Métropole : mode d’emploi d’une élection à 4,8 milliards
Rapports de force, déroulé de la séance : Marsactu vous donne quelques clés pour suivre la formation du nouvel exécutif métropolitain.
Aujourd'hui constituée de 92 communes, la métropole est appelée à se réformer. (Photo Emilio Guzman)
Encore une élection ? Ce jeudi, c’est au tour des 240 conseillers métropolitains de choisir qui prendra la présidence d’Aix-Marseille Provence. Moins médiatique que l’élection du maire de Marseille, qui a vu Michèle Rubirola succéder à Jean-Claude Gaudin samedi 4 juillet, cette séance déterminera néanmoins l’équipe aux manettes de cette institution d’envergure. Avec 4,8 milliards d’euros de budget, 7500 agents, la métropole intervient sur de nombreux compétences de la vie quotidienne, dont les transports (voir notre tuto sur la répartition entre mairie et métropole).
102 Marseillais sur 240, Rubirola pas candidate
Sur le papier, même minoritaire au conseil municipal après sa défaite dans son secteur, Martine Vassal est en bonne position pour conserver son siège, face au maire communiste de Martigues Gaby Charroux, au maire LREM de La Roque d’Anthéron Jean-Pierre Serrus et au sénateur RN Stéphane Ravier. La maire de Marseille Michèle Rubirola, qui ne se porte pas candidate, devrait quant à elle soutenir Gaby Charroux, même si elle ne le nomme pas lorsqu’elle décrit “le maire d’une commune reconnue pour la qualité de sa gestion, et sur une candidature de rassemblement et de progrès”. Au niveau des seuls 102 élus marseillais, elle ne lui apporte cependant qu’une avance mince : 51 sièges pour le Printemps marseillais et ses alliés, 43 pour les listes de Martine Vassal et de Bruno Gilles, 8 pour le RN.
Surtout, les Marseillais ne pèsent “que” 102 des 240 délégués issus des 92 communes. Sur les treize autres grandes villes qui comptent plus d’un siège au conseil métropolitain (de 2 pour Gardanne jusqu’à 17 pour Aix), la droite en a emporté huit. S’y ajoute Istres (5 sièges), dont le maire divers gauche François Bernardini s’est allié à la droite au niveau métropolitain. Soit 40 sièges de plus, en théorie, acquis à Martine Vassal. De son côté, Gaby Charroux ne peut s’appuyer que sur 12 sièges supplémentaires venus de Martigues, Vitrolles et Miramas.
Restent 78 communes représentées seulement par leur maire. Là, l’étiquette politique est parfois plus complexe à lire. Mais le soutien penche majoritairement pour LR (lire notre article sur la conférence de presse de Martine Vassal) et devrait permettre de trouver les 38 sièges manquant pour atteindre la majorité absolue, fixée à 121 si les 240 conseillers choisissent tous un candidat. À défaut, après deux tours sans majorité absolue, c’est la candidature recueillant le plus de voix qui serait retenue.
La composition du conseil métropolitain
Les étiquettes sont celles qui ont été attribuées par la préfecture des Bouches-du-Rhône.
Le “tir aux pigeons” des vice-présidents
La question de la présidence réglée, restera celle du “gouvernement” métropolitain, composé d’un maximum de vingt vice-présidents. Un choix moins verrouillé qu’au niveau des mairies, où les adjoints sont élus en bloc sur une liste présentée par le maire. Dans les intercommunalités comme la métropole a encore lieu ce que certains ont baptisé le “tir aux pigeons” : chaque poste de vice-président est soumis au vote à tour de rôle, libre à chacun de tenter le coup.
En 2016, la droite majoritaire avait récalé deux maires socialistes de grandes villes qui avaient convenu Jean-Claude Gaudin de participer à l’exécutif.
Dans la jeune histoire de la métropole Aix-Marseille Provence, créée en 2016, l’exercice a donné lieu à quelques surprises. En septembre 2018, Jean-Pierre Serrus avait été éjecté de sa vice-présidence déléguée aux transports par un candidat surprise venu de LR, tandis que la centriste marseillaise Arlette Fructus résistait de justesse à un assaut de Solange Biaggi (LR). En 2016, la droite majoritaire avait déjà envoyé un message net en recalant deux maires socialistes de grandes villes, Vitrolles et Miramas, qui avaient pourtant convenu avec le président d’alors, Jean-Claude Gaudin, de participer à l’exécutif.
Le Printemps marseillais revendique la présidence d’organismes clés
Si Martine Vassal accédait à la présidence, “elle porterait la lourde responsabilité de ne pas faire cette métropole contre la maire de Marseille. Les deux institutions doivent être partenaires, pour la vie quotidienne des Marseillais”, estime Jean-David Ciot, maire du Puy-Sainte-Réparade. Une vision de syndicat de communes qu’il sait bien ne pas partager avec la gauche marseillaise. Dans un communiqué de presse, l’écologiste Sébastien Barles, élu dans le 1/7, appelle à “sortir de cette logique d’une métropole guichet pour les communes”. Quant au Printemps marseillais, il n’a rompu que tardivement une campagne centrée sur la conquête de la Ville. Dans un communiqué mercredi soir, il appelle à ce que “les logiques partisanes ne dominent pas l’intérêt général métropolitain” et revendique “les moyens de mettre en œuvre le programme de la nouvelle majorité élue” :
Dans les quatre organismes métropolitains sans lesquels aucun des investissements d’envergure indispensables aux Marseillais ne pourra se faire – la RTM, la SOLEAM, la SPLAIN, ou encore l’AGAM, la question de la présidence par un élu marseillais issu de cette majorité ne saurait se discuter.
Or, les conseils d’administrations de ces opérateurs de transports et de l’urbanisme ne réservent statutairement que de rares sièges à l’opposition. Concernant la SPLA-IN, création récente pour lutter contre l’habitat indigne, ce n’est même qu’après un forcing auprès de l’État que la Ville a obtenu d’en faire partie… Pour l’heure, ces désignations ne sont pas inscrites à l’ordre du jour.
Commentaires
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Merci Marsactu, article precis et limpide, vous êtes au top !
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Bonjour,
A quelle date se font les désignations des 4 organismes métropolitains ?
Merci pour vos précieux articles, ils sont vraiment bien illustrés et avec les liens qui vont avec, c’est parfait.
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