L’avenir de La Marseillaise se joue entre un soutien parapublic et le duo La Provence-Niel
Alors que les salariés soutiennent majoritairement une offre de reprise portée par la société martégale parapublique Maritima médias, une offre portée par l'autre quotidien local et le fondateur de Free rend l'avenir du journal flou.
L’avenir de La Marseillaise se joue entre un soutien parapublic et le duo La Provence-Niel
Fidèle à la tradition de leur titre, c’est aussi dans la rue que les salariés du journal La Marseillaise entendent peser sur l’avenir de leur titre. Ce jeudi, à l’appel de la CGT, ils manifesteront devant le siège du journal aux côtés de leurs lecteurs et soutiens à midi et demi. Leur objectif ? Peser sur les offres de reprise du journal, plombé par la crise sanitaire puis placé en liquidation judiciaire, et contrecarrer l’offre jugée “hostile” du groupe La Provence associé à la holding NJJ Presse de Xavier Niel, le patron de Free. Les salariés de La Marseillaise soupçonnent qu’il s’agisse surtout de mettre la main sur le lucratif mondial à pétanque, importante ressource de la société éditrice.
Nous n’avons pu joindre les responsables du groupe La Provence avant la publication de cet article. En revanche, dans une communication interne relatant une conversation avec le PDG Jean-Christophe Serfati que Marsactu a consulté, le syndicat SNJ a donné quelques précisions. Le rachat ferait l’objet d’une société dédiée dans laquelle La Provence possèderait 51 % et NJJ Presse 49 %. Jean-Christophe Serfati a estimé lors de la conversation relatée présenter “la seule offre crédible économiquement”.
Si elle se concrétise avant la date limite fixée au 14 août à 18 heures, cette offre viendrait bousculer le projet de reprise privilégié en interne : celui porté par Maritima médias, qui possède le site Internet, la radio et la télévision éponymes du pays de Martigues. Une reprise par La Provence et Xavier Niel (déjà actionnaire minoritaire de La Provence et propriétaire de Nice-matin et Var-matin), signifierait une concentration inédite depuis la Libération de la presse quotidienne papier à Marseille. “C’est une question démocratique, le pluralisme est essentiel. Il est terrifiant d’avoir un seul titre pour une région entière”, appuie Léo Purguette, le rédacteur en chef de La Marseillaise. Le projet réduirait largement la diffusion de son journal. De sources concordantes, l’offre La Provence-Niel consiste à transformer l’actuel quotidien en un hebdomadaire doté d’un site Internet plus réactif.
Bernard Tapie et La Provence déjà en difficulté
Le choix étonne d’un point de vue éditorial alors que Bernard Tapie avait rapidement mis fin au seul hebdomadaire marseillais, Marseille l’hebdo, lors de sa prise de contrôle du groupe La Provence. Il signifierait aussi la suppression de plus de la moitié de la cinquantaine de postes actuelle à La Marseillaise. Seuls “une quinzaine de postes” seraient conservés selon le compte-rendu du SNJ. Il surprend davantage encore d’un point de vue économique alors que le groupe Bernard Tapie, l’actionnaire majoritaire du groupe La Provence, est lui-même placé en redressement judiciaire.
En s’affichant en faveur de l’option martégale qui maintiendrait le rythme de parution et grosso modo l’effectif actuel, les salariés espèrent encore “faire en sorte que La Provence n’aille pas au bout de sa démarche”, explique Émilie Parente, la déléguée CGT. Le rédacteur en chef Léo Purguette assure de son côté que d’autres personnes ou groupes qui avaient manifesté leur intérêt ont renoncé “devant ce projet soutenu par les salariés”.
L’équipe du journal de tradition communiste voit d’un bon œil l’arrivée de cette société dont le président est le maire PCF de Martigues, Gaby Charroux. Aussi dénommée Martigues communication, il s’agit d’une société d’économie mixte (SEM) au sein de laquelle la Ville de Martigues est à la fois l’actionnaire très majoritaire et la principale cliente, notamment via la commande du magazine municipal. Une configuration qui font de ce groupe une curiosité dans le paysage médiatique français.
Des soutiens publics recherchés
Maritima médias serait partie prenante d’une nouvelle société anonyme qui associerait d’autres acteurs. “Il y aurait la SEM, des investisseurs et une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) qui associerait l’association des lecteurs, l’association des salariés et des collectivités publiques”, explique Thierry Debard, le directeur de Maritima. Il précise que la société parapublique “porte le projet et a vocation à assurer la gestion à moyen terme” mais ne sera “pas forcément l’actionnaire principal”.
Parmi les partenaires public, on trouverait là encore la mairie de Martigues. Sans vouloir entrer dans les détails, Thierry Debard affirme que “deux collectivités ont donné leur niveau d’intervention et d’autres des lettres d’intention”. Il précise tout de même avoir reçu des “manifestations d’intérêt de la Ville de Marseille et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur”. Cette dernière a déjà accompagné l’actuel propriétaire, les Editions des Fédérés, au titre du soutien économique face à la crise sanitaire à hauteur de 100 000 euros en avril et en mai, “au nom du pluralisme de la presse”, avait expliqué son président Renaud Muselier en séance le 19 juin.
Le passage sous la gestion d’une entreprise para-publique pose aussi des questions en terme d’indépendance. “On est à l’aise avec notre histoire”, assume Léo Purguette face à l’arrivée possible de ce satellite d’une mairie communiste. “Je ne dis pas que la presse quotidienne régionale n’a pas de relations incestueuses mais on a prouvé qu’on pouvait écrire ce que l’on souhaitait, par exemple avec les enquêtes “balance ton taudis””, à propos de l’habitat indigne à Marseille, argumente Emilie Parente de la CGT La Marseillaise. “Il y aura une charte éditoriale claire qui bordera l’action de la direction sur la ligne éditoriale. Il n’y aura pas d’ingérence même si on pourra amender légèrement la ligne éditoriale”, assure Thierry Debard qui vise “un maintien du corpus idéologique avec une ouverture sur un plus large public”. Il imagine par exemple “une application qui en plus du contenu éditorial proposerait un city guide, de l’info trafic, un vrai couteau suisse identifié La Marseillaise”.
En arrière-plan, il s’agit à ses yeux “d’inscrire La Marseillaise dans une vraie logique d’entreprise, de travailler sur des synergies, d’aller chercher du lectorat, de monter des événements, de trouver des couplages publicitaires pour atteindre la rentabilité économique”. Pour cela, il imagine se séparer “de tout le top management. Il ne suffit pas de se réclamer d’un engagement politique pour gérer une entreprise, il faut recruter un vrai manager”. Quel que soit le repreneur choisi, La Marseillaise doit s’attendre à du changement.
Commentaires
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Malgré la perte des emplois, pourquoi ne pas faire comme Marsactu, transformer le papier en écran?
Et si la ville de Marseille faisait comme celle de Martigues…?
Bon, je ne suis pas bon dans le financement de la PQR mais c’est vrai que la question me semble difficilement soluble…
Niel dehors!
Je serais à 12h 30 pour soutenir la Marseillaise. J’espère qu’il y aura du monde…!
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Une observation et deux questions.
Ce quotidien est mort.
Posez vous la question de savoir pourquoi les lecteurs ne sont plus au rendez-vous ?
Pouvez vous imaginer un journal d’opinions des gauches, plutôt qu’une revue politco syndicale ?
Le pluralisme est une évidence mais aujourd’hui avec la Provence nous avons le niveau zéro du journalisme et avec la Marseillaise un monologue permanent.
Il y aurait bien quelques mliardaires de gauche pour financer ce projet ?
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Aucune des deux options ne convient. Il est possible de sauver économiquement (et sans doute provisoirement) le journal, mais pas de préserver son indépendance en dépit des promesses faites la main sur le cœur par les uns et les autres. La question de l’acharnement thérapeutique est donc posée en même temps que celle d’une fin dans la dignité. Apres tout, d’autres, avec leur seule abnégation et le soutien de quelques lecteurs ont su faire émerger un modèle viable, indépendant et démontré que l’on peut construire du neuf sans mobiliser des millions ni se placer sous une quelconque tutelle. Mais il faut de l’imagination, du courage…
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Et avec quels lecteurs ?
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Quelques dizaines qui ont apporté, chacun, quelques centaines d’euros et qui, tous ensemble, detiennent moins de 25% du capital, de sorte qu’ils ne peuvent rien imposer mais seulement soutenir l’idée du pluralisme. Les journalistes fondateurs gardent ensemble le contrôle (mais aucun ne l’a tout seul). Jean-Francois Kahn avait lancé avec un certain succès L’Evenement du jeudi sur un modèle comparable il y a près de trente ans…
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Une bonne piste en effet
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J’ai lu que la marseillaise papier n’avait aucune valeur financière, par contre son achat est indissociable du mondial de pétanque qui lui rapporterait de l’argent.
Et l’argent il n’y a que cela qui intéresse Tapie, au point de monnayer un feuilleton de ses multiples cancers.
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Juste un rappel : A l’origine, La Marseillaise était un journal communiste. La proposition de la ville de Martigues est assez cohérente avec l’histoire du journal, donc.
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Oui de ce point de vue c’est tout à fait cohérent. Mais cela lie le sort du journal au résultat des élections. Mais qu’adviendra t’il quand la mairie tombera entre d’autres mains ?
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Un journal Communiste peut-il être viable aujourd’hui ?
Et si dans 6 ans les communistes perdent la Ville de Martigues que se passera-t-il ?
La Presse doit être libre et indépendante du grand capital et du politique.
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On imagine difficilement que ce retrait soit spontané et motivé par lenmaintien de l’emploi. Realpolitik. Ce sera donc une candidature unique et sans risque, dans la tradition soviétique… Le Tribunal choisira la seule option qui lui est offerte et la ville de Martigues pourra entretenir une danseuse marseillaise aux frais de ses contribuables qui apprécieront… ou pas
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Cette danseuse soviétique n’est malheureusement pas membre du Bolchoï,mais de la maison du peuple des Martigues. Même
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Même l’humanité n’en veut pas, c’est dire
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Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente…
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J’en ai récupéré une bonne, l’embetant avant de ressusciter, c’est qu’il faut mourir
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