Les divisions du PS ont aussi compliqué les comptes de campagne

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le 10 Sep 2014
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Les divisions du PS ont aussi compliqué les comptes de campagne
Les divisions du PS ont aussi compliqué les comptes de campagne

Les divisions du PS ont aussi compliqué les comptes de campagne

Ils sont militants, ex candidats ou élus et, depuis hier, ils constatent avec dépit l'ultime couac de la campagne municipale des socialistes et des écologistes. La possible annulation des comptes de campagne des huit listes "Un nouveau cap" préconisée par le rapporteur public de la commission des comptes de campagne, ils ne l'avaient pas forcément vu venir. "On a eu une réunion avec Marie-Arlette dans la semaine et elle ne nous a rien dit", s'étonne un ancien colistier de Carlotti dans les 4e et 5e arrondissements.

Malgré quelques réactions affolées au sein des partis concernés, Patrick Mennucci a publié un communiqué où il affiche sa sérénité. "Notre expert-comptable nous accompagne dans la préparation des réponses au rapporteur. Nous restons confiants dans le discernement de la Commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques", écrit-il. L'ancien candidat à la mairie pourrait s'exprimer davantage à l'issue d'une réunion avec l'ensemble des ex têtes de liste prévue pour l'heure vendredi midi à la fédération socialiste rue Montgrand. Chacun de ces huit chefs de file risque aujourd'hui de voir son compte de campagne non remboursé voire même une inéligibilité qui le priverait de son mandat municipal.

"Difficulté à travailler ensemble sur les comptes"

Beaucoup d'acteurs de la campagne imputent largement à leurs différends passés la situation actuelle. "En 2008, Guérini n'avait pas laissé les candidats gérer dans leur coin leurs comptes de campagne, il avait tout centralisé, constate une source proche du dossier. La difficulté à faire travailler ensemble les candidats s'est aussi vue au niveau des comptes." Une ancienne candidate écologiste abonde : "Chacun a géré ses comptes à sa manière. Chaque secteur se méfiait de l'autre : il n'y avait pas de dialogue mais de la défiance."

Cela correspond au contexte politique de la campagne. Au lendemain des primaires, le candidat Mennucci n'a jamais réussi à obtenir mieux qu'une unité de façade rapidement fissurée par les rancœurs politiques autant que personnelles de ses colistiers. La fédération dessaisie du dossier comme la tutelle nationale inexistante ont encore moins fait le lien entre les candidats. "On a été plus que tenus à l'écart mais aujourd'hui, on ne s'en plaint pas", confirme-t-on mi-amusé mi-inquiet à Montgrand.

Cette division s'est facilement immiscée dans les subtilités de la règle électorale. Aux yeux de la loi, les municipales marseillaises ne sont que huit élections différentes. La tête de liste de secteur a alors une marge de manœuvre importante vis-à-vis du candidat à la mairie. Cette liberté est à double tranchant. D'un côté, elle gère seule le dépôt de sa liste mais, de l'autre, elle est aussi l'unique responsable de son compte de campagne.

"Les mandataires financiers s'engueulaient"

Dans les faits, la campagne est pourtant largement globalisée à commencer par les meetings et une partie de l'affichage. Il faut alors, calculette en main, répartir les frais généraux entre les huit comptes de campagne tout en prenant garde de rester dans les plafonds autorisés. "J'ai vu les mandataires financiers des candidats s'engueuler entre eux pour savoir à quel secteur attribuer telle ou telle dépense, se souvient un cadre socialiste. Je pense que les problèmes actuels viennent de là."

À cet exercice déjà complexe, s'est ajoutée une difficulté supplémentaire relevée dans un communiqué par Marie-Arlette Carlotti, conseillère municipale et ex tête de liste dans les 4e et 5e arrondissements : "L’examen des comptes groupés est rendu cette année plus difficile en raison de la première élection primaire ouverte organisée à Marseille." Comment par exemple comptabiliser les frais de campagne du candidat à la candidature Henri Jibrayel qui ne figurait même pas sur les listes finales mais qui a de fait contribué à la campagne ? Contacté, le coordinateur financier de la campagne, Bruno de Boissezon n'a pas souhaité répondre à nos questions.

La réalisation de ce montage financier était aussi dans la feuille de mission du cabinet d'expertise comptable parisien Sofideec Baker Tilly qui refuse pour l'heure de s'exprimer. "Un de leurs représentants était présent sur l'ensemble de la campagne et s'assurait que tout se passait bien", explique Annie Lévy-Mozziconacci, conseillère municipale et ex tête de liste pour les 6e et 8e arrondissements. Certaines sources affirment que cet expert a parfois eu du mal à compiler les dossiers, ce qui pourrait expliquer l'imbroglio de la remise des comptes. Ils ont été apportés une première fois à la commission des comptes de campagne, pile dans les délais, et, une fois modifiés, redéposés dix jours plus tard une fois la date limite dépassée.

"Amateurisme, désinvolture"

"Il y a eu de l'amateurisme, un ou deux cas de désinvolture mais ça relève plus du bricolage ou du bordel ambiant", admet un ancien membre de l'équipe de campagne. Un épisode étonnant a ainsi fait tiquer la commission des comptes de campagne. Une dépense de deuxième tour a été attribuée à la campagne des 6e et 8e arrondissements de Marseille alors même que cette élection était réglée dès le premier tour, la liste de Jean-Claude Gaudin ayant atteint la majorité absolue dans ce secteur. Il s'agissait d'une location de voiture pour Annie Lévy-Mozziconacci et ses militants.

"Pour moi, on était dans une seule et même élection. Nous avons continué à faire campagne notamment dans les 1er et 7e arrondissements, explique la candidate qui se présentait pour la première fois. On m'a conseillé de garder la location de voiture, je l'ai gardée. C'est ce que j'ai expliqué au rapporteur qui m'a posé la question. C'est un élément de détail : ça représente entre 100 et 200 euros. Le rapporteur jugera de la sincérité de ma réponse." La nouvelle conseillère municipale jure que c'est le seul cas de ce genre mais on peut se demander comment une erreur aussi grossière a pu échapper aux divers contrôles et relectures.

L'ensemble des têtes de liste assure aujourd'hui qu'en aucun cas, la sincérité de leurs comptes pourrait être mise en cause. Patrick Mennucci ajoute dans son communiqué qu'"à aucun moment n'est évoqué un quelconque dépassement du plafond dans aucun secteur". Lui et ses colistiers se seraient bien passés de cet épisode douloureux à quinze jours de sénatoriales déjà très difficiles pour la gauche. Commentaire désabusé d'un socialiste : "Ça ferait tellement plaisir à Guérini que ceux qui l'ont accusé de taper dans le pot de confiture se fassent attraper avec une petite cuillère dans la main…"

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Il est grand temps de réformer la loi PLM. On savait que la nécessité de constituer huit listes différentes multiplait par 8 les occasions de cuisine électorale et les attitudes de diva. Si, de surcroît, elle conduit à huit comptes de campagne différents dans une même ville, on est dans la complexité inutile et imbécile.

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  2. Anonyme Anonyme

    amateurs, branquignoles, rigolos, du beau et grand Guignol!!!!!!
    adieu ps13, enterez les tous……

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  3. Anonyme Anonyme

    Il y a des lois, il suffit de s’y conformer. Changer les règles pour couvrir l’incompétence de certains me semblent relever de la plus pure manipulation.
    La comparaison permanence de la mauvaise gestion marseillaise aux réussites des autres communes dont vous êtes un spécialistes auraient due vous amener à dire qu’à Lyon et Paris, il semble n’y avoir aucune difficulté pour aucune liste sur le plan des comptes de campagne.
    Peut-être devrait-on éditer : les comptes de campagne pour les nuls?

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  4. marseillais marseillais

    8 têtes de listes PS incapables de s’entendre, aux égos surdimensionnés;une tête de liste PM clivant et incapable de rassembler. Résultat : une élection catastrophique. Et pour couronner le tout, des comptes invalidés. Votre analyse MarsActu est juste. Comment la gauche marseillaise va se sortir de cet immense gâchis. Cela va passer par un profond renouvellement de nos élites politiques…et ça, ce n’est pas gagné

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  5. Anonyme Anonyme

    Pas un pour rattraper l’autre,surtout l’ex vendeur de voiture !!! Pour preuve pas un n’est au gouvernement que des incapables . Aux oubliettes vite vite le PS avec.

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  6. leravidemilo leravidemilo

    “Bis répétitas placent” comme disait l’autre (il faut bien que l’un d’entre nous se dévoue,mais si quelqu’un prends le relais,je ne m’en plaindrai pas…): -Un certain nombre de clichés,ne correspondant plus du tout à la réalité au point d’en devenir irréels,obscursissent le débat plutôt que de l’éclairer: -IL y a déjà un bon bout de temps que, dans la société française telle qu’elle est,la classe politique ne représente plus ni l’élite ni une élite, que ce soit d’un point de vue intellectuel,culturel,éthique… – Un bon bout de temps également,que le P”””S”””,qui conçoit et applique,dans tous les domaines,une politique de droite n’est plus “de gauche” et encore moins “la gauche”. – Par ailleurs,ceux qui s’interrogent doctement sur le fait de savoir pourquoi telle chose est faisable à Paris (avec 20 arrondissements) et à Lyon,avec 8, ne l’est pas à Marseille,doivent,au plus tôt,introduire une dose de durée, et même d’histoire,dans leur raisonnement,et bien vouloir considérer qu’à Marseille,il y a eu (et il y a)le defferrisme,alors qu’à Paris,Lyon…(à noter d’ailleurs une bonne page sur le defferrisme,celui de Gaudin,et le clientélisme,dans le numéro de septembre du Ravi,le journal qui ne baisse pas les bras.). – Ceux qui s’interrogent sur la complexité de la loi PLM,et sa capacité à amplifier la cuisine électorale,pourront au passage noter qu’il s’agit d’une loi conçue et rédigée et présentée par un certain Gaston…Deffère. Je n’ai, par contre, pas boudé mon plaisir et ri tout mon soul à la saillie de celui qui estime que l’absence de tout leader “”socialiste”” marseillais au gouvernement doit être pris comme la preuve ultime de leur nullité (quel humour!).

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  7. stephdemars stephdemars

    Salut les socialos bien le bonjour de la force du 13 ah ah ah

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  8. bramafan bramafan

    le drame de marseille est l’incompetence totale des acteurs politiques ;entre la gauche caviar qui ne respecte pas la loi , l’UMP qui ne trouve que le jeune Gaudin pour representant, les substituts de Teissier qui entre en guerre avec leurs camarades pour des histoires de bateaux Marseille s ‘enfonce doucement non coule.

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  9. Momodu13Anonyme Momodu13Anonyme

    Anonyme de 18h41 je ne comprends pas bien le venin que tu déverses sur Garo Hovsepian.
    Vieux radin ???? Vieux OK, radin ???? Tu voulais quoi? que pendant son mandat il mette dans la poche de tous les habitants du 13-14 1500€ sans qu’ils aillent travailler ? Radin de quoi ????
    La défaite est à mettre entièrement sur le compte de Menucci. Il est détesté , détestable et grossier. Il a voulu placer ses amis en position éligible sur toutes les listes et au final tout le monde a perdu.
    Alors dire que le socialisme est fini , oui que cette idéologie de partage et de social (CMU -AME est dépassée OUI mais vomir sur le mec. Miron n’avait qu’à se retirer et le FN ne passait pas. D’ailleurs Miron il a fini 3ème

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  10. Anonyme Anonyme

    Je pense que le PS a raté une occasion unique de prendre le pouvoir. Beaucoup de marseillais en avait marre de l’immobilisme de Gaudin. Mais après ils ont préféraient garder ce qu’ils avaient, plutôt que de choisir dans ce panier de crabes. Il n’y a qu’à se souvenir du débat entre les deux tours de la primaire. Ces gens se détestaient entre eux, comment leur faire confiance. Au moins avec Gaudin IV ont sait ce que l’on a, pas grand chose à attendre des politiques.

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  11. Anonyme Anonyme

    a momodu13, si mennucci avait voulu mettre et avait pu mettre ses amis il aurait viré le vieux garo et cela aurait été beaucoup mieux.
    quant aux critiques je ne sais si il est radin mais il est surtout incompétent, et n’a jamais fait de campagne et ne sait pas en faire. la seule qui en faisait c’était andrieux lui suivait, il aurait plus honorable de partir à 80 ans et de laisser la place.
    dire que c’est a cause de mennucci que tout a été perdu est très simpliste car il y avait de très nombreux paramètres

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  12. Laurence13001 Laurence13001

    Les second couteaux prennent l’eau et entraînent les quelques militants qui restent sur le Titanic rue montgrand dans l’espoir de se refaire la cerise sur une liste future…
    En ce qui me concerne je ne voterai plus jamais pour cette bande de charlots (sans faire offense à Mr Chaplin bien sur !! )

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  13. Anonyme Anonyme

    je pense que mennucci et ghali ont tues le ps a marseille ,le prochain episode c”est la dèfaite de ghali aux senatoriales et le coup de grace serait l’inégibilitè qui tomberait comme un coup de grâce pour toute cette géneration de gameleur de la politique

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  14. Anonyme Anonyme

    on aura tout vu dans cette campagne, quelle médiocrité.

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  15. citoyen de l'Estaque citoyen de l'Estaque

    J’espère que nos élus locaux socialistes, s’ils ne se sentent pas responsables dans cette cagade politico-administrative, sont bien quant eux à jour et transparents devant l’administration fiscale et notamment pour leur déclaration d’impôts …. L’actualité nous montre que malheureusement, dans leur sphère, la réalité dépasse parfois la fiction. Aussi, comme certains, et pas des moindres, nous ont montré leur stupéfiante détermination à s’accrocher à leur siège, je crains que nous pourrions encore connaître des surprises car l’avidité et le pouvoir restent le seul dénominateur commun de leur engagement politique.
    Le localisme avéré mené par les représentants actuels du PS, éloigne dangereusement le citoyen de ses responsabilités.

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  16. jelajouemodeste jelajouemodeste

    et dire que certains étaient des “pros” de la politique…parce que la politique c’est un monde de pro, pas d’amateurs ! On parle de quel professionnalisme ? Aujourd’hui la réponse est faite ! Il faut avoir de l’expérience sans doute mais surtout de la rigueur, mais il faut d’abord de l’humilité pour construire des relations de confiance…et la configuration des 8 secteurs rend indispensable ce préalable. Au PS, nus le savions, il n’y avait que cynisme et mépris entre les têtes de liste…heureusement la roue tourne…et si cela est bien mérité, je reste convaincu que c’est un énorme gachis et les conséquences sont lourdes pour l’avenir de la gauche à Marseille…Le PS marseillais est il de gauche…c’est un autré débat !

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  17. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Le Canard Enchaîné de ce mercredi revient sur cette affaire :

    “(…) les huit têtes de liste aux municipales (…) viennent de prendre connaissance de l’ébouriffant courrier qui leur vaut d’être sous la menace d’un rejet de leurs comptes de campagne. Il émane de leur cabinet d’experts-comptables, la Sofideec (…).
    Le 6 juin, avec six jours de retard sur la date butoir, ce cabinet a adressé à la Commission nationale des comptes de campagne huit comptes rectificatifs.
    « Des problèmes de ressources humaines ont fortement déstabilisé l’équipe chargée des comptes de campagne », explique, dans une lettre jointe, la Sofideec. Et de détailler les dégâts : « écritures comptables mal saisies », « absences dans les justificatifs des dépenses », etc. Résultat : « une qualité de travail fortement amoindrie. Les comptes les plus fortement impactés ont été ceux de Marseille ». Ce qui, au passage, laisse supposer que la Sofideec a pu sévir ailleurs en France. Cambadélis va jubiler.
    Les socialistes marseillais aussi : l’expert-comptable, payé 8000 euros par candidat (pour un total de 64 000 euros), ne les a jamais, disent-ils, avisés de cette plaisanterie.
    Dans sa lettre à la Commission, la Sofideec présentait ses « excuses les plus sincères devant cette situation ».
    (…)”

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  18. Anonyme Anonyme

    Heureusement qu’ils n’ont pas gagné Marseille!!! Quand on n’est pas capable de gérer un compte de campagne, on ne peut certainement pas gérer un budget communal. Quand on n’est pas capable de s’entendre pendant une campagne électorale, quid de l’entente pendant le mandat? Gaudin va finir de tuer Marseille en 6 ans mais Mennucci l’aurait enterrée.
    Finalement, une seule solution pourrait nous sauver: la mise sous tutelle de Marseille, le recentrage sur ses missions obligatoires à commencer par les écoles!!!

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