L’épidémie de Covid-19 coupe les ailes de l’extension de l’aéroport
La consultation publique pour l'agrandissement du terminal 1 de l'aéroport Marseille-Provence débute ce mardi. Elle ne concerne que la connexion entre les halls A et B. La "jetée", qui devait permettre d'accueillir plus d'avions et de lignes, est repoussée tant que le secteur ne se sera pas relevé de la crise sanitaire.
Projet du coeur d'aéroport à l'AMP. Crédits : AMP
À l’Estaque, les habitants savourent. Habitués du survol des avions qui viennent se poser sur le tarmac de l’aéroport Marseille Provence (AMP), ils profitent de beaucoup plus de calme. Avec la crise sanitaire, le secteur de l’aérien est littéralement cloué au sol depuis plusieurs mois. “C’est une bouffée d’oxygène”, reconnaît Dominique Zussy, président du CIQ Estaque-Riaux. Une situation qui coûte cher à l’aéroport Marseille-Provence dont le trafic passager a chuté de 68% à l’international et de 54% pour les vols domestiques. Et surtout qui tombe mal.
Après une année 2019 record avec la barre des 10 millions de voyageurs franchie, l’aéroport devait commencer en 2020 sa grande mue. D’abord avec le projet “cœur d’aéroport”, un bâtiment pour relier les deux halls et les moderniser. Puis avec une “jetée” de 13 500 m2 capable d’accroître le nombre d’avions sur le tarmac – et donc le nombre de passagers – dont les travaux devaient débuter en 2023. Deux chantiers d’un coût total de 250 millions d’euros dont la crise sanitaire a singulièrement réduit l’ambition.
En effet, l’enquête publique qui s’ouvre ce mardi pour une durée d’un mois ne concerne que l’extension du terminal. C’est ce qu’a indiqué l’aéroport lors d’une commission consultative à l’environnement dédiée aux travaux le 7 septembre dernier. “Ils nous ont assuré que le permis de construire ne concerne que cette partie”, souligne Dominique Zussy qui était présent lors de cette réunion et suit le dossier avec attention. Ce que confirme la plaquette d’information mise à disposition du public dans le cadre de la consultation. Il est écrit que l’aire de stationnement des avions et la jetée sont “conditionnées à la progression du trafic aérien” avec la précision que leur “réalisation est à ce jour reportée au-delà de 2027, du fait de l’impact de la crise sanitaire sur le trafic aérien“.
Une forte concurrence entre aéroports
Ces opérations sont malgré tout mentionnées dans une partie dédiée. Selon le document, la jetée “permettra de créer des postes avions et des salles d’embarquement supplémentaires, portant la capacité globale du terminal 1 de 8 à 12 millions de passagers. L’aéroport Marseille Provence pourra ainsi accueillir jusqu’à 18 millions de passagers à terme en 2045 (12 millions pour le terminal 1 et 6 millions pour le terminal 2) et être en mesure d’accompagner la croissance de la plateforme aéroportuaire sans dégrader le niveau de qualité de service”.
C’est également dans cette partie de la plaquette consacrée à la tranche conditionnelle des travaux que l’aéroport vante l’importance économique du projet à coup de millions d’euros de retombées et de son impact sur l’emploi. Pour l’AMP, l’augmentation du nombre de lignes est une étape importante. Car malgré une fréquentation en hausse, il fait face à une concurrence féroce. Toulouse lui avait même chipé la place de 5e aéroport français en 2017 et 2018, derrière les plateformes parisiennes, Nice et Lyon. Ce décalage des projets d’extension est donc une mauvaise nouvelle sur le plan économique. En revanche, il réjouit les riverains et militants qui s’apprêtent à participer à l’enquête publique. Même si l’emboîtement des deux projets présentent un risque pour eux.
Une procédure à recommencer
“Le risque c’est d’utiliser comme argument qu’après les investissements réalisés pour le nouveau bâtiment, il est nécessaire de réaliser la jetée. Mais l’aéroport nous a dit qu’ils ne le feraient pas”, prévient Dominique Zussy. Contacté, l’aéroport Marseille-Provence n’a pas souhaité répondre à nos questions tant que l’enquête publique ne serait pas terminée. En avril, Philippe Bernant, le président du directoire, liait la (re)mise en route de la jetée à la reprise du secteur. Il prévoyait alors une baisse de trafic pour de 15 à 20% en 2021. Les différents acteurs du monde aérien prévoient, eux, un retour à la normale au plus tôt entre 2023 et 2025.
Malgré ces enjeux économiques mis en avant, Dominique Zussy qualifie le projet de jetée “d’inopportun et d’anachronique en regard de la prise de conscience écologique”. Dans son avis, présent dans le dossier d’enquête publique, l’autorité environnementale s’interroge également sur la compatibilité du “développement de la plateforme (…) avec la santé des habitants du territoire et l’objectif national de neutralité carbone à l’horizon 2050”, dans un avis rendu en mars dernier. D’autant plus que l’aéroport n’a pas de pouvoir direct sur les compagnies aériennes pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre.
L’étude d’impact du projet qui, aujourd’hui prend en compte l’extension du terminal 1 et la jetée, devra de toute manière être refaite si la jetée est relancée. “Ils devront redéposer un permis et refaire une consultation publique”, se satisfait le président du CIQ Estaque-Riaux. Une procédure qui prendra du temps.
Commentaires
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Curieux ces différences d’appréciation du montant global des travaux entre Marignane et La Ciotat (https://marsactu.fr/agora/un-ascenseur-pour-nos-impots-un-echafaud-pour-les-services-epilogue/)
On aurait pu s’attendre à ce que le préfet admette de saucissonner le projet entre les parties pour les voyageurs et les parties pour les avions par exemple…
Ceci dit, si le publics s’oppose à ce projet en ce basant sur les analyses de l’OCDE (https://read.oecd-ilibrary.org/view/?ref=136_136471-p1y1ggtiv8&title=Mettre-la-relance-verte-au-service-de-l-emploi-des-revenus-et-de-la-croissance%20), il y a toutes les chances qu’il soit enterré. Les riverains de la montée Pichou n’auront peut-être pas de navettes mais ils pourront dormir un peu plus longtemps…
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C’est le moment pour la métropole de prendre possession de l’aéroport et du port pour asseoir économiquement sa base.
Ce sera moins dur pour l’Etat qui voit ses recettes diminuer et c’est un atout de long terme pour l’agglomération : il y aura tj un port et un aéroport à Marseille.
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