En vue du retour des élèves à l’école, l’aide alimentaire est invitée à se faire ailleurs
À partir de ce lundi 4 mai, les écoles marseillaises ne seront plus accessibles pour les distributions alimentaires organisées par des collectifs d'enseignants et de parents d'élèves. La Ville y préparera la rentrée post-confinement du 11 mai. Les collectifs, pas forcément informés, devront s'adresser aux centres sociaux.
L'école maternelle Extérieur à Bougainville (15e).
L'enjeu
Dans l'attente de solutions institutionnelles suffisantes, des enseignants et parents d'élèves continuent d'organiser des distributions alimentaires au sein de leurs écoles.
Le contexte
Le confinement met en difficulté des familles déjà fragiles, dont les parents ont perdu leur emploi ou ne peuvent pas exercer d'emploi précaire, au noir, ou autres activités de l'économie informelle.
Parmi la myriade d’initiatives d’aide aux Marseillais démunis en ces temps de crise sanitaire, des collectifs d’enseignants et de parents d’élèves se sont constitués dès la première semaine de confinement (lire notre article sur la solidarité alimentaire des écoles). Via des cagnottes en ligne, ils organisent un soutien alimentaire, voire parfois financier.
Durant les premières semaines, certains utilisaient les locaux scolaires pour faire leurs distributions, sans l’autorisation de la Ville, propriétaire des murs. Ce qui avait valu peu avant le week-end pascal, des pressions sur plusieurs enseignants de la part de leur hiérarchie au sein de l’Éducation nationale. Celle-ci ne souhaitait pas que les écoles soient utilisées pour faire les distributions et que le nom des écoles ne soit pas mentionné en titre des cagnottes. Jointe par Marsactu le 14 avril, Danièle Casanova, l’élue municipale à l’éducation avait finalement annoncé son accord pour l’utilisation des écoles dans ce cadre solidaire.
“Je ne sais pas comment on va faire”
Mais à partir de ce lundi 4 mai, les collectifs n’y seront plus admis. En effet, la Ville veut préparer la rentrée du 11 mai en organisant l’inspection et le nettoyage des locaux scolaires. Alors, pour avoir un lieu de distribution, les collectifs devront se tourner vers “les centres sociaux et les maisons pour tous”, affirme Danièle Casanova à Marsactu. Mais selon les témoignages recueillis au sein des collectifs concernés, la mairie ne leur a pas fait part de solution alternative, les laissant devant le fait accompli.
“La semaine prochaine, je ne sais pas comment on va faire”, s’inquiète Agnès, enseignante à l’école Peyssonnel 2 dans le troisième arrondissement. Elle ne se voit pas arrêter les distributions alors que “les demandes d’aide sont en constante augmentation”. 90 familles sont aujourd’hui soutenues sur l’ensemble du groupe scolaire Peyssonnel, qui comprend une école maternelle et deux écoles élémentaires. Nos autres interlocutrices partagent le même constat. Le collectif du groupe scolaire Révolution (3e) s’occupe ainsi de 20 familles de plus que depuis le début du confinement pour un total de 70 et arrive à saturation. “C’est horrible, on est désormais obligé de refuser des gens”, commente, amère l’enseignante Émilia Sinsoilliez, par ailleurs membre du Printemps marseillais.
Le risque de “perdre des élèves”
Dans une école du centre-ville, faute d’autre solution, il est probable que la distribution se tienne quand même dans la cour de récréation. “Il y un grand nettoyage prévue mardi [5 mai]. En conséquence, on ne sait pas quand sera la distribution. Mais pour l’instant l’équipe enseignante n’envisage pas d’autre lieu”, dit Maud, une mère d’élève. Ailleurs, les collectifs ont pris depuis longtemps des dispositions pour ne pas recourir aux écoles. Dans le troisième arrondissement des distributions sont organisés “dans les locaux de l’atelier de création artistique Méta2 et dans le hall du cinéma le Gyptis, informe Émilia Sinsoilliez, enseignante. On n’est jamais revenu à l’école en anticipant sur le manque d’action de la mairie.”
Le collectif de l’école maternelle Extérieur à Bougainville (15e) ne s’est lui non plus jamais servi des locaux scolaires. Grâce au concours des associations Entraide et coopération en Méditerranée et Emmaüs, “On continue à faire les distributions avec une tournée en camion”, raconte Andréa, enseignante de cet établissement, notamment grâce au concours des associations Entraide et coopération en méditerranée et d’Emmaüs.
Les enseignantes redoutent que la crise sociale empire, après le déconfinement. “On a des parents d’élèves qui ont perdu leur emploi ou qui auront encore plus de difficultés à trouver autre chose que des emplois précaires”, alerte Emilia Sinsoilliez. Sans compter les personnes sans-papiers, obligées de travailler au noir, puisque ne disposant pas d’autorisation de travail. “On a des familles qui ont un mois à deux mois de retard de loyer. Leurs situations seront encore pire qu’avant, avec le risque qu’elles se retrouvent à la rue”, s’inquiète Andrea. La situation sociale difficile fait craindre à l’enseignante de “perdre des élèves”, en décrochage scolaire, voire déscolarisés.
Une aide institutionnelle encore insuffisanteEspérée depuis le début du confinement pour prendre le relais de l’aide alimentaire, l’aide institutionnelle parait encore insuffisante aux yeux des acteurs interrogés par nos soins. Une partie des paniers mis en place par la métropole sont distribués via les collectifs des écoles. “On en reçoit 15 par semaine alors que l’on aide 30 familles”, déplore Maud, une mère d’élève du centre-ville qui les juge en outre “bien maigres”. Un avis partagé par Salim Grabsi du Syndicat des quartiers populaires de Marseille (SQPM), acteur de la plateforme de distribution organisée au McDo “réquisitionné” de Saint-Barthélémy. “On y trouve quatre navets et une salade alors que les gens ont besoin de consistant”, s’offusque-t-il. Quant aux distributions de repas, issus de la cantine centrale Sodexo, promises par la mairie il y a 15 jours, elle n’ont débuté que depuis ce début de semaine.
Commentaires
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lundi 3 mars !!
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Le coupable est condamné à reprendre l’année à partir du 3 mars, confinement compris !
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Encore une démonstration du peu de considération manifestée par notre maire et ses adjoints envers les habitants les plus précaires de la ville. Alors que des bénévoles assument des tâches qui auraient dû être de la responsabilité de la mairie. S’il faut préparer les écoles, la mise en place d’une organisation entre bénévoles et services municipaux concernés n’étaient-elle pas possible ? Vivement le changement !
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tout à fait d’accord la Mairie pourrait proposer des salles par exemple aux CAL, maison de quartier ou autre
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