela ne nous a pas empêché de répondre à ce dossier comme à d’autres. On répond à une dizaine de dossiers par an, depuis 30 ans, c’est un métier”, rétorque Laurent Oneda, directeur général du groupe S-PASS, qui gère 24 salles en France, dont la Chaudronnerie à La Ciotat et donc, le Silo.
On s’est dit que l’on risquait de ne plus avoir de candidat du tout pour gérer cet équipement.
Jean-Marc Coppola, adjoint à la culture
Pour l’adjoint PCF délégué à la culture, Jean-Marc Coppola, c’est surtout l’absence de visibilité qui a pu décourager les candidats. “Je pense qu’ils se demandaient de quoi l’avenir serait fait et ne voulaient pas trop s’engager. On s’est posés la question de repousser, mais on s’est dit que l’on risquait de ne plus avoir de candidat du tout pour gérer cet équipement”, commente-t-il.
L’élu communiste est peu soupçonnable d’avoir choyé S-PASS-TSE : en 2019, alors conseiller d’opposition, il avait pointé les liens avec la droite de son actionnaire Marc Ladreit de Lacharrière et son autre activité dans l’agence de notation Fitch. Face à cette absence de mise en concurrence, il défend aujourd’hui “une amélioration du contrat précédent”, sur le plan financier (340 000 euros de coût net par an contre 500 000 auparavant) comme sur les obligations posées au gestionnaire. Sur les 100 dates de spectacles minimales, le contrat instaure un rééquilibrage de la programmation au profit des musiques actuelles face aux autres spectacles, notamment d’humour, et impose “un minimum de deux spectacles pour chacune des catégories suivantes : musique classique, danse, théâtre et cirque”.
L’engagement dans des coproductions locales retiré du cahier des charges
En revanche, une partie des ambitions inscrites dans l’appel d’offres publié en 2020 ont été mises en sourdine. Face à un prestataire connaissant l’outil sur le bout des doigts, le “dialogue compétitif” sans challenger a viré à la négociation à la baisse. Le cahier des charges prévoyait ainsi que “la saison culturelle comportera un engagement de production directe et/ou de co–production de spectacles, notamment avec des partenaires culturels du territoire, à hauteur d’au moins 10 % de la programmation, aux risques et périls du délégataire”. La Ville attendait ainsi que son équipement fasse preuve d’“une réelle ouverture aux propositions des acteurs du tissu artistique local”, chiffrée à “15 dates par saison” de mise à disposition. En 2019, le concert du bassiste cofondateur de Joy Division, Peter Hook, avait constitué une première du genre, via un groupement formé par Le Moulin, l’Espace Julien et le Cabaret aléatoire.
Autant d’engagements qui ne figurent plus au contrat approuvé le 9 juillet. “Nous sommes passés de 3 à 10 mises à disposition par an pour la Ville, qui pourra en faire bénéficier des partenaires locaux”, précise Jean-Marc Coppola. Précédemment, ces trois dates étaient utilisées par l’orchestre philarmonique de Marseille. Ce quota réservé figurait déjà dans l’appel d’offres initial, qui plus est “à titre gracieux”. La Ville devra finalement débourser 100 000 euros par an. “En ce qui nous concerne la procédure a été très bien cadrée par la puissance publique, on n’a pu discuter que d’éléments que l’on avait le droit de discuter et la négociation a même plutôt été sévère”, assure Laurent Oneda.
Compte-tenu du contexte sanitaire, le prestataire ne sera pas tenu de remplir tous les objectifs fixés avant 2024.
S-PASS-TSE a toutefois réussi à obtenir de multiples clauses pour se prémunir de l’incertitude liée au Covid. “Compte tenu des délais de programmation d’un équipement tel que le Silo d’Arenc ainsi que de la nécessité de tenir compte du contexte actuel de crise sanitaire, il est expressément convenu entre les parties que ces objectifs (nombre de spectacles et répartition des esthétiques) ne pourront être raisonnablement atteints avant 2024”, lit-on ainsi au chapitre programmation. Le contrat prévoit aussi une révision de la participation de la Ville en cas de fermeture imposée par l’Etat et plus généralement une indemnité forfaitaire “en cas de d’absence de reprise d’activité ou de reprise d’activité fortement dégradée conduisant à une perte de chiffre d’affaires de 10%”. “La programmation actuelle, qui doit reprendre en septembre, comprend 66 spectacles reportés, parfois à plusieurs reprises.
Commentaires
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On aurait pu demander aussi que le site embauche des postes de permanents et ne profite pas à outrance de la sous traitance pour exploiter la salle
On continue encore avec les marchés des années Gaudin il n y a toujours pas de changement
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Quand on voit les tarifs et les spectacles proposés au Silo, on se demande vraiment ce qu’il y a de municipal dans cet équipement. En plus, il faut leur payer pour qu’ils daignent nous accorder quelques créneaux…
Toutes les DSP sont systématiquement renouvelées. La municipalisation n’est même pas envisagée. Les rapports en CCSPL vont toujours dans le sens de la DSP. Soi-disant le risque serait porté par l’opérateur privé. Mais la mairie de Marseille ne serait pas capable de supporter ce risque ? C’est ridicule. On parle service public, on nous parle de risque. La ville de Marseille ne va pas fermer boutique, elle peut tout à fait supporter les risques de l’exploitation d’une salle de spectacle. Puisque j’imagine (j’espère) qu’il n’y a pas de copinages, il s’agit juste d’une question de facilité: faire un chèque à la fin et c’est tout. On prend le package et on n’a plus rien à faire.
La ville n’est plus capable de rien, on la vide de sa substance. Voyez la cantine, les PPP.. ah non pardon MGP (contrairement aux mensonges scandaleux de Ganozzi repris tels quels par la presse qui ose dire que la maîtrise d’ouvrage sera publique), la fourrière, les marchés auprès de cabinets de conseil… Même la décision politique est confiée au privée.
Tout est délégué au privé. Quelle seront les marges de manœuvre de la Mairie une fois qu’elle aura tout externalisé ? Elle ne maîtrisera plus aucun de ses équipements ni aucune de ses compétences. Elle sera juste bonne à faire des chèques à des exploitants qui se remplissent les poches (et qu’on ne nous disent pas qu’ils ne gagnent pas d’argent: s’il n’y avait pas de gain à l’arrivée, ils ne postuleraient pas).
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pour une mairie “de gauche”, ça craint.
On est tout à fait dans la continuité de ce qui se faisait avant.
C’est incroyable ce sentiment que le suivant continue l’oeuvre du prédécesseur. On a le même sentiment avec les présidents de la république qui se sont succédé.
Ce qui confirme que l’alternance politique n’a pas de sens. Notre pays et nos collectivités sont gouvernés par une bouillie idéologique qui englobe la plupart des partis politiques et pseudo mouvements citoyens. Tout ça pour dire qu’on fonce droit dans le mur et qu’il n’y a aucun pilote.
Bon début de semaine…
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Si la Dsp du silo est plutôt pathétique, une ville qui programme en direct un tel équipement serait un désastre. Les régies directes sont souvent catastrophique pour les artistes et,donc, in fine le public.
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Sacré Jean Marc, qui critiquait le copinage, soupçonnant même l’arrangement, l’entente, voir la corruption…et qui finalement choisit le même gestionnaire.
Moi j’aurais un peu honte !
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Vous êtes gentil à Marsactu … après le compte rendu de l’AG de FO où Payan a fait du Gaudin et Coppola qui au silo, mange son chapeau ou pire en justifiant la reprise du même gestionnaire qu’à l’époque Gaudin – après l’avoir critiquée quand il était dans l’opposition – vous pourriez creuser un peu sur cette idée : en politique les promesses ne sont bonnes que pour ceux qui y croient ! Et je ne parlerai pas de l’habitat indécent ou squatté qui continue à faire des morts à Marseille … Ah l’accés au pouvoir et le triste mais redoutable principe de réalité. Mais où est passée Rubirola ? A St Zacharie, Gaudin doit sourire … jaune.
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Alphonse de Lamartine dans un discours prononcé au banquet qui lui est offert le 18 juillet 1847, disait = : “La France s’ennuie !” Je dis aujourd’hui : “La France s’attriste!” Qui de nous ne porte sa part de la faiblesse générale ? Un malaise sourd couve dans le fond des esprits les plus sereins, on s’entretient à voix basse depuis quelque temps, chaque citoyen aborde l’autre avec inquiétude, tout le monde a un nuage sur le front. Prenez-y garde : c’est de ces nuages que sortent les éclairs pour les hommes d’Etat, et quelquefois aussi les tempêtes. Oui, on se dit tout bas : “Les temps sont-ils sûrs ? Cette paix est-elle la paix ? Cet ordre est-il l’ordre ?…” » Ces paroles ne sont-elles pas toujours d’actualité ?
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Quel rapport avec la Dsp du silo??
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