La justice saisie après les propos racistes tenus lors d’une réunion de la métropole

Cales de mise à l'eau au port de la Pointe-Rouge (Photo : Ana Rougier)

Le 22 février dernier, les propos tenus par Christian Tommasini, le président du yachting club de la Pointe-Rouge (YCPR) n’avaient pas suscité beaucoup de réactions parmi les membres du conseil portuaire. Lors d’un long monologue raciste, il avait notamment lancé : “Je m’en fous ! Le jour où il faudra s’armer, je serai le premier à aller faire de la ratonnade”. Le compte-rendu de la réunion présidée par Claude Piccirillo, vice-président LR délégué à la plaisance, n’avait pas provoqué plus d’émotion dans les services de la métropole, destinataire du procès-verbal de cette instance qui dépend du conseil de territoire, Marseille-Provence.

En revanche, la publication ce mardi par Marsactu des enregistrements de cette réunion a suscité des réactions de tous bords. L’adjoint au maire chargé de la lutte contre les discriminations, Théo Challande-Névoret annonce ainsi avoir saisi la procureure de Marseille, Dominique Laurens, pour le compte de la Ville de Marseille. “Des propos racistes d’une telle violence sont inacceptables. Les paroles de Monsieur Tommasini, Président de l’YCPR, sont pénalement répréhensibles et ne doivent pas rester impunies”, indique-t-il dans un tweet.

Des propos racistes d'une telle violence sont innaceptables. Les paroles de Monsieur Tommasini, Président de l'YCPR, sont pénalement répréhensibles et ne doivent pas rester impunies. Au nom de la Ville de @Marseille, je vais signaler ces propos à la Procureure de la République.

— Théo Challande Névoret 🌈 (@TheoChallande) April 27, 2021

Par le même canal, le maire de Marseille, Benoît Payan a qualifié ces propos “d’abjects”. Il a déclaré que “la Ville de Marseille suspendait toutes ses relations avec cette association”. Un peu plus tôt, l’adjoint à la mer, Hervé Menchon avait déjà annoncé “le gel des subventions”. “C’est une association qui fait un travail formidable, notamment auprès des plus jeunes, dans l’éducation au nautisme, confie-t-il à Marsactu. Mais ces propos ne laissent pas place au doute. C’est pour cette raison que nous coupons nos subventions, en attendant de voir comment l’YCPR réagit”. La Ville de Marseille soutient ce club nautique à hauteur de 163 000 euros par an notamment pour les activités éducatives qu’il développe.

Trois élus présents et aucune réaction

Les élus municipaux ont cependant peu insisté sur le fait que l’une de leurs collègues assistait à ce conseil portuaire. L’adjointe à l’état civil, Sophie Roques, se réfugie derrière son inexpérience pour justifier son absence de réaction immédiate. Elle indique avoir quitté la réunion peu après l’échange nauséabond et avoir attendu “des éléments concrets”, en l’occurrence la diffusion du procès-verbal de la réunion, pour réagir de manière plus formelle.

Comme la députée LREM, Alexandra Louis, ils sont nombreux à s’étonner qu’aucun des participants n’ait saisi les services de la justice au titre de l’article 40 qui impose à tout fonctionnaire, et à a fortiori à tout élu de la République de saisir la justice s’ils sont témoins de faits relevant d’une infraction pénale. Outre les vice-présidents de la métropole (LR), Claude Piccirillo et Didier Réault, plusieurs fonctionnaires de l’institution assistaient à cette réunion. Via Twitter, ce dernier, ancien adjoint à la mer de Jean-Claude Gaudin rappelle qu’il “ne cautionne aucunement” ces propos.

La présidente de la métropole, Martine Vassal, a également réagi sur Twitter à la polémique en cours, sans référence direct au cadre dans lequel ces propos ont été tenus.

La République est une et indivisible. Aucun Français, quelles que soient ses origines, ses idées ou sa couleur de peau, ne mérite les propos stigmatisants qui ont été tenus. Ce n'est pas acceptable.

— Martine Vassal (@MartineVassal) April 27, 2021

Contacté par Marsactu avant la parution de l’article, la métropole n’avait pas souhaité réagir à ces propos tenus dans une instance placée sous son égide. Elle renvoyait alors vers Christian Tommasini à la responsabilité de ses propos. Dans La Provence, le président du club confie désormais que “[ses] mots ont dépassé [sa] pensée”. À Marsactu, il avait exprimé des regrets uniquement pour l’expression “ratonnade”.

Actualisation le 27 avril 2021 à 19 h : le parquet de Marseille a annoncé ouvrir une enquête préliminaire suite aux propos tenus lors de cette réunion.