Théâtre de la Comédie : “volte-face” du diocèse ou recul de la Ville ?
Il y a un an, le directeur du théâtre de la Comédie Jean-Pascal Mouthier était menacé d'expulsion par le diocèse, bailleur du théâtre, pour cause d'arriérés de loyer. En février 2015, un accord était en passe d'être trouvé. Depuis vendredi, l'archevêché demande brutalement l'expulsion du directeur.
Théâtre de la Comédie : “volte-face” du diocèse ou recul de la Ville ?
Le théâtre de la Comédie résonne encore des rires des spectateurs venus voir la pièce de Gilles Ascaride, Rigolo circus Parade, quand la nouvelle s’abat sur le fondateur de ce petit théâtre du 5e arrondissement de Marseille. Vendredi dernier, Jean Pascal Mouthier reçoit un message de son avocat lui signifiant “un changement brutal” de position de la part de l’église, propriétaire de cette ancienne salle paroissiale. D’après lui, l’archevêché rejette toute négociation, y compris la proposition de municipaliser le théâtre par l’entremise de la mairie de secteur. Il annonce qu’il va plaider l’expulsion de l’association et du directeur, locataire à titre personnel, lors d’une audience du tribunal d’instance le 16 octobre prochain.
Environ un an après le début de la médiatisation du contentieux entre Jean-Pascal Mouthier et le syndicat ecclésiastique des prêtres du diocèse, bailleur officiel du théâtre, le conflit est reparti de plus belle. Pour le directeur dépité, il s’agit “d’une attitude un peu irrationnelle, d’un changement à 180 degrés”. En février, l’intervention de Bruno Gilles avait permis d’éloigner la menace d’une expulsion de l’homme de théâtre. Le sénateur et maire de secteur (Les Républicains) propose de décentraliser la gestion de l’équipement culturel à la mairie centrale, ce que l’archevêché accepte. Jean-Pascal Mouthier doit céder son bail à la Ville. En contrepartie, il peut enfin rester dans les lieux et gagne l’assurance de la pérennisation de son poste.
Aujourd’hui, l’archevêché revient à sa position initiale. Comme à l’automne 2014, il demande l’expulsion de Jean-Pascal Mouthier pour cause d’importants arriérés de loyers – près de 40 000 euros à l’époque, 66 000 euros aujourd’hui – alors que celui-ci a passé plus d’une décennie dans les murs à remettre à flot un théâtre fermé depuis 1978 pour vétusté.
La Comédie à tout prix ?
Les réactions des parties prenantes de cette affaire ne tardent pas à se faire entendre. Le directeur de cabinet de Bruno Gilles, Jean-Philippe Ansaldi exprime son “exaspération face à cette décision unilatérale” : “On arrivait au bout de cette affaire. Le diocèse gagnait un locataire durable, la mairie. Bruno Gilles avait réussi à obtenir 30 000 euros de sa réserve parlementaire pour régler le solde de la dette locative, on était en passe de trouver une solution”. Le sénateur-maire du 4/5 enchérit par voie de communiqué :“cette volte-face très surprenante s’apparente à une surenchère regrettable que je ne peux comprendre que comme une méconnaissance du dossier”. Pour l’heure, le contact est totalement rompu entre les protagonistes.
Face à ces accusations, le diocèse se défend et accable la Ville en retour. Interrogé par La Provence, Laurent Charignon, le nouvel économe du diocèse l’assure, “si la mairie veut acheter ce théâtre, nous sommes prêts à le lui vendre, mais après la visite technique, ils se sont aperçus de l’ampleur des travaux et n’en parlent plus”. Une autre source proche du diocèse abonde dans ce sens, affirmant qu’après “la visite technique du 14 septembre, les techniciens de la Ville sont repartis avec des têtes déconfites”.
Difficile cependant de s’avancer sur le montant des futurs travaux, rétorque le directeur du théâtre. Ce montant ne sera connu qu’après une série de rendez-vous – où le diocèse n’est pas convié – avec les techniciens de la Ville, “conformément à ce qui avait été annoncé dès le départ”. De plus, ajoute pour sa part Jean-Philippe Ansaldi, “le principe n’a jamais été que l’on rachète le lieu !”. En effet, la municipalisation du lieu prévoit que la Ville prenne en charge les travaux de mise en conformité et se substitue à Jean-Pascal Mouthier comme locataire de l’Archevêché. Ce dernier resterait simple directeur et construirait sa programmation en accord avec la mairie de secteur.
Mise à mort
Le conditionnel est de rigueur. En théorie, Jean-Pascal Mouthier peut être expulsé dès ce vendredi. L’appel n’étant pas suspensif, si la justice donne raison au diocèse, le théâtre risque de s’éteindre une nouvelle fois. Mais notre source proche du diocèse l’assure, “nous voulons éviter cette expulsion. Si demain la mairie de secteur nous fait une proposition concrète de bail, nous les recevrons avec soulagement. Mais jusqu’à présent, à ma connaissance, la mairie du 4/5 n’a pas fait expertiser le théâtre pour évaluer le bail”.
Exaspéré, Jean-Pascal Mouthier lâche : “Pourquoi le diocèse ne téléphone-t-il pas au maire directement au lieu de venir me mettre à mort ?” Avant de rappeler : “un processus de municipalisation dure longtemps. Là, cela fait seulement six mois et le diocèse en a déjà assez ? ”
Actualisation le 16/10/15 : Alors que l’audience est repoussée à une date encore inconnue, Bruno Gilles nous réaffirme sa position : “Il n’y a absolument pas de recul de la Ville. La lettre que j’ai adressée à Jean Pascal Mouthier avant l’audience qui a d’ailleurs été repoussée, est très claire et sans ambiguïté concernant mon soutien depuis le début …. Je dirais même depuis le début des travaux il y a quelques années.”
Note de la rédaction : Le directeur du théâtre, Jean-Pascal Mouthier, a accueilli gracieusement Marsactu pour sa soirée de remerciements dédiée aux contributeurs mercredi 23 septembre 2015.
Adresse : Théâtre de la comédie, 109 Boulevard Jeanne d’Arc, 13005
Commentaires
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Bon, eh bien c’est du beau! Vu la précipitation des procédures , la (relative ) complexité d’une municipalisation du bail et des travaux,les protestations de bonne de foi (sans jeu de mot pour le coup) de tout un chacun, on comprend que les soutiens ne se précipitent pas, mais il y a de toute évidence urgence. Une belle solution/occasion est en passe d’être ratée, de faire vivre un théâtre, de déconcentrer l’action culturelle sur un quartier qui en a bien besoin, et qui y gagnerait en vie sociale et en convivialité, de répondre aux nombreux besoins des associations de proximité en contractualisant un cahier de charge équilibré, entre ces accueils et une programmation artistique ( c’est tout à fait possible et ça se fait dans pas mal de ville,) de ressusciter une salle de spectacle historique,( mais, comme Jean le savait, pour ressusciter encore faut il, en amont, susciter). Dans une ville où l’évêché est le nom (de baptême?) d’un commissariat central, on peut comprendre que les messagers s’égarent, mais il serait grand temps de se mettre d’accord pour de bon. Faute de quoi, il faudra bien en conclure que ce syndicat ecclésiastique des prêtres avait bien pour essentielle “vocation” de protéger les “intérêts” bien compris du très haut contre les locataires impécunieux, que les chemins qui mènent à Rome sont très durablement englués par la gadoue du dernier déluge, que… Mais nous n’en sommes pas (encore) là! Courage JEAN PASCAL, nombre de personnes sont toutes prêtes à vous soutenir, et vous avez, de plus, un patronyme quelque peu prédestiné… Ils devraient y réfléchir (dans l’intérêt de tous) à deux fois, sous réserve d’inventaire…
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